Je me souviens comme si c'était hier de ces jeunes combattants de l'ALN qui passaient de temps à autre par notre déchra. Un hameau accroché au flanc du djebel Anini. Je n'étais alors qu'un petit bout d'homme tout juste un bambin. J'étais tout fier de serrer la main à ses jeunes baroudeurs dans la plupart étaient encore imberbes. Maintenant, j'ai compris que ces jeunes là, c'étaient les hommes de première ligne, les braves de la ligne de feu... C'était l'ALN des djebels, celle des monts « Anini, Tafet, Ouled Rezzoug, Ouled Ayad, Aggar... », pas celle des gamelles qui débarqua le 19 Mars 1962 de Ghardimaou. Je me souviens de ces jeunes combattants, entre autres « Si Mourad Bentaleb, Said Amghar, Mouloud Ouardane, Slimane Aghyles, Ahmed Lanini, Mokhtar Amechtouh, Said Lahlou, Abdelatif Laalami, Hamid Azegagh... » et tant d'autres encore, tous morts les armes à la main. Ils n'étaient ni « islamistes », ni « démocrates », c'étaient des enfants du peuple. Ils étaient sortis, défier la mort, à la recherche d'un bout de dignité et d'une petite parcelle de liberté, ils n'avaient jamais rêvé de gloire... C'étaient des enfants du peuple, des enfants du petit peuple, ils aimaient la galette et le petit lait parfois accompagnés d'une poignée de dattes... Ils aimaient le pain d'orge et l'huile d'olive, parfois accompagnés d'une poignée de figues sèches... Ils n'étaient ni démocrates ni islamistes, ils n'étaient ni de droite ni de gauche, ils n'étaient ni socialistes ni libéraux, c'étaient des algériens... C'étaient des patriotes, des enfants du petit peuple qui avaient pris le maquis contre la tyrannie, contre l'injustice, contre l'arbitraire, ils étaient à la recherche d'un pan de dignité, et d'un bout de terrain de liberté. Ils ne pouvaient plus supporter le mépris colonial, le déni de justice, le statut de sous-homme, ils ne voulaient plus être des loques humaines bonnes pour le rebut. Ils se sont battus pour la liberté, pour la dignité, ils en sont morts fièrement, avec le sourire aux lèvres, et les corps criblés de balles. Ils nous ont légué cette grande parcelle de gloire dont nous avons été spoliés par la junte militaire et tout le pouvoir pourri et corrompu... !!! Que nous soyons démocrates ou islamistes, qu'avons-nous fait pour récupérer cet héritage sacré... ?? Demain, nous aurons à répondre de notre lâcheté devant ces vrais combattants qui avaient bravé la peur, la faim, le froid, la maladie... et la mort... !! Allah Yarham Chouhada... !! A bon entendeur salut... !!