Lettre au million et demi de chouhadas morts pour une Algérie libre, juste, digne, fraternelle, solidaire et prospère ! Assalam aliekoum, azul fellawen Je vous écris cette lettre pour vous donner des nouvelles de l'Algérie pour laquelle vous aviez sacrifiés votre jeunesse et vos familles et pour laquelle vous aviez offerts votre chair et votre sang. Je sais qu'avant tout vous voudrez que je vous donne des informations sur vos compagnons de combat, vos frères et vos amis. La majorité d'eux vous ont rejoint. Ils dorment à côté de vous. Certains, vous ont rejoint juste après l'indépendance, ils étaient exécutés par l'armée des frontières car ils avaient osé résisté et savaient ce qu'ils voulaient préparer par la suite… D'autres, surtout parmi les soldats de l'honneur et de la liberté, se sont retirés dans leurs douars et villages de naissance où ils étaient oubliés, ignorés par tous et où ils mourraient un à un de dépit, de misère, de maladies fautes de moyens pour se soigner ou tout simplement faute de soins adéquats. Des milliers de vos compagnons des djbels qui voulaient que le serment de Novembre soit intégralement respecté, ont été: soient assassinés, soient jugés, condamnés et exécutés, soient réduits à un silence forcé, soient emprisonnés et torturés dans les mêmes lieux où certains de vous étaient torturés et humiliés par vos ennemis, soient obligés de s'exiler dans des contrées lointaines le coeur lourd et triste et l'espoir refusant de les accompagner. D'autres étaient devenus fous, ils errent dans les villes et les villages sans que personne ne prend la peine de les regarder. Ils vivent comme des ombres ou des corps désertés par leurs esprits. D'autres ont été recrutés par les nouveaux rois de votre pays et placés dans des postes sans aucun travail, ni aucun intérêt. Ils avaient besoin de nourrir leurs familles, les nouveaux maîtres de votre cher pays ne leurs avaient pas laisser le choix de conserver leur honnêteté et leur fierté. Ils étaient punis pour avoir été courageux pendant que la mort fauchait tout ceux qu'elle rencontrait sur son chemin. D'autres, pour des raisons incompréhensibles pour le commun des mortel avaient choisi carrément de se rallier à ceux qui avaient confisqué votre sacrifice et l'indépendance que vous aviez obtenu. Certaines des veuves de vos compagnons étaient harcelées voire dans certains cas obligés de satisfaire la sexualité perverse des courtisans et des larbins des nouveaux maîtres de votre pays pour accéder à leurs droits d'être prises en charge par l'état. J'ai hésité à vous exposer ce point mais vu la suite des événements je me suis obligé de vous en parler. En effet, la prostitution tend à devenir un métier obligé pour beaucoup de femmes que la société de vos compagnons ont instauré. Evidement, elle concerne surtout les femmes pauvres, exclues, ignorées et rejetées par tous et par toutes les institutions de votre pays. Enfin, vos compagnons qui étaient cachés au chaud chez notre voisin, essentiellement les plus rusés, les plus lâches et les plus peureux, sont tous devenus des personnages importants, intouchables et tous puissants au sens réel et figuré. Ils ont pris le pouvoir comme vous devez le savoir par la force et depuis ils ne veulent plus le lâcher. Le prix payé par vos fils, filles, petits fils et petites filles est impossible à estimer. Sachez uniquement qu'il a le visage de ce que suit: misère, horreur, malheur, laideur et douleur. Pour ne pas trop vous faire souffrir là où vous êtes je tiens à vous dire sans rentrer dans le détail qu'ils ont pu réaliser ceux que vous aviez combattus n'avez pu réalisé. En effet, ils ont détruit nos valeurs ancestrales, nos repères, notre identité et notre diversité. Ils nous ont rendu comme des serviteurs et ils font tout pour que nous le restâmes pour l'éternité. Dans environ un mois, nous fêterons les cinquante ans de l'indépendance et en même temps les cinquante ans d'une tyrannie impitoyable car pour ne pas l'oublier je tiens préciser que la majorité de ceux qui peuvent ressusciter votre serment sont divisés et court chez nos nouveaux maîtres pour participer aux partages de nos richesses naturelles ( celles que vous nous aviez laissées) pendant que vos enfants vivent dans la misère et essayent de partir de cette terre bénite par vos sacrifices. Pour cela ils utilisent tous les moyens que vous n'auriez jamais imaginé: immolation, harragas ( ceux qui traversent la mer sur une pirogue de fortune pour aller vivre chez votre ancien ennemi qui est devenu un ami, un allié, un soutien, un protecteur de vos soi-disant frères de combats), suicide, toxicomanie, prostitution, hittisme ( ceux qui maintiennent les murs…), alcoolisme, célibat endurci ( figurez-vous l'âge de mariage est passé de vingt ans à trente ans voir 40 ans, certains n'ont même pas pu y accéder aux mariages…), trabendo ( commerce illégal, sur le trottoir…)…je vais m'arrêter là pour ne pas trop vous attrister… Pour terminer cette douloureuse missive, je tiens à vous préciser que vos anciens « frères de combats » essayent d'effacer votre race: excusez-moi de cette expression de nos livres d'histoires et de nos mémoires et que certains vous portent des noms de poubelles… Enfin n'oubliez de saluer de ma part tous les hommes et femmes assassinés par eux depuis l'indépendance: vos compagnons, les artistes, les intellectuels, les opposants farouches, les enfants d'octobres, ceux de la décennie noire, ceux du printemps berbères… Vous espérez un changement sachez que des millions de vos enfants l'espèrent aussi mais le temps n'est pas venu…en attendons continuons à espérer ! 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