J'ai vu l'ignorant conduire le savant Comme un berger conduit ses moutons J'ai vu l'idiot discourir des heures sans arrêter Dans une assemblée que dit être par peuple imposé ! J'ai vu un érudit écrire avec sa plume sous la dictée D'une ombre issue d'un esprit mort et enterré Des mensonges débiles, médiocres et insensés Pour qu'il puisse se nourrir, se loger et exister J'ai vu un roi importé puis couronné et ensuite installé Sur un trône placé sur les cadavres de ceux qui s'étaient sacrifiés Pour que leur peuple puisse vivre libre, solidaire et dans la dignité Après des années de misère et de terreur sans aucune pitié J'ai vu un peuple supporter ce que aucun cœur ne peut accepter Ses filles se faire violer par des pervers crées et formés Dans des laboratoires obscurs que la lumière n'a jamais pénétré Crées et formés pour haïr tout ce qui respire la vie et l'humanité J'ai vu mon ami, j'ai vu l'horreur, j'ai vu l'innommable Tu le sais, nous l'avions vu ensemble, nous avions dit: c'est impensable ! D'une seule voix, souviens-toi, moi je ne peux l'oublier, je ne peux le chasser de ma mémoire Je ne peux le chasser de ma vue, je ne peux l'appeler la joie et surtout pas l'espoir Nous avions vus, souviens-toi, l'espoir s'envoler et hurler comme un corbeau Nous l'avions vus s'envoler avec fracas et s'en aller très haut Happé par des mains, des mains qui savaient torturer et même étrangler Des cerveaux bien faits, des cerveaux qui produisaient des bonnes idées Non ne me dis pas s'il te plaît, ne me dis pas que cela était justifié Que c'était justifié de décider unilatéralement qui allait vivre et qui allait trépasser Non ne me dis pas qu'ils étaient là pour nous sauver, pour nous redonner notre liberté ! Non, non, je t'en supplie ne me dis pas qu'ils étaient les protecteurs de notre dignité Ne me dis que ce n'est pas eux qui ont sculpté la sauvagerie et qui n'ont pas dessiné la monstruosité Oui, j'ai vu des plumes fines et d'une grande qualité écrire ce qu'eux avaient décidé Ce mensonge qui jusqu'aujourd'hui continue à nous avilir et à nous humilier Oui, j'ai vu et toi aussi tu as vu, la science se prostituer et se vendre dans ce marché Où ne peuvent avoir accès que les criminels sans honte, sans morale et sans altérité Tu as vu que la science a accepté d'accepter que par eux elle soit dirigée Pour que ceux qui l'a possédaient puissent manger le vomis qu'eux arrivaient à renvoyer... Oui, moi ami, ne me trahis pas au moins au niveau de ce dont nous avions rêvés Nous avions rêvés, toi et moi, et tous nos amis et amies avec qui nous étions liés De servir cette patrie qui nous avaient permis d'apprendre et d'étudier Sans, souviens-toi, la trahir, lui faire mal et surtout souviens-toi, sans suivre ces égarés Ces égarés, maintenant tu le sais maintenant qui n'étaient pas vraiment égarés quand ils s'étaient retrouvés Sur ce sol où ils n'étaient pas nés mais qu'ils voulaient à tout prix hériter et plus que hériter: posséder Le posséder pour le laver de son génie créatif, de sa beauté et de sa pureté et de ses hommes et femmes qu'il aimait adorer Car pour eux, il était un sol qui devait impérativement respirer la liberté et offrir la prospérité dans la justice et l'égalité ! Tu n'as pas vu à quel point, ils sont arrivés à nous diviser, tu es colère et moi j'ai envi de pleurer Oui, j'ai envi de pleurer, quand je vois toute cette énergie, toute cette intelligence...gâchées Dans des querelles insignifiantes, des batailles qui ne savent que tuer, des luttes pour uniquement s'approcher S'approcher des mamelles d'où coule ce lait qui ne sert ni à nous éveiller, ni à nous réveiller, ni â nous aider à penser... Mais qui sert plutôt à attiser tous ces hommes que leurs ventres ne cessent de harceler Tous ces gens capables de brûler les forêts, d'assassiner les idées et de détruire tout ce qui est sacrée Les valeurs qui nous ont été léguées, les langues qui nous avions tétées et tout ce qui construit notre identité J'ai vu et tu as vu, tu ne peux plus le nier, qu'ils sont les suppôts de l'avarice, de la jalousie et de l'avidité Qu'ils sont en fin de compte ignorants de tout ce qui peut se nommer tolérance et démocratie Et qu'ils ne sont que des adeptes de l'exclusion, de la hogra, de l'égoïsme et du mépris Tu te souviens moi du plaisir que nous avions à lire tous ses journalistes à la plume qui ressuscitait les morts Tu te souviens de la simplicité avec laquelle nous parlaient ses écrivains nés de l'utérus de nos valeurs Tu te souviens du silence que nous imposait leur savoir, leur courage et leur humilité Tu vois maintenant ce que sont devenus notre élite, comment elle court derrière les petits fourrées et les places pour voyager Voyager pour étaler partout dans notre monde notre médiocrité et pus encore la justifier et justifier ceux qui l'ont instauré Ces vautours qui ramassent tout ce que produit instantanément notre terre et étouffent ceux qui désirent la semer Tu ne vois pas ce qui se passe vraiment la haut, dans ces lieux inaccessibles et hautement sécurisés Tu ne vois pas que c'est toujours les mêmes qui restent impunis, qui s'enrichissent et qui assurent à leurs progénitures toutes les facilites Qui n'avait pas essayer de les déloger ou de les amener à composer avec la majorité de ce peuple méprisé ou délaissé ? Qu'elles étaient leurs réponses?: les baïonnettes, les chars, les crimes atroces, les assassinats de masses et la guerre sans images pour la montrer ! Ne me dis pas que ce pays que tu aimes, que j'aime et que tous et toutes aimons ne peut pas s'en passer de cette racaille sans honte et sans pensée ! Ne me dis pas qu'il n'y a pas une autre possibilité pour sortir de ce chaos dans lequel ils nous ont noyé car l'Algérie possède encore des hommes capables de relever tous les défis et surtout de le faire dans la justice, la liberté et la dignité !