Quand en 1986 des ministres, les barons du FLN post 1962, l'UGTA et des piques assiettes incolores s'étaient relayés pour nous dire « l'Algérie va bien », nous étions au bord de la faillite. Le club de Paris avait racheté au rabais une partie de la dette extérieure pour nous la revendre au tarif du marché noir mais surtout pour tenir nos dirigeants par les choses du ventre en étranglant l'économie nationale. Quand en 1988 Chadli Bendjedid nous avait ressassé le même slogan avarié du « Tout va bien », nos usines manquaient de matières premières et de consommables, l'Algérie n'était plus en mesure de payer les intérêts de la dette, nos ministres craignaient d'appliquer les conditions insupportables du FMI, il y eu le 5 octobre, douze années de tueries, de destruction, de pillage, plus de deux cents mille morts, plus de cent millions de dollars de dégâts matériels, des dizaines de milliers de familles déchirées, l'exode rural, la fuite des cerveaux, des bébés brûlés, des filles violées. Une guerre civile qui ne disait pas son nom. Le 13 décembre 2011 j'ai entendu un bref extrait du plus court discours jamais prononcé par un Chef d'Etat. Venant de Bouteflica et spécialement à l'occasion de l'ouverture de l'année universitaire, il y a de quoi se poser des questions. Je n'ai retenu qu'une seule phrase de sa déclaration et jusqu'à présent je suis saisi par la peur d'un nouveau malheur dans notre pays. - L'Algérie va bien, avait-il clamé avec le peu de force qui lui reste comme si lui même ne croyait pas à ce qu'il disait. Ce qui m'effraie c'est, qu'avant lui, Ouyahia , Abdelmadjid S. Said, Belkhadem du Fln frelaté, plusieurs ministres, députés, sénateurs et piques assiettes ont chanté ce refrain et ne répètent que cela comme en 1988. Toute la « nomenklatura », tous les parasites se gargarisent avec cette terrible sentence : « l'Algérie va bien ». Cela me donne des millions de raisons de trembler pour mon pauvre pays. En premier lieu cela fait 40 ans (quarante ans) que les barons du régime de la rente nous balancent ce message rassurant par l'intermédiaire de l'UGTA, du Fln poste 1962, des anciens moudjahidine vrais et faux confondus, des moukharibine à col blanc, des piques assiettes toutes obédiences confondues (socialistes, communistes, islamistes, conservateurs, khobzistes). Pourquoi ai-je écrit « rassurant » au lieu d'écrire « qui se veut rassurant » car cette fois il nous est transmis à un moment où tous les clignotants sont au rouge. Forcément nous avons peur. Nous avons très peur. Nous nous disons qu'en choisissant cette période particulièrement dure pour nous assommer avec son énergique » l'Algérie va bien » Bouteflika est soit hors champ soit il nous prépare à des souffrances plus insupportables. Voyez ce qui se passe chez nous dans trois secteurs seulement pour vous épargner un lourd traumatisme. La mauvaise gestion du ministre de la santé Ould Abbès tue les malades dans nos hôpitaux : pénurie de médicaments et de réactifs, longues pannes des appareils de radiologies, absence de spécialistes dans beaucoup de centres hospitaliers. Ce qui retarde de plusieurs mois l'établissement d'un diagnostic sérieux et l'application d'un traitement adéquat. Nous avons vu des médecins consciencieux s'arracher les cheveux parce qu'ils pouvaient bien soigner les malades qui sont morts entre leurs mains. L'Algérie importe presque tout ce qu'elle consomme tout en disposant de tous les moyens de s'autosuffire en produits essentiels. Le ministre Barkat a distribué des centaines de milliards à des pseudo agriculteurs qui n'ont rien planté et pour les récompenser le gouvernement a épongé leurs dettes. Ce qui n'a jamais été fait dans aucun pays au monde. Copiant les gouvernants français en panne d'idées de relance, nos gouvernants ont créé des milliers d'emplois improductifs pour gonfler artificiellement les statistiques dans la case positive. Pourtant l'Algérie est encore vierge. Avec une véritable volonté politique de libérer les initiatives et d'investir en l'homme il y a des milliers de possibilités de réduire à néant le chômage, la pauvreté et les disparités régionales. Mais peut on construire une grande nation avec les esprit rétrogrades, régionalistes ou tribaux ? Peut on construire une grande nation avec des médiocres, des incompétents, des béni oui oui, des éfélénistes pervertis, des députés et des sénateurs formatés, des faiseurs de h'rouz aux postes de ministre , de député, de sénateur, de wali, de maire ? Ce sont malheureusement ces gens là qui n'arrêtent pas de chanter » l'Algérie va bien » et s'ils vous entendent prétendre qu'elle pourrait aller mieux ils vous accuseront d'être à la solde d'une puissance étrangère ou d'être un batard de la France. Et notre président n'aime travailler qu'avec cette catégorie d'Algériens. Mais pourquoi Bouteflika a t-il fait comme eux en sachant que le pays est paralysé par le FLN post 1962, le RND de Ouyahia et le MSP de Boudjera Soltani. Oui j'ai très peur pour mon pays car un chef d'Etat lucide ne peut pas voir du gris charbon et affirmer péremptoirement qu'il ne voit que du blanc neige en se faisant applaudir par des centaines d'invités. Même si ceux-ci ont été triés sur le volet. Hocine Mahdi Le 18 décembre 2011