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Hocine Malti : Le régime algérien veut se faire admettre « au club des amis d'Obama »
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 14 - 03 - 2012


Khaled Ziri
Mardi 13 Mars 2012
Pour Hocine Malti, la politique de Barack Obama en direction du monde arabe, même si elle s'exprime de manière moins abrupte, continue d'obéir au fil conducteur de la « croisade » lancée par George W Bush. Il décrypte dans cet entretien les différents types de « traitement » appliqué aux pays arabes. Pour lui, les « réformes » annoncées par le régime algérien et les élections législatives, n'ont qu'un seul but : se faire admettre au « club » des amis de l'Amérique.
Comment expliquez-vous les différentes positions affichées par les pays occidentaux, face aux révoltes intervenues dans les différents pays arabes ?
La révolution tunisienne semble avoir pris tout le monde de court, l'Occident en particulier, bien que les Etats-Unis aient été plus réactifs. Ils ont accepté le fait accompli et ont accompagné, contraints et forcés, la marche en avant du peuple tunisien. En Egypte, ils ont accompagné puis récupéré le mouvement de révolte en acceptant la destitution de Moubarak, tout en maintenant le même système en place. En Libye, l'Occident a, au nom des droits de l'homme et au prétexte de sauver le peuple d'un massacre programmé, intervenu et soutenu militairement les « rebelles ». Le même scénario est en voie d'exécution en Syrie, avec pour différence, par rapport à ce qui s'est passé en Libye, qu'il n'y aura pas d'intervention militaire occidentale, notamment en raison de l'opposition de la Russie et de la Chine. Ces attitudes différentes de l'Occident démontrent que l'on continue d'être en plein choc des civilisations, que la croisade voulue par George W. Bush continue d'être le fil directeur de la politique d'Obama. Je m'explique : On entend dire ça et là que les Islamistes sont entrain de récupérer le « printemps arabe ». En réalité, ils ne font que cueillir, quoi que l'on en dise, les fruits de leur lutte de plusieurs années, voire de plusieurs décennies dans certains cas. En effet, bien qu'ils n'aient pas été ceux qui ont déclenché la colère du peuple, qui ont mis le feu aux poudres, il n'en reste pas moins que ce sont, bel et bien, les mouvements politiques se revendiquant de l'Islam qui ont fait trembler et donc fragilisé le socle de toutes les dictatures arabes. Face à ce nouveau « danger », la politique de l'Occident consiste à faire avec le changement intervenu tout en le gardant sous contrôle ; c'est le cas de la Tunisie et de l'Egypte. Là où cela n'est pas possible, ils poussent vers la guerre civile, ils créent le chaos ; le but ultime étant de détruire le pays et le ramener plusieurs décennies en arrière. On ravive le système tribal en Libye ou l'opposition chiites-sunnites en Syrie, tout comme on l'a déjà fait en Irak.
Comment voyez-vous l'évolution des choses en Algérie dans ce schéma ? Va-t-on vers une situation à la tunisienne ou à la libyenne/syrienne ?
On semble, pour le moment s'orienter vers un scénario à l'égyptienne. Le pouvoir prépare, nous dit-on, des élections législatives à l'issue desquelles les Islamistes BCBG, ceux qui se sont déjà accoquinés avec le régime en place vont sortir vainqueurs. Ceci avec la bénédiction de l'oncle Sam qui compte sur Bouteflika et les faiseurs de rois du DRS pour faire la mise en scène du film. Le régime nous concocte aussi des « réformes » sur la presse et sur l'exercice d'une activité partisane canalisée selon les canons de la démocratie pour Indigènes made in Washington. L'Empire espère calmer ainsi les ardeurs des Algériens et leur faire goûter les délices de ce fruit défendu qui en feraient des candidats acceptables à l'intégration au Grand Moyen Orient. Ce serait alors une duplication du scénario égyptien. Si cependant les choses devaient se passer autrement, s'il devait y avoir un dérapage, nombreux sont les candidats parmi les « bouliticiens » algériens qui se découvriront des qualités de démocrates qui lanceront des appels à l'Occident pour venir les délivrer des affres de la dictature. L'Algérie se verra offrir alors les services de BHL ou de son clone qui rééditeront « l'exploit » accompli en Libye et nous aurons, nous Algériens, aussi notre CNT, CNS ou CNA. Une telle « assistance » se paye bien entendu. Le coût en sera la création d'une république de Kabylie, d'un Etat indépendant du Sahara, de la principauté de Tlemcen et du royaume d'ATS (Annaba, Tébessa, Souk Ahras)
Comment alors échapper à ce double piège ?
En obligeant le régime à revoir sa copie. En lui faisant comprendre que l'on ne veut pas de ses solutions, en boycottant les élections à venir. L'abstention doit être le mot d'ordre de tous ceux qui aiment ce pays. Que le peuple toutes tendances confondues s'unisse au sein de ces assemblées citoyennes dont nous avons déjà parlées en d'autres occasions. Il faut aller vers une sorte de conférence nationale, une agora à l'intérieur de laquelle toutes les franges et toutes les tendances seraient représentées, qui examinera les voies et moyens de mettre le pays sur la voie d'une démocratie réelle, un pays dans lequel coexisteront et le hidjab et la mini-jupe, un pays dans lequel la rente pétrolière servira au bien-être de tout le peuple. Comment mettre en place une telle structure ? Le régime qui a su organiser par le passé et en différentes occasions des initiatives de ce genre, saura le faire à nouveau pour peu qu'il le veuille et il existe encore, Dieu merci, assez d'hommes intègres dans ce pays sur lesquels il pourra s'appuyer pour aboutir à cette sorte de grand San Egidio bis. Faute de quoi l'Algérie devra continuer à se battre pour se débarrasser du nouveau joug colonial que les Américains voudront lui imposer, tandis que les hommes du pouvoir actuel joueront le rôle joué par le MNA entre 1954 et 1962.
Comment est-il possible de créer ces assemblées citoyennes dans un contexte aussi contraignant imposé par le régime ? Il y a une question de faisabilité qui se pose lourdement. Et pourquoi vouloir à tout prix évacuer les cadres existants qui, malgré leurs défauts ou leurs limites, peuvent être des lieux de débat ?
Comme leur nom l'indique ces assemblées citoyennes ne sont rien d'autres que des forums au sein desquels les citoyens se retrouvent pour échanger des idées et débattre de problèmes politiques, économiques, sociaux, culturels ou autres auxquels fait face la société dans son ensemble. Ces forums se tiennent dans les quartiers, sur les lieux de travail, dans les organisations syndicales, sportives, interprofessionnelles. Ils peuvent être réels ou virtuels. Le club des supporters de telle ou telle équipe de football est une assemblée citoyenne ; l'association des parents d'élèves de l'école du quartier est une assemblée citoyenne ; des blogueurs qui se retrouvent sur internet pour émettre des suggestions ou propositions sur un sujet les concernant, constituent une assemblée citoyenne. L'appellation ne doit pas constituer un obstacle. Il ne s'agit pas de créer un énième parti ou organisation politique dénommés « Assemblées citoyennes ». L'important est que les Algériens se parlent, qu'ils communiquent, qu'ils échangent des idées. Il est également très important que soient représentées au sein de ces forums toutes les tendances que l'on retrouve dans la société elle-même. C'est parce qu'elles ne se sont pas demandé qui était qui, d'où venait le voisin, de quel parti il était membre, de quelle région du pays il était originaire, que les foules tunisiennes et égyptiennes ont réussi à faire dégager Ben Ali et Moubarak. Les blogueurs qui se sont retrouvés sur internet, ne se sont pas non plus demandé quelle était la couleur politique de leur correspondant. C'est en cela que ces assemblées sont différentes des « cadres existants », comme vous dites. Un parti politique a, en général, une orientation déterminée, une couleur déterminée, une ligne partisane que tout sympathisant doit suivre. Et surtout, et c'est cela le plus grand « danger », un parti politique adopte des positions ou fait des alliances électoralistes qui vont dans le sens de ses intérêts, mais qui ne sont pas nécessairement ceux de l'ensemble de la population.
Vous parlez de conférence nationale qu'organiserait le régime. Mais comment éviter que cela ne soit qu'une messe de plus, comme il a l'habitude de le faire ?
C'est en cela que le boycott massif des élections, à venir, est très important. Nous vivons actuellement des circonstances exceptionnelles dans le monde arabe. Nous constatons également une certaine attitude des Etats-Unis vis-à-vis de ce « printemps arabe » : ils tiennent absolument à instaurer au Maghreb et au Moyen Orient ce que j'ai appelé le modèle de démocratie pour Indigènes, qui associerait laïques (eux disent sécularistes) et islamistes au sein de pouvoirs qui doivent, en tout état de cause, rester sous contrôle de Washington. N'oublions pas le discours de Barack Obama d'Al Azhar en 2009, dont le contenu est le fil rouge de sa présidence. La technique semble être plus soft que celle de George W. Bush, mais violente au-delà d'une certaine résistance de la part du pays concerné. Quant au but recherché, il reste le même : contrôler, voire dompter le monde arabo-musulman. C'est en ayant ces éléments en tête que l'on comprend que l'agitation actuelle du régime algérien (élections législatives « libres », « réformes » portant création de partis politiques et sur la liberté de la presse, etc.) constitue, en réalité, pour lui, une préparation à l'examen de passage pour l'admission au sein du club des « amis de l'Amérique, des amis d'Obama ». Il y a donc là une formidable fenêtre de tir qu'il ne faut pas rater. C'est pour cela que j'ai dit qu'il fallait obliger le régime à revoir sa copie. Je suis, pour ma part, convaincu qu'il le fera s'il sait que le boycott sera massif. S'il n'arrive pas instaurer le changement en douceur, que lui reste-t-il comme options ? Continuer selon la même logique que celle suivie jusque-là, auquel cas il ira droit dans le mur et signera son propre arrêt de mort. Il exposera, certes, aussi le pays à subir un sort identique à celui de la Libye ou de la Syrie. Ou alors trouver un autre moyen de sortir de l'ornière, dont celui d'organiser une conférence nationale. Il l'a bien fait en 1994, il peut le refaire aujourd'hui. Le régime sait aussi que, dans ce cas-là et pour être crédible, il devra impérativement s'appuyer sur des hommes intègres n'ayant aucun fil à la patte.
Vous avez fait référence au cas égyptien. La victoire des islamistes n'est pas contestée, même par leurs adversaires et, il est difficile de la présenter comme un résultat de l'action de l'Empire, même s'il l'on peut admettre qu'il puisse faire des arrangements avec les islamistes. Quelle décantation serait possible pour l'Egypte et pour d'autres pays comme l'Algérie, si on rejette les élections.
Je n'ai pas dit que la victoire des islamistes en Egypte était contestable, ni qu'elle était le résultat d'une action de l'Empire. J'ai dit qu'en Algérie, on s'orientait vers un scénario à l'égyptienne, j'entends par là un scénario dont les résultats seraient identiques à ceux de l'Egypte ; à savoir victoire des islamistes adoubés par le régime et, par-delà, par l'oncle Sam (Frères musulmans en Egypte, islamistes en costume d'alpaga, comme dirait l'autre, en Algérie), tandis que le véritable pouvoir reste aux mains de l'armée en Egypte, entre celles du DRS en Algérie. Quant aux élections, celles que personnellement je rejette, ce sont les toutes prochaines qui, si elles venaient à se dérouler sans anicroches, ne feront, à mon avis, qu'accorder un sursis supplémentaire au régime actuel. Que soit installé, via des consultations au sein d'une conférence nationale, un pouvoir provisoire du type de celui mis en place en Tunisie serait à mon avis une bonne chose, à deux conditions : que le DRS revienne à ses prérogatives traditionnelles, c'est-à-dire celles de protéger le pays (espionnage, contre-espionnage) et non pas celles de contrôler la société et le citoyen et que soit établi un équilibre des pouvoirs entre le président de la République, dont le prochain aurait un mandat d'une durée limitée et serait choisi par consensus par cette conférence, et la représentation nationale. A l'issue d'une telle période intérimaire dont la durée reste à définir, il faudra bien entendu, revenir aux urnes.


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