Si la perspective de la 3G semble être une chimère, il n'en reste pas moins que le sida est une réalité qui ne fait pas peur aux autorités et aux medias algériens. La journée mondiale contre le sida, qui coïncide comme chacun le sait avec la date du 1er décembre, à été copieusement fêtée à travers tout le territoire national : conférences, colloques, symposiums, marches, manifestations...Tous les moyens ont été mobilisés pour sensibiliser le citoyen sur la pandémie du sida. Au climat festif, il ne manquait donc que le discours du chef de l'Etat pour compléter ce panorama... Mais diable, pourquoi une telle mobilisation, alors que les chiffres (8000 cas) avancés par le gouvernement sur le sida ne sont pas aussi alarmants que le prétendent certains organismes onusiens (33000 cas) ? Comme tous autres pays du monde, l'Algérie a le sida. L'Algérie, contrairement à la propagande de ses ennemis, est une nation normalement constituée. La preuve, les épidémies nous arrivent à temps, dans les délais requis ! Durant cette journée mémorable et celles qui ont précédé, les autorités algériennes se sont félicitées « des efforts déployés dans la lutte contre le virus de l'immunodéficience humaine », tout en rappelant la mobilisation totale du gouvernement, du président et des généraux pour la lutte contre cette épidémie. Dans la foulée, l'institut Pasteur a relancé une campagne de sensibilisation pour inciter chacun à se protéger et se faire dépister. A ce titre, la télévision qui s'est mise de la partie tout en prêchant un discours favorable à la polygamie, qui regorge de pudeur et d'interdits, a connu un beau succès. D'ailleurs, elle n'a pas tort de souligner les vertus de la polygamie, puisque le sida est très majoritairement transmis par voie hétérosexuelle. Selon certaines indiscrétions, il semblerait que l'épidémie a été beaucoup plus violente au sein des corps constitués que partout ailleurs ou la pauvreté et les inégalités font des ravages. L'homosexualité reste interdite par la loi. Cet interdit entrave l'accès aux services de santé et nuit à l'égalité des droits. Des résistances culturelles, familiales et la faiblesse de l'éducation sexuelle jouent donc un rôle dans ce retard. Entrent par ailleurs en ligne de compte les réflexes des soignants qui négligent les approches préventives, pourtant essentielles dans ce domaine. La violence (le terrorisme) favorise également la diffusion du virus : guerre civile, violence envers les femmes, aliénation parentale, éclatement de la cellule familiale... Ainsi, 30 % de tous les enfants contaminés sont nés dans les maquis ou portent la motion « X ». Il faut dire qu'en dépit des richesses immenses, l'Algérie est en proie depuis des années au chaos, et où l'Etat est extrêmement faible. Seules 5 % des mères séropositives y reçoivent un traitement, contre 95 %. Au cours de l'année passée, il y a eu autant de suicides chez la femme que chez l'homme...Toutefois, sur tous ces sujets, sur les foyers ou s'est propagé le sida au cours de ces dix dernières années, sur les catégories sociales affectées par cette pandémie, les autorités algériennes et les medias n'ont pas soufflé un traître mot. Se confinant le plus souvent dans un discours populiste et propagandiste, ils se contentent de quelques généralités, une façon comme une autre de jeter de la poudre aux yeux des populations et de faire passer un drame pour une conquête... Mais le sida est une bénédiction. Un don du ciel qui va permettre aux clans du pouvoir de se ressouder et de cicatriser leurs blessures...