Depuis que l'Algérie est algérienne, les algériens n'ont jamais été surpris, ne serait-ce qu'une fois depuis 1962, de constater un ministre reconnu coupable d'un délit ou d'un crime et condamné, même au dinar symbolique par la justice algérienne. Les rares condamnations se limitent aux walis et encore ! C'est comme il ait, au-delà de ces derniers, une ligne rouge, un rempart infranchissable, une dure carapace dans laquelle on se confine et qui assure de l' impunité. Pourtant, notre Loi étant des plus claires : Aucun citoyen n'est dessus de la loi. Aucun commis de l'Etat, quelque soit son rang dans l'administration, n'est immune contre l'épée de Damoclès, fusse-t-il le président de la république en personne. Mais, cela reste, bien entendu, du domaine de la théorie, une théorie aux slogans creux claironnés, à grandes pompes, à l'occasion de chaque discours de circonstance. Parce que la pratique, c'est tout autrement. On laisse échapper les hommes du sérail, de gré ou de force, et on ne condamne, sans vergogne, que les lampistes qui se laissent prendre comme des idiots. Mais pourquoi fait-on payé uniquement aux seuls lampistes les fautes de leurs errements? La raison, c'est que ces derniers se présentent souvent comme les derniers maillons de la chaîne d'où leur vulnérabilité à la destruction. La deuxième raison, c'est le seul un moyen pour Dame-Justice de se dédouaner et de se débarrasser, par la suite, d'un fardeau encombrant. Un deux poids et deux mesures et ce n'est pas un fantasme d'algérien ! L'affaire Khalifa a donné aux algériens un avant goût de ce ‘deux poids et deux mesures' de vraiment inacceptable. Ainsi, avait-on constaté, qu' en dépit des avantages avérés que leur avait procuré gracieusement le golden boy, aujourd'hui encore fugitif, aucun ministre ne fut condamné, ni même inquiété depuis. Pire, tous ceux qui étaient impliqués, d'une manière ou d'une autre, ont regagné leurs postes comme si de rien n'en était… Et Sonatrach act I, n'en est qu'une continuité d'une logique absurde de notre justice aveugle. Mais pourquoi cette impunité ? Parce que ces nababs sont justement invulnérables grâce notamment à leurs solides relations, à leurs situations aussi, et grâce également au système qui les garde à l'abri. Devant ce déni de justice flagrant, l'algérien n'en est que révolté, aigri par ce qui se passe depuis 1962. Il arrivera un jour où on ne pourra plus circonscrire la colère populaire par la force des bâtons, ni même celle des armes. On ne réussira plus rafistoler correctement une déchirure qui se fait grandissante, comme on tente de le faire, tant bien que mal, actuellement. On n'en veut plus de ça. On n'en veut de cette politique inique. Les grands pays nous devancent par la puissance de leur justice. Rien ne vaut, pour nous autres une force dominatrice et sans justice aucune qui se veut tout le temps aveugle. C'est de la pure tyrannie . Alors, brisons le mur de l'impunité pendant qu'il est encore temps. Chaque algérien sait que ça ne peut plus fonctionner ainsi. Ça ne peut plus durer indéfiniment.