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L'enjeu des prodigalités budgétaires
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 08 - 10 - 2008


Algerie Politique(www.ffs1963.unblog;fr)
Un budget de 400 milliards pour le Parlement le moins représentatif et le plus docile de son histoire. C'est un chiffre colossal pour une institution qui n'a pratiquement aucune importance sur l'échiquier politique algérien. Puisque Bouteflika l'a vidé complètement de sa substance et l'a transformé en un guichet d'enregistrement.
Qu'est-ce qui motive cette démesure dans les budgets dans les institutions clés du régime?
Le salaire des députés nationaux est triplé au moment où le niveau de vie de la majorité de la population est divisé par un nombre supérieur à trois. Ce vote ressemble à une orgie surréaliste organisée par une bande de psychopathes illuminés totalement coupés des scènes apocalyptiques qui les entourent, où des êtres humains souffrent le martyre. Ils sont sourds aux cris déchirants des gueux que leur envoient chaque jour les journaux. La décision de s'octroyer un salaire démentiel, s'apparente à un véritable pied de nez, fait par les députés de l'union présidentielle, à la face du peuple qui les a dédaignés par son historique abstention lors des dernières élections.
Le parlement des mercantiles sans vergogne, vient de s'offrir et de savourer une sorte de vengeance contre ses propres électeurs et de proclamer fort que ce dédain est partagé. Au-delà de la cupidité de ces homes et femmes de cette institution, n'y a-t-il pas des facteurs exogènes qui les ont poussés à adopter leur loi scélérate? Pourquoi le Pouvoir s'était-il tue?
La tyrannie, du feu Boumediene de laquelle est issu, son “excellence”, Bouteflika, n'aurait jamais toléré une telle prévarication institutionnelle qui va marquer profondément la mémoire des Algériens. Malgré sa dictature, l'histoire a retenu que le dévouement, du président Boumediene, pour les pauvres et pour l'Algérie profonde était indéfectible et étaient derrière tous les programmes économiques qu'il a imposés par la force. Malgré notre désaccord sur ses programmes économiques, malgré notre protestation contre sa dictature qui nous a conduits à ce que nous vivons aujourd'hui, l'honnêteté nous oblige à lui rendre un hommage qu'il mérite indiscutablement pour sa droiture, pour son esprit d'équité et pour sa volonté infaillible à faire sortir les Algériens de l'état d'indigence matérielle et culturelle dans laquelle l'a réduit le colonialisme. Oui, sans aucun doute, le geste ignoble que vient de commettre nos députés, était inimaginable au temps d'un président de la trempe de Boumediene.
D'aucun dirait autre temps, autres mœurs. Bien sûr, bien sûr,.mais l'ironie de l'histoire est que le plus proche et le plus fidèle compagnon de Boumediene, celui qui a partagé avec lui le même parcours et le même combat contre notamment le sous-développement et la misère en Algérie comme dans le monde entier, celui-là même qu'il a accompagné à sa dernière demeure, celui-là même qui a présidé ses obsèques et prononça, avec une voix grave et tremblante, les larmes aux yeux, le célèbre discours d'adieu, celui-là même qui très affecté par cette disparition, fit solennellement le sermon de poursuivre l'œuvre de Boumediene, pour atteindre un monde meilleur et juste et promit de continuer le combat contre toutes les formes d'injustices que vivent les Algériens, eh bien ,celui-là n'est autre que celui qui occupe, aujourd'hui la plus haute fonction de l'Etat. Le président Abdelaziz Bouteflika dans toute sa splendeur. C'est lui maintenant l'homme fort du régime. Théoriquement? Assez en tout cas pour infléchir certaines graves dérives qui feraient retourner dans sa tombe son défunt maître à qui il doit toute sa carrière politique.
Imbu de sa personne, maniant le verbe et l'art de la reparti, juché sur perchoir présidentiel, protégé par un populisme cousu sur mesure par sa propagande, intouchable par ses détracteurs dans les médias publics, flagornée par une élite rompue à l'art de la prostration politique, notre justicier de la première heure n'a pas daigner bouger le petit doit contre spectacle funeste qui s'est produit au parlement devant nos yeux incrédules. Pas un seul mot qui condamne ou justifie les 33 millions par mois. Qui ne dit mot, consent et peut même être le discret chef d'orchestre.
Il est clair que notre justicier a définitivement tourné casaque à ses principes et à ses anciens combats. Il a pris goût aux voluptés exquises que procure le pouvoir absolu. Et pour le préserver, il n'hésite pas à graisser la patte à ceux qui ont une possibilité institutionnelle ou les moyens adéquats…de le lui enlever. Tripler le salaire des députés et tripler le budget de la défense, entrent en ligne directe dans sa stratégie de la consécration de la “Ouhda talita”. Cette tactique a déjà été éprouvée avec succès lorsqu'il distribuait bruyamment d'épaisses enveloppes aux wilayas lors de sa dernière élection. Il a programmé des visites d'inspection avec bains de foule et de longs salamalecs, qui ressemblaient à des compagnes populistes déloyales précédant la campagne électorale officielle. Si notre président est contraint de geler les principes qui ont animé sa jeunesse, c'est qu'aujourd'hui, il passe par une phase très délicate qui nécessite justement la “clairvoyance” de nos députés et nos généraux. Alors, vous comprenez pourquoi ces derniers ont mis la barre très haute.
Mais que cherche, Bouteflika, derrière un troisième mandat? Lui qui s'approche d'un état de sénilité qui fera de lui un pantin manipulable par son entourage comme un certain Bourguiba. Jamais deux sans trois vociféreront ses encenseurs? De quoi parlent-t-ils, de deux mandats ou de deux échecs? Court-il après un succès au niveau économique et historique qui viendrait consolider son image de grand dirigeant politique et susciter enfin la reconnaissance non pas seulement par ses courtiers de circonstances acquis d'avance, mais par les vrais hommes politiques; ceux qui ont fait et écrivent l'histoire? Je crois que sur ce plan là, il court pitoyablement, depuis longtemps, après un mirage. L'échec cuisant de13 ans d'un système socialiste moribond, suivi de 2 mandats d'une économie de bazar, que lui-même vient de qualifier, toute honte bue, de fiasco et d'erreur de jugement sont encore vivaces. Le plus affligeant dans l'histoire c'est que la malédiction des échecs qui le poursuit frappe en même temps tout un peuple.


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