Chiffre n L'hôpital El-Kettar a, à lui seul, enregistré 31 cas de femmes séropositives en 2010, selon l'association El-Hayet des personnes vivant avec le VIH. Elles ont presque toutes découvert leur séropositivité à l'occasion d'une grossesse. Les conjoints demeurent les premiers responsables de ces contaminations, faute de dépistage. Les rapports hétérosexuels constituent ainsi le mode de transmission prépondérant de ce virus. Ce qui laisse présager «une augmentation du taux de femmes infectées», prévient la directrice de l'Institut national de santé publique (Insp). Un facteur parmi tant d'autres qui jouent en défaveur des femmes dont la vulnérabilité comporte plusieurs aspects. Ces derniers sont notamment liés à «l'anatomique, l'économique, au genre et à des spécificités propres au virus lui-même», a indiqué le Dr Zahia Cherfi. Des inégalités qui ne font que «favoriser le VIH/sida dans son évolution», estime-t-elle. Elle a précisé que, souvent, la femme atteinte par le virus du sida n'informe pas son entourage immédiat de sa maladie, par crainte de se voir privée de ses enfants. «Cette situation s'exacerbe surtout lorsque la femme ne travaille pas et qu'elle est totalement dépendante financièrement de son mari», a-t-elle ajouté. L'impact social pour autant qu'il perdure, se révèle être un véritable handicap pour ces femmes déjà victimes de ce virus. «Nombreuses sont celles qui subissent des pressions ou ressentent des craintes qui, malheureusement, les empêchent d'accéder au service de santé. Et ce, pour être informées des méthodes de prévention, de dépistage, de traitement ou d'appui psychosocial», déplore Mme Lahoual, présidente de l'association El-Hayet. Les préjugés socioculturels qui se manifestent sur les plans à la fois personnel, familial et professionnel représentent l'autre fardeau que la femme doit surmonter. La progression de l'épidémie en Algérie est, à ce jour, peu active et se trouve plus concentrée parmi une population bien spécifique. C'est pour cela qu'une fois l'infection par le virus établie, la maladie est aussitôt associée à un comportement peu admis socialement. Dans un contexte socioculturel rongé par les tabous, il est presque normal de voir la société manifester peu de tolérance et de compassion à l'égard d'un sidéen. Une situation qui suscite la mobilisation de tous les acteurs pour «réduire la stigmatisation et la discrimination envers ces malades», préconise Mme Lahouel. L'association El-Hayat avec l'appui d'Onusida a, à cet effet, initié un projet pour «le renforcement de l'engagement des leaders institutionnels et communautaires envers les femmes et les filles dans le contexte du VIH en Algérie». Ce projet plaide pour la promotion d'une riposte multisectorielle face à cette maladie, tel qu'inscrit dans le plan national stratégique de lutte contre le sida 2008-2012. Cette action constitue «une première étape d'un long processus qui permettra de faire tomber les barrières réelles et virtuelles dont sont victimes les femmes atteintes de sida», précise l'oratrice.