Des religieux algérien et syrien mènent campagne pour lutter contre la progression du sida. Qui a dit que les autorités religieuses ne s'impliquent pas dans le combat mené par la société contre le VIH/sida? La lutte et la prévention contre cette épidémie qui ne cesse de gagner du terrain et, en général, les maladies sexuellement transmissibles est, désormais, le cheval de bataille de beaucoup d'hommes de religion. En effet, «la lutte contre le sida, ce n'est pas seulement le combat des médecins, mais aussi celui des leaders religieux». C'est là, la position, sans équivoque, du docteur Alla Eddine Hamaoui, recteur de l'Institut des sciences islamiques de Damas (Syrie) et conseiller du Programme de lutte contre le sida dans le monde arabe, lors d'une conférence animée dernièrement à Annaba par l'Association Aniss de lutte contre le sida et pour la promotion de la santé en partenariat avec la direction des affaires religieuses et des wakfs. Cet éminent religieux, brisant tous les tabous, n'a pas hésité à faire la promotion de l'usage de préservatifs pour mieux inciter les gens à se prémunir et à prémunir autrui contre le syndrome de l'immunodéficience acquise. «Aujourd'hui, plus que jamais, nous devons comprendre le recours des médecins à la promotion de l'usage des moyens de protection», a-t-il soutenu, fustigeant, de cette manière, beaucoup de leaders religieux qui n'ont pas cessé de diaboliser toute personne parlant de l'usage de préservatifs. Le Cheikh Salim Benmohamed, imam réputé dans la région de l'Est, a abondé dans le même sens. «Il est de notre devoir, nous, hommes de religion, de traiter modérément ce fléau», a-t-il mentionné dans une déclaration à L'Expression. Selon lui, les personnes vivant avec le virus du sida sont celles qui doivent avoir leur place dans la société. «On ne doit pas les condamner, ni les rejeter», a-t-il ajouté en maintenant que les sujets atteints doivent avoir l'occasion de mener une vie normale et de se marier. «Et pour ce faire, ils doivent se protéger et protéger leurs conjoints en utilisant les moyens de protection». Dans le même contexte, le Dr Hamaoui a appelé, également, à l'implication des religieux dans la promotion de la solidarité envers les personnes atteintes du sida sans prendre en compte leur statut. «La religion est pour le soutien et la défense des droits des malades quel que soit leur statut», a-t-il mentionné, faisant allusion aux groupes les plus exposés à cette maladie, à savoir les homosexuels, les péripatéticiennes ainsi que les usagers de drogues injectables. Selon lui, «il faut que l'accès aux soins se fasse sans aucune discrimination». Le Cheikh Salim Benmohamed, de son côté, a signalé que la religion interdit formellement de donner un statut à ces groupes. «On n'a pas le droit de les appeler homosexuels, lesbiennes ou prostituées. Par contre, il est de notre devoir de les aider à vaincre cette maladie», a-t-il indiqué tout en précisant que condamner l'acte ne veut pas dire rejeter le coupable. Cela dit, il est nécessaire de rappeler que les personnes vivant avec le VIH/sida, ont été frappés d'ostracisme par certains leaders religieux. Dans ce contexte, beaucoup reste à faire pour éradiquer la stigmatisation et la discrimination liées au VIH/sida. Par ailleurs, le docteur Skander Soufi, président de l'Association Aniss, a signalé que le leadership des religieux exerce une grande influence sur la vie de nombreux individus. C'est pourquoi, les leaders qui s'expriment d'une manière responsable sur le sida, «peuvent avoir un impact important dans la lutte et la prévention contre cette épidémie», a-t-il indiqué à L'Expression.