KalimaDZ le 17 mars 2012 A mesure qu'approche le scrutin du 10 mai, le régime algérien se fait de plus en plus pressant. Les citoyens sont littéralement harcelés pour participer au vote. Tout y passe : campagne agressive de SMS, tracasseries administratives exigeant les cartes d'électeurs, inscription de dizaines de milliers de militaires dans le fichier électoral, agréments de dizaines de nouveaux partis politiques issus du sérail, menace du chef de l'état, Abdelaziz Bouteflika dans ses discours, d'une intervention de l'OTAN, menace répétée du premier ministre, Ahmed Ouyahia, d'un retour aux années de terreur, et enfin, le sempiternel complot étranger. Après avoir tout fait, durant de longues années, pour éloigner les citoyens de la vie publique ( syndicale, médiatique, associative) et les désintéresser de la vie politique, le régime, pris à son propre piège, doit en quelques semaines, faire exactement l'inverse : les contraindre à aller voter. S'ils ont effectivement pris leurs distances avec la pratique politique, les algériens, n'en sont pas subitement devenus dupes. Contrairement à beaucoup d'experts et d'hommes politiques, ils ont vite intégré le véritable enjeux de cette élection. Les algériens ont compris, qu'il ne s'agissait pas d'élire une majorité qui gouvernerait le pays, comme cela s'est déroulé chez les voisins, mais juste une vitrine, qui donnera une « légitimité » aux décideurs réels. Ils ont compris que les résultats des partis politique n'avaient aucune importance et que le nombre de députés qu'obtiendront les uns ou les autres serait de toute façon anecdotique. Ils savent parfaitement, que leur choix éventuel, ne changera pas le pouvoir, aux mains d'une poignée de généraux et de la police politique, qui eux n'ont jamais eu besoin de se faire élire par qui que ce soit pour prendre le pouvoir et s'y maintenir depuis un demi siècle. Habitués à boycotter massivement les scrutins, sans que cela ne gène personne, c'est avec un malin plaisir, que les citoyens, observent la nervosité qui s'est emparée des dirigeants, cette fois ci, face au boycott qui s'annonce. Profitant de « l'aubaine », de nombreux citoyens, lors de manifestations de revendications socio-professionnelle, utilisent la menace du boycott pour obtenir gain de cause. Après les partis politiques, des organisations de la société civile appellent également à une abstention massive et active. Ainsi, des mouvements des jeunes pour un changement radical, des syndicalistes, des militants des droits de l'homme, des personnalités politiques amplifient l'option du boycott. Dans les stade, les supporteurs des grands clubs de football, scandent, par milliers, les slogans appelant au boycott, en jurant qu'ils ne voteront pas. Les vidéos sont aussitôt publiées sur la toile et les réseaux sociaux, et s'ajoutent à la campagne qui fait fureur, engendrant vidéos et caricatures en tous genre. La fraude à la « soviétique » n'est plus permise Aux dernières élections, en 2002 comme en 2007, mais aussi et surtout, en 2009 pour le troisième mandat de Bouteflika, la participation n'a à aucun moment dépassé les 18%. A l'époque, les scrutins n'étaient organisés que pour permettre aux médias de filmer et de prendre des photos et aux services de renseignements de connaître, secrètement, le taux réel. Les résultats étaient décidés bien avant, et le ministre de l'intérieur, se contenter d'annoncer les chiffres qu'il voulaient, devant les caméras. Cette pratique ne semble plus être acceptée. Depuis le déclenchement du « printemps arabe », la communauté internationale ne permet plus que les consultations électorales soient fraudées de cette manière. Les puissances occidentales, d'où le régime tire sa seule légitimité, ont besoin de connaître, pour éviter les surprises d'une révolte, la véritable base sociale. La présence des observateurs internationaux, européens, américains et onusiens, n'a pas pour objectif de valider les résultats mais « seulement », si l'on peut dire, de s'assurer qu'ils se rapprocheront le plus de la réalité. De ces résultats, dépendra, en grande partie, l'attitude qu'ils auront avec le régime en place. Une abstention importante, fragilisera davantage le régime face à ses partenaires, qui n'auront d'autres choix que d'envisager un changement radical. Et les « petits et gros arrangements » financiers tels qu'avec l'américain Anadarko, ou les promesses faites à Jean-Pierre Raffarin et Claude Guéant, n'y pourront rien. Passée la « surprise » tunisienne, ces pays, ont déjà montré, dans un passé très récent, avec quel cynisme et quelle vitesse, ils ont laissé tomber les régimes contestés. Les dirigeants algériens actuels savent qu'ils ne feront pas exception. Face à la panique ostensible d'un régime affaibli, qui crie lui même à qui veut l'entendre, qu'il joue sa survie et qu'un échec lui sera fatal, les citoyens algériens, dans leur majorité, sont en train de transformer, sous nos yeux, l'élection législative, en un véritable référendum avec une seule question : POUR OU CONTRE LE REGIME ? Réponse, le 10 mai 2012 ! Yahia Bounouar