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L'affaire du CRASC
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 21 - 11 - 2012


Mercredi 21 Novembre 2012
In lanation.info
Mercredi 14 Novembre, l'invitée de la rédaction de la radio chaine 3 est la directrice du CRASC, Nouria Benghabrit Remaoun. Elle intervient à propos des élections communales. L'on n'apprendra ce jour là, à son écoute, strictement rien de plus sur le comportement politique et électoral des algériens que ce que d'innombrables articles de presse produisent quotidiennement depuis des décennies. Or, dans ce domaine comme en tout autre, le plus qu'apporte la recherche scientifique et l'expertise au débat public dépasse le fait de formuler des généralités. Il serait toutefois injuste de charger cette personne plus qu'une autre dans l'illustration de l'inadéquation entre la qualité du locuteur et la qualité du propos. Car, en la matière, ce n'était pas une première.
Ce cas sort du cadre de la critique du ronronnement du discours officiel auquel se prête trop souvent le personnel des institutions publiques, quand on apprend à travers un article de presse et une série de mails d'universitaires scandalisés, qu'au moment même où la directrice du CRASC tenait ses propos à la radio nationale, trois chercheurs de l'université d'Oran se dirigeaient vers le bureau du juge suite à une plainte pour atteinte à sa réputation. Le hasard est parfois troublant.
D'autres mails tomberont ensuite pour donner la position du Syndicat1 (CNES) et les précisions de la direction du CRASC. Des lecteurs enfin nous saisissent pour nous demander de retirer l'article que nous avions repris si nous ne voulions pas porter atteinte à notre crédibilité.
A quoi nous répondons humblement qu'en termes d'investigations dans les arcanes du monde universitaire, ou autre, nous n'avons jusqu'ici, hélas, aucune compétence ni crédibilité particulière à faire valoir. Nous essayons par contre de relayer un certain nombre de questions relatives aux dysfonctionnements qui participent de la crise nationale. La convocation devant le juge d'universitaires suite à une plainte de leur hiérarchie n'étant pas en cette affaire une première, il nous a paru utile d'ouvrir le débat. Aux universitaires de l'alimenter.
Le Professeur Guerid nous a fait l'amitié de participer régulièrement à alimenter notre site par des contributions de haute facture, nous a fait parvenir la lettre envoyée en date du 18 Décembre 2011 au Directeur général de la Recherche Scientifique et du Développement Technologique avec copie à Monsieur le Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et à Monsieur le Recteur de l'Université d'Oran. Ainsi que le recours adressé en date du 18 Juin 2012 au syndicat (CNES).
Notre respect pour la qualité de ses travaux et pour son implication dans l'alimentation du débat public ne nous donne aucune compétence pour prendre position sur le volet scientifique de l'affaire. Mais dans cette affaire il ne s'agit visiblement pas que de science, mais du climat qui règne au sein de l'Université Algérienne.
Il n'appartient du reste pas aux journalistes de juger de l'objectivité de la démarche scientifique d'une institution universitaire. Tant que les universitaires s'estimeront satisfaits du fonctionnement des institutions dont ils relèvent, dans les affaires qui les concernent, petites ou grandes, on n'aura que des opinions d'ordre général à faire valoir. N'importe qui peut aujourd'hui juger de la qualité de l'enseignement supérieur, de la recherche scientifique, du classement international de nos universités, du niveau de nos enseignants et de nos chercheurs. De manière générale. Trop générale. Mais dans les affaires qui opposent des universitaires à leur hiérarchie, il ya ce qui relève du pénal, ce qui relève du jugement scientifique et ce qui relève de l'éthique. Le juge se prononcera sur le volet pénal. Mais il appartient aux universitaires de s'exprimer sur les aspects scientifique et éthique de l'affaire. Qu'ils soutiennent leurs collègues, l'administration ou qu'ils aient une autre vision des choses. Cela relève de leurs convictions et de l'intérêt qu'ils accordent à la « chose » universitaire.
Il ya problème quand une société fait silence sur tout ce qui fait problème.
La société est aussi ce qui empêche d'enfermer les citoyens dans le chemin qui va tout droit des bureaux de l'administion à ceux de la justice. Quand société il y a.
Références
1/ Au sujet de la présentation des professeurs de sociologie Guerid, Sbaa et Lakjaa devant le juge sur plainte du CRASC contre X, je vous fait suivre les éclaircissements que la direction de celui-ci m'a faits parvenir par mail, en les précédant du commentaire suivant:
Pour ma part, je pense qu'il suffit de répondre à un article de presse jugé diffamatoire (ou plus généralement des écrits ou propos tenus publiquement) par un autre article qui vise à en démonter les arguments et à en disqualifier ainsi l'auteur.
Depuis la condamnation du professeur Rouadjia à deux années de prison ferme en appel pour un article critique sur la gestion de l'université de Msila jusqu'à récemment celle d'une professeure de psychologie clinique de l'université d'Alger 2 à deux mois, la criminalisation des enseignants chercheurs n'a cessé de se multiplier. C'est dans ce climat délétère d'intimidations et d'inquiétudes suscitées dans notre université que la plainte d'une institution honorable tel que le CRASC n'est pas sans surprendre. Le retrait de la plainte ne contribuerait qu'à rehausser le crédit porté à cette institution et à sa direction. [Copie d'un mail reçu]
CRASC : Centre de Recherche en Anthropologie Sociale et Culturelle.


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