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La guerre du feu en version algérienne
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 26 - 09 - 2012


Kamel DAOUD
25 septembre 2012
En Algérie, les incendies et les immolations se multiplient. Mais le feu est une arme qui sert les intérêts de mafias politico-financières au détriment du peuple.
Des centaines de cas d'immolations en Algérie n'ont pas fait bouger le pouvoir d'un centimètre.
Riche de ses puits de pétrole et de gaz, le régime semble avoir réussi à acheter tout le monde: l'opinion internationale, les chômeurs locaux, les opposants isolés et le reste du peuple assis.
Deux ans après le début du printemps arabe, le régime a réussi à vendre ses hydrocarbures, son exception maghrébine, sa démocratie contrôlée avec le retour du parti unique (Le FLN est le grand gagnant des dernières élections), et son utilité pour gérer le dossier du Sahel.
Du coup, les centaines d'immolés qui ont un moment ou l'autre éclairé le pays profond et son obscurité de misères, n'ont pas fait bouger les choses. Le feu n'est cependant pas inutile en Algérie. Il sert aux règlements de comptes, pas aux révolutions.
Le 19 août 2012, une partie des bâtiments de l'Hôtel des monnaies, au cœur de la capitale Alger, est le lieu d'un incendie spectaculaire. Le dernier jour du mois du ramadan, les Algériens voient leur fabrique à argent brûler, «mystérieusement».
Selon les confidences, les pompiers n'ont pas pu entrer dans les lieux faute d'autorisation et les rouleaux de billets de banque ainsi que les passeports qui y sont fabriqués ont eu le temps de bien brûler.
«L'incendie s'est déclenché dimanche soir vers 21h30 et ce sont les habitants du quartier qui ont alerté les services de la protection civile», rapporte le site Dernières Nouvelles d'Algérie.
Premier mystère, car pour une institution aussi stratégique, le système d'alarme ne semble pas avoir été d'une grande utilité. L'incendie ne sera maitrisé que le lendemain.
«Le temps d'effacer toutes les traces», soutiendront les Algériens.
Un complot? Oui, crie la vox populi. C'est le meilleur moyen d'effacer les traces d'un crime.
Le vrai sens du coup de feu
Car si tout le monde crie au complot par le feu, impliquant des «mafias locales» des luttes au sein du régime en crise de succession, c'est qu'il y a des antécédents.
Depuis peu, la recette de la mafia «politico-financière», selon l'expression favorite des Algériens, (expression inventée, dit-on, par Mohammed Boudiaf, président de la République assassiné en 1992) est de brûler les dossiers ou les institutions où sont déposés les dossiers.
L'incendie de l'hôtel de la monnaie algérienne avait été précédée par d'autres étranges «feux»: une année auparavant, deux dépôts du port d'Alger, l'un de marchandises en situation de contentieux judiciaire et l'autre de marchandises en instance de procédure de dédouanement, ont été ravagés par un autre «feu opportun».
Quelques jours avant l'incendie de l'Hôtel de la monnaie, durant la nuit du 24 au 25 juillet, c'est le siège de l'inspection générale des services des Douanes, à Alger, qui fera à son tour objet d'un vol «étrange»: des disques durs, des ordinateurs et des dossiers en «instance» d'enquête seront dérobés.
«Il s'agit de lourds dossiers liés aux enquêtes douanières, dont celles relatives aux affaires d'évasion de devises et de détournement de recettes douanières. Parmi celles-ci figurent le dossier du détournement de près de 700 millions de dinars de la recette d'Oran, celui de l'incendie des dépôts des douanes d'Alger-Port, du vol d'un autre à Sidi Moussa (Alger), mais aussi des affaires de fraude concernant les marchandises de contrefaçon du port sec de Rouiba et surtout celle ayant trait au dossier des faux titres de passage en douane délivrés au port d'Alger à de grosses cylindrées», selon la presse.
Ces marchandises «étaient admises temporairement en Algérie, en attendant leur réexportation qui ne se fera jamais. Elles seront revendues sur le marché national avec de faux papiers».
La douane algérienne réduira le Watergate/Firegate local à la teneur d'un simple fait divers, mais des voix officieuses expliqueront qu'il s'agit d'un véritable coup d'Etat contre les douanes algériennes.
L'histoire du feu
Effacer des traces et détruire des dossiers par usage d'incendies «accidentels» n'est pas une nouveauté en Algérie.
Deux ans auparavant, en mai 2010, des pyromanes réussiront à détruire par le feu plus de 70 dossiers au sein des bureaux des douanes algériennes à Oran (400 km à l'ouest d'Alger).
Le quota faisait partie d'un lot de 300 dossiers de contentieux, en instance d'enquêtes. Le siège des douanes échappera à la destruction totale par le feu, mais on «avait compris le message».
«Les trois cents dossiers visés par l'incendie concernent de gros engins introduit par le port d'Oran avec de faux documents et de fausses déclarations aux douanes», selon Ennahar.
Quand deux partis sont en concurrence sanglante en Algérie, cela se solde par des déclarations dans des journaux et des communiqués de presse. Mais quand ce sont deux clans du pouvoir qui se font la guerre, c'est le pays qui brûle. Derrière?
Pas que des allumettes mais d'immenses crédits, de l'argent, des enveloppes et des subventions ou des monopoles. Du coup, les Algériens, fervent amateurs d'enquêtes, multiplient les pistes là où se multiplient les indices.
Un autre cas? Celui de l'incendie, ce mois-ci de l'ANDI (Agence nationale de Développement et de l'Investissement).
Le 31 juin, un incendie, «également d'origine inconnue, a détruit partiellement les locaux de l'Entreprise nationale des systèmes d'informatique (ENSI) qui abritait provisoirement l'Agence nationale de développement de l'investissement (Andi). Au total, 1.232 dossiers d'investissements ont été partiellement ou totalement détruits par l'incendie», a rapporté le site TSA (Tout sur l'Algérie).
L'autre feu algérien
Mais le feu ne brûle pas que les dossiers, les forêts aussi. La chaleur de cet été a été exceptionnelle. On le sait un peu partout dans le monde.
Sauf que là où le monde croit à des bouleversements climatiques, les Algériens croient à des manipulations de militaires et des incendies organisés par le pouvoir.
Selon le syndicat des travailleurs des forêts algériennes, plus de 100.000 hectares ont été décimés cet été par d'étranges incendies qui se sont déclarés un peu partout et, surtout, en Kabylie.
«Etranges», parce que selon les membres du syndicat algérien des travailleurs des forêts les incendies sont «délibérées, simultanées, planifiées dans le temps et dans l'espace, à travers le choix des zones de départ du feu, pratiquement inaccessibles aux premières interventions». Les professionnels parlent de «terres brulées».
Par qui? Les militaires, l'armée, les généraux, disent les opposants, mais sans preuve. Le pays bruit d'étranges rumeurs sur des pompiers empêchés d'intervenir et des gardes communaux (auxiliaires), surpris en train de mettre le feu aux forêts.
Acculé, le directeur général de la protection civile algérienne parlera d'un crime qui «dépasse l'imaginaire» et affirmera presque ne rien pouvoir y faire avec ses 15.000 hommes engagés contre le feu du pays qu'on immole.
Question de fond: pourquoi les militaires brûleraient-ils les forêts de leurs pays?
Selon la théorie nationale du complot permanent, il s'agirait d'un aspect de la lutte des clans au sommet de l'Etat. Entre un Bouteflika et ses adversaires occultes. La preuve?
L'actuel président a mis quatre mois pour décider d'un nouveau gouvernement depuis les dernières élections législatives (10 mai dernier). La théorie du papillon conduit donc à des incendies criminels poussant des régions sensibles comme la Kabylie à la révolte.
L'autre explication est qu'il s'agit-là d'une recette de fainéants des lutteurs contre les terroristes. Etrangement, à la suite des vastes incendies de forêt, l'armée algérienne a réussi à abattre, dans les jours qui ont suivi les feux, des terroristes et mêmes un émir haut gradé du crime islamiste.
Neuf terroristes ont été tués lors d'une opération menée par l'armée. Par la suite des sources affirmeront que parmi les neuf terroristes éliminés, figure l'émir de la katiba Al Arkam, Zemmouri Abdelhak, dit Aboubakr.
Le feu est donc une arme d'immolation massive destinée à détruire soit les émirs, soit- Bouteflika, mais dans les deux cas, le pays.
Et les immolés?
Sauf que pendant ce temps là, le feu continue de prendre ailleurs. Deux ans après Bouazizi et la transformation du printemps «arabe» en une noce avec les islamistes, des Algériens excédés, écrasés, en colère, en manque ou en instance continuent de s'immoler.
Du coup, entre quelques hectares brûlés et quelques dossiers incendiés, on peut lire au chapitre des faits divers locaux que «deux jeunes qui tentaient de s'immoler par le feu la semaine dernière à Chlef et Tipasa ont été sauvés par des policiers», selon la police algérienne.
Le feu prend donc en Algérie: par le haut surtout. Des choses et des êtres brûlent en Algérie. Mais se sont les dossiers qui semblent provoquer le plus de réflexions et de réactions.
Les êtres quant à eux peuvent s'immoler dans la banalité post-Bouazizi. Et les forêts? C'est le berceau de la guerre en Algérie: c'est là que se sont cachés les djounouds (soldats) du FLN (Front de libération nationale) à l'époque coloniale, c'est là que se cachent les terroristes de la guerre civile des années 1990 et c'est de là que partent les révoltes et les feux.
Dans l'imaginaire politique algérien, l'espace politique est binaire: d'un coté la plaine, ses villes et ses illusions et son pouvoir apparent; de l'autre la montagne, le maquis, l'armée, le pouvoir réel. Et c'est la montagne et la forêt qui décident et qui gagnent à chaque fois.
Pour les Algériens, il n'y pas de feu sans une volonté délibérée de faire de la fumée pour cacher l'essentiel. Un Firegate.
Kamel Daoud


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