Lu, vu, entendu… Mohammed HusseinTantaoui était le chanceux officier que Hosni Moubarak, avant de partir, avait chargé de gouverner l'Egypte en attendant que le calme reviennent au pays. Le même M.H. Tantaoui est l'intérimaire patenté qui, la veille de la destitution stratégique du dictateur, s'était rendu de toute urgence chez l'empereur Barack Obama pour prendre sa feuille de route qui se résume en quelques mots : ravaler la façade du régime, ne rien réformer en profondeur, sauvegarder les relations militaires et économiques avec le régime sioniste d'apartheid contre la promesse des USA d'augmenter l'aide financière et diplomatique. Mais la jeunesse de la place Tahrir ne s'est pas endormie sur les premiers bourgeons des lauriers. Elle visait bien au delà de la chute du dictateur. Ses objectifs dès le début étaient et restent la disparition de tous ce qui représente le régime honni. Ceci n'est qu'un rappel pour les amnésiques qui sont très nombreux. Le jour où la place Tahrir l'a forcé de changer de gouvernement l'inamovible maréchal avait pris l'engagement de rétrocéder tous les pouvoirs à sa vieille connaissance Kamal el Ganzouri qui avait déjà exercé sous le président déchu. Le lendemain matin changement de programme : le maréchal Mohammed Hussein Tataoui décide de confisquer deux ministères de souveraineté : la défense et la justice. Soyons un peu logiques et réalistes : Pour un militaire de carrière désigné par l'ancien dictateur à la présidence provisoire il est vital de ne pas lâcher les commandes de toutes les armées et les services annexes. Mais pourquoi lier le ministère de la justice à celui de l'armée sans autoriser le parlement et le gouvernement de mettre leurs nez au faramineux budget du ministère de la défense ? Curieuse manière de remettre le pouvoir aux civils, n'est-ce pas ? Question en verité superficielle car les raisons du maréchal Tantaoui ne sont un mystère pour aucun politicien égyptien. En effet Tantaoui avait annoncé la couleur aux premiers jours du procès de Moubarak. Il avait délibérément menti aux juges pour innocenter son ex patron quant à l'assassinat barbare de centaines de manifestants désarmés. Un parjure flagrant car quelques semaines avant de mentir aux juges il avait déclaré publiquement que Moubarak lui avait ordonné de tirer sur les insurgés et qu'il avait désobei. Serait-ce un coup de vantardise pour se faire valoir aux yeux des manifestants ? Non. Selon nos observations et notre point de vue Tantaoui n'a nullement l'intention d'autoriser une justice indépendante de fouiner dans les affaires malodorantes des piliers du « moubarakisme » et de son armée car un grand nombre de cette mafia politique est encore en poste et espère le rester tant que la caution diplomatique US couvrira le pouvoir militaire en s'accommodant des islamistes dits « modérés » qu'un bon nombre de citoyens a plébiscités. Faut-il s'en alarmer pour autant ? L'inquiétude est de mise mais la jeunesse de la place Tahrir est très vigilante. Cette jeunesse a trop souffert et a pleuré un grand nombre de morts. Elle ne permettra pas aux hommes de Moubarak de se refaire une nouvelle virginité politique en dévorant la chair des martyrs. Nous croyons qu'il est révolu le temps où les charognards et les opportunistes accaparent les fruits des sacrifices des citoyens. Certainement, le séisme de janvier 2011 aura des répliques plus violentes à causes des lenteurs voulues par l'armée dans les actes du changement qualitatif et des tentatives de récupération qui ne manqueront pas. C'est le propre des grands mouvements sociaux apolitiques. Trop de charognards, trop d'opportunistes sont à l'affût de la moindre fissure pour s'infiltrer là où ils n'ont aucun mérite d'être. La jeunesse égyptienne a tiré une grande leçon de la mauvaise expérience algérienne de 1988. Elle ne tombera pas dans le piège. Hocine Mahdi