Il y a dans la participation du président Bouteflika aux festivités célébrant le 1er anniversaire de la révolution du Jasmin plusieurs messages à décrypter. S'il est vrai que la Tunisie a été l'élément déclencheur de ce qu'on a appelé le Printemps arabe, il est tout à fait normal que le chef de l'Etat algérien s'implique aujourd'hui dans un processus qui concerne d'abord un pays voisin mais aussi “un pays test”. Pourquoi un pays test ? Parce que d'abord la chute du régime de Ben Ali a permis à la Tunisie de connaître la démocratie, la liberté d'expression et l'élection d'une Assemblée constituante. Ensuite, parce que les changements ont aussi produit des éléments négatifs. La Tunisie a été le premier pays à vivre la montée de l'islamisme à la faveur des premières élections libres et pluralistes, suivi de l'Egypte et de la Libye, et peut-être aussi l'Algérie. Enfin, dans cette nouvelle configuration de la carte géopolitique au Maghreb, Ennahda de Rachid El-Ghannouchi semble susciter l'intérêt de l'Occident qui voit en ce parti un modèle prônant un islam politique modéré et qui déclare respecter l'alternance au pouvoir. Ce qui se rapproche beaucoup plus de l'AKP turc que Paris, Londres et Washington semblent vouloir imposer au monde arabe. La présence du président Bouteflika à Tunis peut signifier celle du grand frère qui a toujours répondu présent dans les moments de crise mais elle pourrait aussi donner un mauvais signal en interne à 4 mois des élections législatives si le chef de l'Etat pouvait être ramené à s'aligner en ce moment précis avec un gouvernement à forte composante Ennahda. Ce qui pourrait donner du crédit à des formations d'obédience islamiste en Algérie en pleine euphorie pré-électorale. Mais on en n'est pas encore là sauf si le Qatar, devenu principal bailleur de fonds des mouvements islamistes dans le Maghreb et principal parrain du Printemps arabe, vient s'impliquer dans l'équation. S. T.