«Comment peut-on instaurer un système électoral démocratique et fiable dans un pays où la fraude et le boycott sont monnaie courante?» Cette préoccupation a été largement débattue, lors du forum d'El Youm par l'expert américain en matière de système électoral, Patrick Merloe. En effet, l'expérience algérienne, sommaire dans le domaine des élections multipartites, a prouvé son inefficacité et ses limites ce qui a permis à l'expert de s'étaler sur les modes préliminaires qui doivent être appliqués en cette période décisive pour un pays comme l'Algérie. Rendre la confiance aux citoyens pour qu'ils aillent «s'exprimer librement», dira M.Merloe, afin de choisir leur élu est l'une des priorités qu'il faut dès maintenant cultiver afin de réussir un vote démocratique. La période préélectorale, doit être, donc, menée d'une manière minutieuse notamment dans l'élaboration des listes électorales et ce, de façon à donner sa chance à tout citoyen voulant exprimer librement sa volonté sans aucune discrimination ni pression ou encore intimidation. Cependant, ce rôle, indique-t-il, revient à toutes les instances susceptibles d'orienter, de rassurer et de veiller au bon déroulement du scrutin, rôle attribué de prime abord au gouvernement, les partis politiques, les médias et la société civile. Pour éviter toute fraude dans les listes électorales notamment l'apparition de noms fictifs, cela incombe au citoyen et ce, en faisant preuve de vigilance et s'assurer de l'authenticité de ces listes. Ce contrôle permet, par la suite, de vérifier le nombre de bulletins qui doit être inférieur ou égal aux nombres d'inscrits. La compétitivité entre les partis en course doit exister dans un cadre démocratique avantageant les voies pacifistes. La présence des représentants des partis au niveau des bureaux de vote, le jour «J» est considérée par l'orateur comme un moyen efficace de faire obstacle à la fraude. «C'est aux partis de vérifier de visu le contrôle du scrutin électoral», déclare-t-il. Une manière de responsabiliser les formations politiques quant aux dépassements abusifs dénoncés «traditionnellement» tardivement en Algérie. L'«échec» algérien en matière d'élections, évoqué par les représentants des partis politiques présents au forum, tels que le FFS, Ennahda et, PRA, n'est pas considéré comme un cas isolé et spécifique à notre pays par l'expert. Il citera, l'exemple américain lors de la dernière élection présidentielle dont le système avait démontré sa défaillance. «Tout système électoral a besoin d'ajustement, car nul n'est infaillible», appuie-t-il. Evoquant la thèse du boycott, soulevée par certains milieux politiques et organes de presse, l'orateur a procédé, d'emblée, à en classifier les types. Le premier concerne les partis, une abstention peut constituer un «danger» sur leur devenir politique. Le boycott des citoyens induit des conséquences difficiles à estimer sur le champ. «On ne peut jamais prévoir les conséquences d'un boycott», estime l'expert. Néanmoins, M.Merloe a souligné que l'abstention d'une petite partie de la population ne peut influer sur le déroulement du vote en faisant allusion à l'hypothèse qui a cours ces derniers temps, à savoir le boycott de la Kabylie.