Gaddafi continue, alors que la bataille finale pour la prise de Tripoli par les insurgés est engagée, à traiter ces derniers de «rats sales et puants, traîtres qui se sont mis au service de Sarkozy et des Croisés de l'OTAN». Je suis au jour le jour les évènements en Libye depuis 6 mois sur les chaînes satellitaires (Al-Jazeera International et Al-Alam) et j'ai vu dans les rangs des insurgés de jeunes Libyens tout à fait ordinaires et normaux, dont beaucoup étaient des cadres qui ont quitté leur travail pour participer à la lutte contre Gaddafi et son armée. Ils sont inexpérimentés mais résolus et décidés à en finir avec celui qu'ils ont toujours considéré comme un tyran. La guerre, ils ne l'ont pas choisie; c'est Gaddafi qui l'a imposée, appelant ses sbires à en finir avec les «rats». Malheureusement pour lui, les «rats» vont finir par le déloger de son trou comme un rat! Son inconscience – de même que celle de ceux qui le soutiennent – est proprement ahurissante et dénote une déconnexion totale de la réalité. Cet homme est prisonnier de son délire. Il aurait pu, dès le départ, éviter toutes les épreuves qu'il a fait subir à son peuple et la destruction de son pays, en acceptant de dialoguer avec les insurgés et en les traitant tout simplement comme des êtres humains et non comme des «rats». Ce sont pourtant des Libyens, comme lui, et tout ce qu'ils ont demandé c'est la démocratie et le droit de décider de leur sort en toute liberté. Mais Gaddafi considère la Libye comme sa propriété privée, qu'il compte léguer à ses enfants. Hélas pour lui, tous ses calculs se sont avérés faux. Ne vous laissez pas influencer par sa propagande pseudo-nationaliste et pseudo-révolutionnaire. Un homme qui préfère engager son pays dans une guerre civile plutôt que de céder le pouvoir qu'il détient sans partage depuis 42 ans ne mérite aucun respect. Un homme qui dit ne détenir aucun pouvoir et qui envisage de laisser le pouvoir à son fils, qui parle déjà comme un chef d'Etat alors que personne ne l'a élu, ne mérite aucun respect. Pour ma part, j'ai plus de respect pour ceux qu'il appelle les «rats» et j'ai confiance en leur capacité à ramener rapidement la paix et la concorde en Libye, une fois Gaddafi et ses sbires partis. Après les Tunisiens, les Egyptiens, les Yéménites, les Bahreinis, les Libyens et les Syriens, je crois que ce sera inéluctablement au tour des Algériens de décider s'ils veulent continuer à vivre éternellement sous la botte des généraux et de la clique qui les soutient ou relever le défi et s'engager sur la voie de l'honneur et de la dignité. La liberté ne se donne pas. Cordialement Lectures: 7