Le mouvement de redressement et authenticité du FLN a entamé, hier à la salle des fêtes Les Crêtes, à Draria, sa conférence nationale des cadres pour débattre des réformes politiques promises par le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika. Cette réunion, qualifiée par les observateurs, d'«université d'été bis», durera deux jours et verra la participation de plus de 300 personnes venues de toutes les localités du territoire national. Ce conclave des redresseurs du FLN a été autorisé par le ministère de l'Intérieur et a été mis sous haute surveillance sécuritaire assurée par la DGSN et la Gendarmerie nationale. Un cordon de sécurité a été installé autour de la salle par les forces antiémeute de la gendarmerie. Tous les accès menant à la salle des fêtes ont été bouclés et interdits à la circulation des passants et des automobilistes. «Nous craignons les baltagia de Belkhadem qui tente de torpiller notre conférence, des gens ont été payés pour venir empêcher la tenue de ce rassemblement», confie un des organisateurs. Pour preuve, des incidents ont eu lieu avant la tenue du rassemblement. «Ce matin, le fils de Belkhadem, Chawki Zakaria, en compagnie de deux personnes à bord d'un véhicule de l'APN et munis d'un ordre de mission ont été interpellés par les éléments des RG, ils sont venus perturber la tenue de la conférence», nous renseigne Redouane, un des organisateurs. Une information qui nous a été confirmée par un officier de la gendarmerie : «Des rapports ont été rédigés et envoyés à qui de droit.» A l'extérieur, une trentaine de personnes pro-Belkhadem ont observé un sit-in, munis de pancartes et de portraits de Abdelaziz Belkhadem, sous le regard amusé des gendarmes des forces antiémeute. Propositions La cérémonie d'ouverture a été présidée par Salah Goudjil, l'un des membres historiques du FLN, et Rachid Boukerzaza, ancien ministre de la Communication. En préambule, les redresseurs souhaitent que «la priorité soit accordée à l'amendement de la Constitution avant les autres lois organiques» et plaident pour l'instauration d'une «commission nationale compétente, intègre et neutre composée de spécialistes avec l'implication des acteurs-clés de la société», selon les termes du document remis à la presse. Plaidant pour la séparation des pouvoirs, les redresseurs proposent un mandat présidentiel de quatre ans renouvelable une seule fois et l'obligation faite au président de la République de prononcer un discours chaque année devant les députés. Le Premier ministre, aux yeux des redresseurs, devrait être nommé de la majorité parlementaire et devrait se présenter au Parlement chaque semaine pour répondre aux questions des députés. Une manière, selon les initiateurs du document, de séparer les pouvoirs et identifier les responsabilités du chef de l'Etat et du Premier ministre et ainsi «éviter la monopolisation des décisions». Pas de nomadisme politique Les redresseurs plaident aussi pour la démission du gouvernement six mois avant la tenue des élections «pour éviter l'utilisation des deniers publics pour des raisons partisanes», contrairement aux vœux de Belkhadem. Ainsi que l'écartement des hommes d'affaires de la députation. Toujours sur la même lancée, les redresseurs proposent l'interdiction du nomadisme politique. Concernant le quota des femmes dans les assemblées élues, ils suggèrent l'adoption de listes locales et nationales séparées réservées aux femmes dans la limite de la loi, sans toutefois préciser un pourcentage. La libération du champ politique pour permettre la création de nouveaux partis demeure une nécessité et une priorité, selon les rédacteurs du document. Concernant le secteur de l'information, les redresseurs appellent à la libération de l'audiovisuel aux privés, la réactivation du Haut Conseil de l'information, à la fin du monopole de la publicité publique et la levée des restrictions sur les journaux et les magazines. Le document de sept pages soumis à débat fera l'objet d'un réajustement qui sera rendu public ce soir. Zouheir Aït Mouhoub