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Le changement en Algérie peut-il être pacifique?
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 11 - 02 - 2012

La dernière sortie télévisée du vieillard malade qui fait office de président de la république algérienne démocratique et populaire – et que nezzar, l'ex-homme fort du pouvoir militaire illégitime, ne cesse de malmener dans ses écrits, le traitant tour à tour de «vieux canasson», d'«homme sans poigne» et même de« lâche» – vient conforter le sentiment de fin de règne et de pourrissement général qui flotte sur notre pays depuis quelques années déjà.
Le changement, dont l'Appel du 19 mars 2009 avait déjà revendiqué haut et fort la nécessité il y a de cela bientôt trois ans, est donc plus que jamais à l'ordre du jour. L'Appel du 19 mars 2009, de même que la déclaration de création du Front du Changement National qui viendra le compléter en 2011, ont toujours clairement défini ce changement comme étant pacifique. Toutefois, l'idée de changement, qui n'était jusque là qu'un concept théorique plus ou moins bien défini, se vit assigner un contenu concret durant l'année 2011, année de la révolte des peuples du Maghreb et du Machreq contre les pouvoirs despotiques qui les maintenaient en état de sujétion depuis plusieurs décennies. Quatre aspirants-roitelets ont ainsi vu leur monde doré s'évanouir en un clin d'œil et les édifices institutionnels factices, que leurs machiavéliques conseillers en affaires «politiques» et autres experts en intoxication et manipulation des masses avaient laborieusement mis en place au fil des décennies, s'écrouler comme des châteaux de cartes. Surprises par ce brusque vent d'une saine et juste colère, les «masses», au nom desquelles un Benali, un Kadhafi, un Moubarak, un Saleh et un Assad, avaient pris possession de leurs pays respectifs, en faisant des fiefs dont ils pourront jouir à vie en compagnie des membres de leur clan et leurs «mawali» (clients) et qu'ils laisseront à leur descendance après leur mort, ces «masses» dociles et soumises ont pu suivre les événements en direct sur leurs téléviseurs et sur internet, remuées au plus profond d'elles-mêmes, fascinées par les images de la jeunesse révoltée qui occupe les places et les rues, ne craignant ni les forces de sécurité, ni les baltaldjia lâchés sur elle, tels de féroces dobermans, par les chefs des pouvoirs despotiques. Quelque soient les réserves qu'on pourrait formuler à ce sujet, en Tunisie, en Libye et en Egypte, le changement a bel et bien eu lieu, puisque les anciennes forces et personnalités politiques dominantes ont été défaites sous la pression de la rue et que de nouvelles forces et de nouvelles personnalités ont émergé. Même si le chemin à parcourir sera long et semé d'embûches, tout porte à croire que ces pays frères ont maintenant pris la bonne direction, celle de la démocratie véritable et de la dignité retrouvée. Au Yémen, la rue continue de faire pression sur la classe dirigeante, même après le départ de Saleh, et en Syrie, les villes révoltées refusent toujours de se soumettre après une année d'une répression féroce et quasi-quotidienne. La fin du règne du clan des Assad et de leurs clients est elle aussi inéluctable.
Ce changement fut loin d'être pacifique, cependant. Si le peuple tunisien frère s'en tira relativement à bon compte, il n'en fut pas de même pour les Libyens, dont le pays fut dévasté par une guerre civile meurtrière doublée d'une intervention étrangère. Dans tous les cas, ce sont les régimes despotiques en place qui portent la totale responsabilité des pertes en vies humaines et matérielles, car il leur aurait suffi d'accepter l'idée du changement avec courage et sérénité pour épargner à leurs peuples toutes ces souffrances et leur permettre d'aborder une nouvelle ère dans la paix et la fraternité. Dans le monde d'aujourd'hui – celui de l'internet, du téléphone portable et de la télévision par satellite –, aucun pays ne peut être gouverné si le tiers de la population se révolte contre le pouvoir en place et demande son départ pendant des mois. Ne pas comprendre cela, c'est faire preuve d'un aveuglement sans bornes et d'un entêtement suicidaire qui mènera fatalement le pays à la catastrophe. Mais c'est là tout le drame des dirigeants du monde arabe : ils ont une conception du pouvoir qui appartient à une époque révolue, celle des sultans, des deys, des émirs et autres rois aux pouvoirs illimités. La terrible maladie qui frappe ces dirigeants en même temps qu'elle paralyse la masse du peuple devra bien un jour être analysée en détail par nos penseurs afin de trouver le moyen de l'éradiquer à tout jamais.
Alors que les bombes explosent à Alep, fauchant les passants au hasard, et que les communiqués contradictoires attribuant les attentats au pouvoir ou à l'opposition sont diffusés, nous ne pouvons nous empêcher de faire le rapprochement avec ce qui s'est passé dans notre pays à partir d'octobre 88. Oui, en un sens, le peuple algérien a connu son «printemps» avant l'heure, alors que le monde n'était pas encore prêt à le soutenir dans sa volonté de changer les choses. La nouvelle «bourgeoisie d'Etat», constituée de tous ceux qui ont géré le pays sous Boumediene – officiers supérieurs de l'ANP, «politiciens» du FLN et technocrates aux commandes des institutions de l'Etat et du secteur économique mis en place par ce dernier – se vit contester son hégémonie dès les premières années du règne de Chadli Bendjedid. Mais, alors qu'une fraction de la classe au pouvoir s'engagea dans un courageux processus de réformes économiques et d'ouverture politique, le clan militaire dominant prit peur en voyant le FIS remporter les premières élections pluralistes que connut le pays. L'éphémère «printemps» démocratique se transforma alors en tragédie. L'Algérie, engagée dans un processus pacifique de changement et de sortie du système politique autoritaire, rata la marche et se «cassa la gueule».
Vingt ans après, les données du problème ont-elles changé? Aujourd'hui, la confiance entre gouvernants et gouvernés est inexistante et le fossé qui sépare la société de la classe dirigeante immense. Il n'y a pas de recette miracle pour sortir notre pays de l'ornière. Il y a cependant des préalables sans lesquels aucune solution durable n'est possible, en l'état actuel des choses. Deux sont particulièrement importants, car conditionnant tout le reste : remplacer l'Etat-DRS par l'Etat de droit et la rente par le travail. Ces deux conditions constituent à elles seules les bases de tout changement véritable, celui qui permettra à la société algérienne de rompre avec l'échec répété depuis 50 ans, cet échec qui fait ressembler notre pays à un homme qui veut voler et qui essaie toutes sortes de subterfuges pour y parvenir mais qui, après s'être projeté du haut d'une falaise, s'écrase lamentablement au sol à chaque tentative.
Ceux qui ont échoué doivent partir et céder la place à d'autres. Mais partiront-ils de leur plein gré et céderont-ils à des inconnus un pouvoir qu'ils ont conquis par la force et qui leur a permis de bâtir des fortunes colossales? Quand le pouvoir aura changé de mains, les perdants ne devront-ils pas tôt ou tard rendre des comptes sur la façon dont ils ont mené le pays pendant toutes ces années passées? Les futurs représentants librement élus par le peuple algérien ne demanderont-ils pas à la Justice d'enquêter sur les fortunes accumulées et les crimes commis? En l'absence d'une révolution violente qui renversera le pouvoir en place par la force, le peuple algérien pourra-t-il espérer enfin vivre dans un véritable Etat de droit et une véritable démocratie? Les Algériennes et les Algériens pourront-ils espérer voir un jour la Justice jouer pleinement son rôle et les responsables civils et militaires rendre des comptes de leur gestion et de leurs actes? Pourront-ils un jour se sentir vraiment libres dans leur pays, n'ayant à craindre nul arbitraire, pouvant exprimer librement leurs opinions et dénoncer toute malversation ou atteinte aux droits de la personne sans se voir kidnappés en plein jour et séquestrés dans les locaux de la police politique? Pourront-ils un jour bénéficier de tous les bienfaits de la démocratie et de l'Etat de droit sans avoir à payer pour cela un prix excessif? La classe militaro-bureaucratique qui règne sur le pays depuis l'indépendance et qui a renforcé son pouvoir politique et sa domination économique au fil des ans, maintenant la société prisonnière d'un vaste réseau dont la mission première est de domestiquer ou de neutraliser à la base toute forme d'opposition, le permettra-t-elle? Se laissera-t-elle facilement dessaisir de tous les leviers de commande qui lui permettent d'accéder librement à la rente pétrolière et de jouir de tous les privilèges pendant que le petit peuple se bat quotidiennement contre le chômage, la crise de logement et la vie chère tout en étant accusé par ses «élites» d'être veule, vénal, indiscipliné, fainéant et médiocre?
Le changement pacifique ne serait-il donc qu'une lubie née dans les cerveaux de quelques révolutionnaires ratés? Le doute est certes permis. Il n'en demeure pas moins que cela reste une option réaliste, au vu des expériences vécues par les peuples de notre région et de la fin lamentable des régimes qui se sont obstinés à ignorer les grondements de la rue. Les membres de la classe militaro-bureaucratique au pouvoir doivent aujourd'hui analyser froidement la situation et penser à ce qu'ils pourraient subir eux et leurs familles si notre pays était amené à connaître un soulèvement semblable à celui qu'a connu la Libye. Qu'ils tirent les leçons des erreurs de Maamar El-Gueddafi et qu'ils pensent à sa triste fin et au sort de sa famille. Il ne faut pas se leurrer : les assassins et les tortionnaires devront répondre de leurs crimes et rien ne pourra les soustraire au châtiment qu'ils méritent. Hormis ces bourreaux qui ont depuis longtemps vendu leur âme au diable, il y a parmi ceux et celles qui forment la classe dirigeante dans notre pays, civils et militaires, en exercice, à la retraite ou en réserve de la République, de nombreux commis de l'Etat qui, bien qu'ayant tiré des avantages certains de leur position privilégiée dans la hiérarchie, n'ont pas dépassé les limites et se sont toujours efforcés d'agir dans la légalité. C'est à eux qu'il revient aujourd'hui d'avoir le courage de se lever et de faire entendre leurs voix. Ils doivent agir avant qu'il ne soit trop tard et peser de tout leur poids afin que cesse l'imposture que notre pays connaît depuis 50 ans. Ils ne doivent plus se faire les complices d'un clan qui a détruit notre pays et qui risque de le livrer encore une fois à la guerre civile et la destruction dans le seul but de préserver sa position dominante et ses privilèges. Leur médiation sera déterminante dans les mois qui viennent et le peuple algérien attend d'eux un dernier sursaut de patriotisme et les appelle à se joindre aux forces saines et sincères de l'opposition véritable, toutes tendances confondues, celle qui refuse l'imposture et la compromission, afin de sauver l'Algérie de la destruction et épargner au peuple algérien les souffrances d'une révolution violente. Il a déjà payé le prix fort durant la colonisation et dans les années 90. Il ne mérite pas une autre tragédie.


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