Plus qu'un bras de fer, c'est une guerre d'usure par déclarations interposées, qui est engagée entre le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, et les médecins résidents. Les uns menacent, le ministre réplique et entre-temps, les malades trinquent et l'image de la santé algérienne en prend un sérieux coup. M.Ould Abbès a déclaré, jeudi à Alger, que la menace des médecins résidents, en grève depuis plusieurs semaines, d'aller vers une démission collective n'avait «aucun sens» et même qu'ils en seraient «les seuls perdants». «Aller vers une démission collective n'a aucun sens, ils (les médecins résidents) seront les seuls perdants», a affirmé devant la presse, le ministre de la Santé, en marge d'une séance de questions orales au Conseil de la Nation, tout en les rappelant, une nouvelle fois, à la raison et à la sagesse. Le ministre a indiqué, à cet égard, qu'il devait se réunir jeudi après-midi avec son homologue de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, les cadres des deux ministères, le doyen de la Faculté de médecine, et des représentants des médecins résidents. Cette réunion, a-t-il précisé, va porter sur les problèmes soulevés auparavant, et l'application de ce qui a été décidé par la réunion des doyens à la conférence nationale tenue la semaine dernière. Les revendications des médecins résidents sont «légitimes», notamment en ce qui concerne les indemnités, les conditions de travail ou le volet pédagogique, a précisé M.Ould Abbès, tout en rappelant que l'abrogation du service civil obligatoire, quasiment la principale revendication de ces médecins spécialistes, n'était pas du ressort du ministère de tutelle. Il a ajouté que le service civil n'était pas «une punition» mais qu'il relevait du «devoir de solidarité», et «ça ne veut pas dire qu'il (le service civil) va durer éternellement, même si ça demande du temps» pour l'abandonner, a-t-il dit. A titre d'exemple, il a cité l'annulation en 1993, du service civil imposé jusque-là aux médecins généralistes, mais après que les pouvoirs publics se soient assurés d'une bonne couverture sanitaire nationale. «Dans deux ou trois ans peut-être, progressivement, nous n'aurions pas besoin du service civil pour les médecins résidents», a assuré M.Ould Abbès, réaffirmant que les résidents protestataires étaient «les bienvenus pour un dialogue ouvert et transparent sans toutefois imposer quoi que ce soit», à leur tutelle, a-t-il prévenu. En grève illimitée depuis le 28 mars, les médecins résidents menacent depuis hier mercredi, d'une «démission collective» si aucun accord n'est trouvé avec la tutelle sur la prise en charge de leurs revendications. Ils ont fait part, par la voix d'un porte-parole du Collectif autonome des médecins résidents algériens, Taoufik Yellès, de leur détermination à investir la rue et à poursuivre leur grève jusqu'à ce que leurs doléances soient prises en charge. Le ministre de la Santé avait procédé, en mars dernier, à l'installation de trois commissions nationales regroupant des représentants du ministère de la Santé et les délégués du Collectif des médecins résidents. Ces derniers s'étaient retirés de ces commissions en raison du «rejet» de leur principale revendication, à savoir l'abrogation immédiate du service civil obligatoire, qui les oblige à travailler dans des zones dépourvues de couverture sanitaire suffisante au détriment, disent-ils, de leur confort de de vie et de leur équilibre familial. Le doyen de la Faculté de médecine, M.Arrada Moussa, avait, de son côté, appelé les médecins grévistes à reprendre les cours afin d'éviter l'année blanche.