Annoncée depuis quelques jours, la visite à Alger de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a été confirmée officiellement par le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack. L'escale algérienne sera la troisième et avant- dernière étape de sa tournée au Maghreb qui doit débuter aujourd'hui et se terminer le 7 septembre à Rabat. Condoleezza Rice est attendue samedi pour une visite de quelques heures durant lesquelles elle aura un entretien d'une heure et demie avec le Président Bouteflika. La secrétaire d'Etat devrait évoquer les relations bilatérales, notamment économiques, avec les dirigeants algériens, a indiqué M. McCormack. La lutte contre le terrorisme devrait figurer au centre de ses entretiens à Alger, a-t-il encore ajouté. Il est vrai que le ton avait été donné par le nouvel ambassadeur américain à Alger. En effet, David Pearce a déclaré, à l'issue de son audience avec le Président Bouteflika auquel il a remis ses lettres de créance, que «la stabilité et la prospérité de l'Algérie sont très importantes pour la stabilité de toute la région», ajoutant que les Etats-Unis coopèrent «avec l'Algérie dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme, et pour la consécration de la culture de la tolérance et de la modération». C'est dire que même si cette visite intervient à la fin de la mandature du président Bush et qu'il est impossible actuellement de dire qui du candidat républicain, parti de l'actuel président américain, ou du candidat démocrate remportera la présidentielle le 4 novembre prochain, il n'en reste pas moins que la venue de Condoleezza Rice en Algérie est un événement important. Et pour cause, il est de notoriété que dans le pays de l'Oncle Sam, la politique étrangère suivie par l'administration de Washington tient peu compte de l'affiliation partisane du locataire de la Maison Blanche. En effet, seuls les intérêts américains comptent. Pour preuve, les relations économiques entre les deux pays sont au menu de la visite de la responsable américaine. C'est pourquoi force est de croire que cette visite effectuée moins d'une semaine après l'audience accordée par le Président Bouteflika au nouvel ambassadeur US à Alger sera mise à profit pour consolider davantage les relations entre Alger et Washington et effacer l'interlude Robert Ford qui s'est distingué avant son départ par des initiatives qui ont suscité l'ire des responsables algériens. Ford, faisant fi des règles diplomatiques en vigueur, a invité partis et associations algériens pour les sonder sur la situation politique en Algérie. Le départ de ce diplomate et l'arrivée de son remplaçant en la personne de David Pearce sont perçus comme un signe émis par Washington en vue de lever toute équivoque. Il est vrai aussi que les américains, qui lorgnent sur les parts de marché détenues par d'autres pays, souhaitent donner une nouvelle impulsion aux relations algéro-américaines qui «ont évolué ces dernières années notamment en matière d'enseignement, d'échanges culturels, de coopération judiciaire et dans le domaine des affaires et de la coopération sécuritaire» et ce, de l'avis même du nouvel ambassadeur US. Il en est de même pour ce qui est des échanges commerciaux, puisque leur volume a atteint 20 milliards de dollars par an, ce qui place l'Algérie, a indiqué Pearce, comme «deuxième partenaire des Etats-Unis dans le monde arabe». Et d'ajouter que les USA croient en ce partenariat, affirmant que «ceci se traduit par la nomination d'un attaché commercial par le ministère américain du Commerce à l'ambassade américaine à Alger». Mais si les relations bilatérales seront au centre des entretiens, il est certain aussi que des questions d'intérêt régional seront également évoquées. La question sahraouie qui doit être abordée selon le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack par Rice à Rabat, sera sans nul doute aussi soulevée à Alger. Au moins le temps de rappeler à la secrétaire d'Etat américaine la position algérienne sur le dossier. Il est vrai qu'en quatre heures de temps, durée annoncée de la visite, il vaut mieux parler vite et bien afin qu'il n'y ait pas de quiproquos. Mais est-ce à dire que le politique sera évacué de ces entretiens ?