Saïd Toubal avait 30 ans et était apprécié de tous, dans son quartier de Saoula. Interpellé le 19 mars dernier par deux policiers en civil sur la route de Draria, et admis le lendemain à l'hôpital de Lamine Debaghine de Bab El Oued, où il est tombé dans le coma après une opération chirurgicale, est décédé mercredi matin. Enterré le soir même dans une ambiance électrique alors que le mystère reste entier quant aux circonstances de sa mort. Il aurait été malmené par les forces de l'ordre, selon son entourage. «Un groupe a tenté d'aller jusqu'au commissariat après l'enterrement de Saïd mais un imam a essayé de calmer les esprits», raconte Nabil, un ami du jeune homme. «Il y a eu plusieurs prêches dans le quartier depuis trois jours pour apaiser les tensions», témoigne encore Nabil. Cependant, rien n'y fait, des heurts ont éclaté dans la soirée. Le jeune homme évoque un incendie et des jets de pierres sur un véhicule de la Sûreté nationale. Information confirmée par Nouredine Berrached, commissaire divisionnaire de police et adjoint du chef de sûreté de la wilaya d'Alger, qui précise que les deux personnes qui ont été interpellées en possession d'armes blanches et de cocktail Molotov seraient des repris de justice. Pour le commissaire, les heurts ont débuté près de deux heures après l'inhumation de Saïd et n'auraient pas de rapport avec l'affaire «Ils sont venus depuis Sebbala, à près de 6 km et sont issus de quartiers tels que Diar Echems ou El Harrach, la famille du défunt et les habitants originaux (sic) de Saoula sont des gens civilisés qui ont confiance en la justice, à l'image du jeune homme», explique-t-il avant d'ajouter que l'origine du problème provient des habitants des alentours récemment relogés. Saïd Toubal était sur la route de Draria, lorsqu'il a croisé des agents de police en civil. Croyant avoir affaire à des bandits, selon son entourage, il a pris la fuite. C'est là que le mystère s'épaissit, car, selon quelques membres de son entourage, il aurait reçu des coups, mais selon la version des forces de l'ordre, le jeune homme serait tombé. Se plaignant de plusieurs maux, il a été transféré à la polyclinique de Saoula, où un médecin aurait déclaré qu'il simulait son malaise. Il a ensuite été conduit au commissariat, où il a été auditionné avant d'être reconduit chez lui par un ami. Il s'est endormi aussitôt. Sa famille ne s'est pas inquiétée avant le lendemain, alors que Saïd ne se réveillait pas. Il est emmené à l'hôpital de Lamine Debaghine de Bab El Oued, où il a subi une opération, puis est tombé dans le coma. Selon Nabil, un médecin de l'hôpital aurait déclaré que le jeune homme qui souffrait d'un traumatisme cervical avait reçu un coup de crosse. «Un médecin ne peut pas savoir ce genre de chose», tranche l'adjoint du chef de sûreté de wilaya d'Alger qui s'offusque que ses éléments soient accusés de tels agissements. Une autopsie a été effectuée avant l'inhumation du jeune homme, quelques heures seulement après son décès. «Aussitôt, on a rédigé un premier rapport pour le procureur de Boufarik. Une enquête est ouverte pour déterminer, éventuellement, les causes réelles de l'accident, déclare-t-il avant de poursuivre, aucun indice ne prouve qu'il a reçu des coups». Nesrine Sellal