Il y avait foule hier au tribunal d'Oran pour le procès du jeune Karim Siaghi, chrétien, qui risque une peine de 5 ans de prison et une amende de 200 000 DA, pour «prosélytisme». Dès la matinée, une cinquantaine de personnes s'étaient réunies devant le tribunal pour exiger l'annulation pure et simple de la peine et le respect de la liberté de conscience. Dès l'ouverture de l'audience, à 13h, une forte pression s'est exercée sur les magistrats qui, selon Mustapha Krim, président de l'Eglise protestante d'Algérie, «ont fait preuve d'écoute et de compréhension au suivi des témoignages. Nous espérons la relaxe totale». Le verdict est prévu pour le 1er décembre prochain. Par ailleurs, un sit-in s'était tenu mercredi à Alger, au niveau du ministère de la Justice, réunissant un peu plus de 60 personnes : les membres de la famille Siaghi, ainsi que les avocats des prévenus, des représentants de l'Eglise protestante d'Algérie, le pasteur Hanafi Idiri de l'Eglise Adventiste d'Alger, des militants des droits de l'homme, des anonymes, tant chrétiens que musulmans. Un des membres de la famille de Karim Siaghi a tenu à s'exprimer sans ambages : «Je dénonce cette condamnation à 5 ans de prison ferme et cette amende de 200 000 DA pour ‘‘pratique d'un culte non musulman''. Nous espérons une annulation pure et simple de cette décision de justice.» Le collectif de soutien à Karim Siaghi, qui avait déjà contacté les avocats à Oran, a estimé que «les accusations n'ont aucun fondement. Non à une justice idéologisée ! Oui aux libertés individuelles fondamentales conformément à l'article 36 de la Constitution. Cette décision de justice est anticonstitutionnelle et arbitraire. Karim est une nouvelle victime de la loi de 2006. Les faits ne sont pas prouvés. Ce qui est surtout aberrant et injuste, c'est que celui qui l'a dénoncé était absent au tribunal.» Outre des chrétiens, des musulmans sont venus nombreux, pour exprimer leur solidarité à l'égard de Karim Siaghi. Vêtue d'un hidjab, Selma, étudiante, est venue pour exprimer son ras-le-bol de toute forme de discrimination. «Qu'un Algérien soit juif ou chrétien, il a le droit de vivre comme n'importe quel autre qui est musulman. Un chrétien a totalement le droit d'offrir une Bible, tout comme un musulman a le droit d'offrir un Coran. Auparavant, ce type d'affaire avait surtout lieu en Kabylie, maintenant, ça se déroule à Oran, et après ça se passera où ?» s'interroge-t-elle. Noël Boussaha