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Elections : panique au sommet, les citoyens harcelés
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 20 - 02 - 2012

Alors que l'élection législative approche, la panique, gagne le régime. En acceptant pour la première fois des observateurs européens, pour faire bonne figure, le régime algérien, s'est mis dans le piège. Habitué aux observateurs arabes et africains, qui n'ont jamais rien vu, le régime algérien, sait qu'avec la présence des observateurs européens, sa capacité de fraude est très réduite, notamment, en terme de participation. En effet, des observations sur quelques dizaines de bureaux de vote ciblés et représentatif, permettent d'établir avec précision la participation générale. Habituellement, l'opération de vote est organisée seulement pour les caméras de télévisions et le ministre de l'intérieur annonce les chiffres qu'il veut, sans aucun risque d'être contredit. Personne, dans le pays n'avait la possibilité de produire de son coté, d'autres chiffres, ni même, d'autres évaluations. La présence des observateurs change la donne, au moins pour cette donnée. Et c'est cette donnée qui donne des sueurs froides au régime. Confronté à un très large mouvement de défiance, ajouté aux chiffres réels de participation lors du scrutin de 2007 ( autour de 18%), que le régime connait, mais également et surtout, à la monté de la contestation et de la volonté de boycott de la population, le régime craint une abstention massive, qui dépasserait les 80%.
Le boycott comme arme de négociation
Suite aux intempéries qui ont, de manières flagrantes, mise en évidence, les négligences des autorités, laissant les populations seules face au froid, sans moyen de se chauffer, notamment le gaz butane, mais aussi, abandonnant ostensiblement, des centaines de villages, coupés du monde, isolés par la neige, sans électricité et sans les produits de bases nécessaires à la survie. Pendant cette période, alors qu'une partie du pays vivait le calvaire, le chef de l'état, de toute évidence déconnecté des réalités, est apparu à la télévision, pour demander aux citoyens d'aller voter, sans dire un seul mot, sur leurs conditions de vie. Le lendemain, le quotidien El Watan, titrera en UNE, à juste titre, « Le mépris ». Dans les jours qui ont suivit, des rassemblements de citoyens en colère, exigeants des mesures immédiates ont eu lieu en plusieurs endroits. Dans certaines manifestations, les citoyens ont brulé leurs cartes d'électeurs sur la place publique, et à d'autres endroits, les slogans appelant au boycott des élections se sont multipliés.
D'autres, utilisent la menace de l'abstention, comme une arme de négociation. Ainsi, les citoyens rassemblés le 19 février à Bouira, qui réclament qu'on leur rendent leurs fusils, confisqués dans les années 90, laissent entendre clairement que s'il ne récupéraient pas leurs « biens », ils ne coteraient pas.
La participation n'excèdera pas les 15%
Selon des sources sures, les nombreux rapports des services de sécurités qui quadrillent la population, confirment cette tendance et tous prévoient un maximum de 15% de participation, en l'état des choses.
Pris de panique, le régime harcèle les citoyens pour les convaincre de voter, en envahissant leurs téléphones de SMS avec ce message : « Voter est un acte citoyen ». Les 30 millions d'algériens, propriétaires d'une puce reçoivent, au minimum, une fois tous les deux jours, les « invitations insistantes » du ministère de l'intérieur. Depuis 48h, cette campagne va plus loin. A chaque fois qu'un abonné, c'est valable pour tous les opérateurs, tente de connaître son solde sur son téléphone, il reçoit, avant le solde qu'il recherche, le message du ministère de l'intérieur, le pressant d'aller voter.
Dans certaines communes, les citoyens les plus nécessiteux, notamment ceux qui attendent un logement social, sont sommés de présenter leurs cartes d'électeurs avant d'obtenir leurs documents. Allant plus loin, un magistrat, ancien membre du conseil constitutionnel, a menacé, en direct à la télévision nationale, les citoyens qui n'iraient pas voter, reconnaissables, selon lui, à l'absence de marque d'encre sur leurs doigts. La vidéo de l'intervention de ce magistrat menaçant, a fait le tour des réseaux sociaux, sur internet.
Le régime aux abois
En plus du harcèlement par SMS, des contraintes administratives, le régime a sorti tout ce qu'il compte comme « aboyeurs » pour appeler au vote. Le chef de l'état, Abdelaziz Bouteflika, qui ne s'exprimait, directement ou indirectement, que rarement ( une à deux fois par an et quelques fois pas du tout), ne cesse de délivrer des messages appelant à un vote « historique ». Dans sa foulée, les chefs de « partis politiques » instrumentalisés par le régime multiplient les sorties. Le premier ministre, Ahmed Ouyahia, grand fraudeur devant l'éternel ( son parti, le RND, a remporté les élections législatives de 1997, quelques semaines seulement après sa création, lors d'une fraude mémorable, que tout le peuple algérien connait) jure même, que le choix du peuple sera respecté. Même la ministre de la culture, Khalida Toumi, une « laïque », récupérée par le régime, s'est transformée pour l'occasion en mufti. Elle a osé, dans une de ses déclarations appelant à la participation, assimiler, l'acte de voter, à une obligation religieuse. D'autres dirigeants de partis politiques, inféodés au régimes tentent également de « rabattre » les citoyens, soit par des discours qui ne trompent personnes, soit par des promesses financières.
Pour le régime algérien, l'heure est grave. Ayant tout fait, pour faire croire, à l'intérieur comme à l'opinion internationale, que « la révolution » avait déjà eut lieu en Algérie, ou à défaut, de sérieuses réformes, le régime sait parfaitement, qu'une forte abstention, reviendrais à dire, que la révolution « est à venir ». Panique et sueurs froides !!!
Yahia Bounouar


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