Vendredi 16 décembre à 19:32 La pénurie de médicaments, utilisés notamment dans le service de diabétologie et le pavillon des urgences, qui dure depuis plusieurs semaines, touche plusieurs hôpitaux et autres structures des Centres hospitalo-universitaires (CHU). En effet, le service de diabétologie du CHU Mustapha enregistre un manque de produits «nécessaires et indispensables» au patient touché par cette maladie chronique. Lors de notre tournée hier dans ce service, on a constaté que l'insuline «lente», à savoir l'insuline NPH, débute son action une heure après l'injection. Sa durée d'action est de 16 à 20 heures. Ce sont des insulines très remarquables lorsqu'elles sont injectées le soir au coucher pour «désucrer» la nuit jusqu'au lendemain matin». Produites par Saïdal, elles manquent tout comme le sérum glucosé à 10,15 et 30%, introuvable. Il est à noter que ces dosages de sérum sont nécessaires pour le remède du diabétique hospitalisé pour hypoglycémie sévère. Selon le responsable des stocks, le service reçoit un nombre «restreint» de NPH, contrairement à l'insuline rapide qui est disponible. On a constaté le même problème dans le service de diabétologie du CHU Lamine Debaghine de bab el Oued, où l'insuline retard «NPH» était distribuée avec parcimonie. Si par malheur le flacon de NPH se casse «le diabétique tombe en panne». En outre, les seringues d'insuline de marque micro-fine, présentées sous les trois formats 0,3 ml, 0,5 ml et 1 ml et qui sont graduées à intervalle de une à deux unités et conviennent aux doses de 30 à 50 unités et plus manquaient aussi dans les deux services de diabétologie. Dans les pavillons des urgences, les intranules et les épicraniennes étaient aussi en pénurie. Par ailleurs, au niveau des pavillons des urgences (médicales et chirurgicales) de l'hôpital de Kouba, très sollicité par les patients, on a constaté que le «perfalgan-paracétamol» indiqué dans le traitement de courte durée des douleurs d'intensité modérée, en particulier en période post-opératoire et dans le traitement de courte durée de la fièvre lorsque la voie intraveineuse est cliniquement justifiée par l'urgence de traiter la douleur ou l'hyperthermie et/ou lorsque d'autres voies d'administration ne sont pas possibles, n'était pas disponible également. Il est à noter aussi qu'un seul flacon d'insuline rapide est disponible et utilisé pour tous les patients qui se présentent au pavillon des urgences pour hyperglycémie, à savoir malades hospitalisés et externes. Le manque de réactifs bloque les analyses Au niveau de quelques laboratoires d'analyses médicales situés dans les CHU visités, on a constaté que les rendez-vous de prélèvements sont reportés jusqu'à 2012 pour manque de réactifs, substances introduites pour prendre part à une réaction chimique dans la microbiologie et la biochimie. En effet, les hôpitaux font face, depuis quelques semaines, à une grosse rupture de stock de médicaments essentiels. Des interventions chirurgicales, des examens radiologiques ( le téléthorax était en panne à la radiologie de Mustapha), des analyses médicales spécialisées et des cures de radiothérapie sont reportées à des dates ultérieures pour «rupture de stock et pénurie de médicaments». En outre, les cancéreux souffrent aussi du manque de médicaments destinés à ralentir l'évolution de leurs lésions. Auprès du service d'oncologie du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC), il est fait état de la crainte, si le blocage et le manque de médicaments nécessaires persistent, de se voir délivrer des médicaments périmés, sachant que de «nombreux patients sont en attente de leur traitement». Plusieurs produits seront encore en rupture et il sera difficile de s'en procurer, comme la Colimicyne 1 MUI, poudre et solvant, pour inhalation par nébuliseur. Cet antibiotique est indiqué dans le traitement des infections bactériennes dues aux germes sensibles à la colistine chez les patients atteints de mucoviscidose, notamment le traitement précoce de la primo-colonisation à pseudomonas aeruginosa, en relais d'une cure d'antibiotiques administrés par voie intraveineuse et des infections pulmonaires chroniques dues au pseudomonas aeruginosa, qui se fait désirer vu son prix excessivement élevé. A ces produits hospitaliers qui se font rares s'ajoute une longue liste d'autres médicaments. A la question de savoir quelle est la cause ou le facteur déclenchant de la rupture, la majorité des spécialistes ont indiqué que «les commandes ont été lancées en retard, ce qui a généré des ruptures de stock de médicaments constatées chez les fournisseurs et les fabricants, ainsi que des pénuries dans les hôpitaux et les pharmacies. Des blocs chirurgicaux sans oxygène Autre anomalie dans la gestion de la crise du médicament, les professionnels du secteur, publics et privés, affirment que les retards enregistrés dans l'importation des médicaments et des appareils médicaux, comme les machines de radiothérapie, sont dus aussi à l'instauration depuis 2009 de la lettre de crédit comme unique moyen de paiement des importations. A Blida, de nombreux cancéreux en attente d'une intervention chirurgicale au centre anticancéreux sont désespérés. Ils seraient ainsi des centaines de patients atteints de différents types de cancers à être inscrits sur une longue liste de patients devant subir une intervention chirurgicale. Selon les spécialistes du bloc opératoire, l'arrêt des actes chirurgicaux depuis quelques jours faisait suite à une rupture de stock en oxygène dans le centre. Le hic est que l'oxygène qui fait défaut au niveau du bloc chirurgical est disponible dans d'autres services hospitaliers qui n'en ont pas un besoin aussi vital qu'en chirurgie. De son côté, l'administration a indiqué que la rupture n'est pas liée à une insuffisance de production d'oxygène médical, mais au manque de discernement de la part du fournisseur, qui n'établit pas de priorités en matière de livraison, précisant que les blocs chirurgicaux ne doivent en aucun cas endurer une rupture de stock de ce produit. M. C.