Clinique de chirurgie cardiaque Abderrahmani Des malades hospitalisés grelottent El Watan le 27.11.13 Des chambres communicantes entre les services médicaux n'ont ni fenêtre ni porte l Des matériaux de construction déposés à même le sol et endommagés par les pluies ont pris la place des lits d'hospitalisation. Une trentaine de patients, dont des enfants en bas âge venus de différentes wilayas du pays, hospitalisés pour des problèmes cardiovasculaires, en attente d'une intervention chirurgicale à la clinique de chirurgie cardiaque Abderrahmani, à Bir Mourad Raïs (Alger), subissent les affres du froid hivernal. «Ma fille est très malade. Elle doit subir une intervention chirurgicale et nous sommes là depuis plus d'un mois. Il fait très froid. Nous avons passé toute cette semaine dans des chambres non chauffées. Nous sommes obligées de rester sous les couvertures. Ma fille a grelotté toute la nuit. Ils n'ont mis en marche la chaudière que depuis deux ou trois jours et les chambres n'ont toutes pas le chauffage», raconte une maman rencontrée dans une chambre de cette clinique, face à un grand couloir en plein chantier. Des chambres communicantes entre les services médicaux n'ont ni fenêtre ni porte. Des matériaux de construction déposés à même le sol et endommagés par les pluies ont pris la place des lits d'hospitalisation. De la ferraille, des cadres en aluminium et autres matériels jonchent encore le sol. Les courants d'air traversent tout le premier étage où se trouve le bloc opératoire et les salles de réanimation en charriant des poussières. Une clinique en chantier «Six chambres sur douze ont été inondées lors des pluies de la semaine dernière. L'eau entrait de partout. Tout est ouvert. Nous étions obligées de nous entasser à trois ou quatre dans les autres chambres», raconte une patiente programmée pour une intervention chirurgicale, mais reportée à une autre date. Et une autre d'enchaîner : «Nous sommes là pour des soins chirurgicaux, nous ne devons pas prendre froid mais c'est impossible. Les couloirs, les sanitaires et les chambres sont glacials. Les enfants qui sont très sensibles ont dû mal à supporter ce froid.» Les patients hospitalisés sont ainsi contraints de garder le lit, sous des couettes et des couvertures, alors que les personnels médical et paramédical ne quittent pas leurs manteaux. «Je ne peux pas travailler dans ces conditions. Je porte mon manteau toute la journée. Les salles de consultation ne sont pas chauffées et il en est de même pour les salles d'exploration», déplore un chirurgien, qui estime préférable de transférer toute l'activité, pour quelque temps, dans une autre structure en attendant de terminer ces travaux qui s'éternisent. Il signale que le bloc opératoire a dû être fermé depuis quelques jours pour des problèmes d'infiltrations d'eau qui risquent de provoquer de graves incidents. «Seuls les cas urgents sont pris en charge. Nous ne pouvons pas laisser nos patients souffrir. Ils sont sous notre responsabilité. Nous devons faire notre travail car la maladie n'attend pas. Il s'agit d'une histoire de vie ou de mort», s'indigne-t-il avant de signaler que malgré toutes les inspections du ministère de la Santé, rien n'est fait. Les travaux au sein de cet établissement, entamés depuis février 2012, ne semblent pas près de leur fin. A l'entrée, la réception est encore en chantier. Un long couloir au rez-de-chaussée est aménagé en salle d'attente pour des dizaines de patients. Le passage pour une seule personne est possible à ce niveau-là. Le bureau du professeur chef de service, dont les travaux ont été entamés il y a trois mois, est toujours en chantier. Des cartons de dossiers et autres documents sont entassés dans un coin du couloir loin d'être protégés des inondations et ses désagréments. Pour le chef de service, le professeur Bourezag, l'équipe médicale et paramédicale est sérieusement perturbée. «Cela fait plusieurs mois que cela dure et les choses se sont compliquées avec les dernières intempéries. L'activité est réellement au ralenti. Ce qui a de graves conséquences sur la prise en charge de nos patients.» En attendant l'achèvement de ces travaux et l'amélioration des conditions de prise en charge des patients, le ministère de la Santé se contente de dépêcher des inspecteurs dont les rapports sont souvent mis dans les tiroirs. A notre sortie de la clinique, trois inspecteurs du ministère de la Santé venaient, une nouvelle fois, s'enquérir de la situation.