La crise égyptienne actuelle nous renseigne de la profondeur du malaise qui secoue les pays de la région. En effet, ceux qui croyaient qu'il suffisait de renverser une dictature pour accéder immédiatement à la démocratie, découvrent à quel point ils méconnaissaient leur propre société. Nous constatons qu'une dictature de 50 à 60 ans laisse obligatoirement des traces qui nécessitent du temps, du bon sens et de la patience pour les effacer. La dictature représente un processus visant à imposer le diktat d'une personne ou d'un groupe de personnes à l'ensemble d'une société. Par définition, le dictateur, créé le vide autour de lui. C'est ainsi que les institutions sont soient inexistantes, soient elles sont vidées de leurs substances et soumises à la seule volonté du dictateur. La société est clochardisée, les citoyens sont livrés à eux-mêmes et évoluent progressivement vers le statut d'individus égoïstes et soumis à leurs seules pulsions naturelles. La discipline et la rigueur disparaissent, laissant ainsi place à la ruse et aux règles basées sur la force physique. L'anarchie et la corruption se généralisent, l'Etat se disloque. Par ailleurs, un Etat de droit ne se créé pas par un simple désir. Une fois une dictature renversée, le pays se retrouve devant un vide qui risque d'aggraver la très lourde facture laissée par le dictateur. S'impose alors une phase de transition qui nécessite la mobilisation de toutes les bonnes volontés en dehors de toute considération idéologique, avec comme objectif principal la stabilisation du pays. Les élections organisées lors de la phase de transition dégageront des équipes dirigeantes qui appliqueront le programme du consensus et non pas le programme d'un parti politique ou d'une tendance idéologique. Ce programme du consensus, représentera le fruit d'un compromis politique scellé entre les différentes tendances politique et peut s'étendre à l'armée. Cette phase de transition aura pour objectif de préparer les conditions qui permettraient à un pays sans traditions politiques, de se lancer sur la voie de la démocratie. Force est de constater que le chemin de la démocratie est long. Il est jonché d'embûches et nécessite de la stabilité, des institutions et surtout une culture démocratique et civique que les individus adopteront progressivement pour évoluer vers le statut de citoyens conscients et responsables. Ce n'est qu'à ce prix, qu'un pays, pourra renaître de ses cendres.