Après le « tab djenani » du président, serait-ce le courage du désespoir qui affecte les membres de son clan, paniqués à l'idée de perdre leur statut d'intouchables ? Ou bien font-ils leur mea-culpa aux Algériens en chargeant le DRS qui symbolise la terreur aux yeux de tous? Nul ne semble en mesure de trancher sur les soubassements des campagnes d'accusations que se livrent les « clans » qui gouvernent le pays. L'absence de la scène politique du principal concerné, le président Bouteflika, n'est pas pour calmer les esprits et rassurer les Algériens sur l'avenir de leur pays, bien au contraire, elle attise les peurs, ajoute à la confusion ambiante et fait craindre le pire pour le pays. Depuis des semaines, les spéculations vont crescendo et la violence des déchirements au sommet suinte dans les déclarations et discours médiatiques dont se servent les uns et les autres. La dernière sortie du Secrétaire Général du FLN, Ammar Saadani contre le chef du DRS, le général Toufik que d'aucuns qualifient de « rab Edzair » (le dieu de l'Algérie), qu'il accuse d'être derrière de nombreux drames dont a souffert le pays ces 20 dernières années, renseigne sur la férocité des affrontements quant à l'issue du prochain scrutin présidentiel. Ces convulsions au sommet ne sont-elles pas un signal en faveur des partisans du changement politique? C'est l'occasion de passer à l'action, bâtir un rapport de force et faire pression sur le pouvoir en vue d'une transition démocratique? Il n'y a pas de meilleur moment pour l'opposition de capter l'intérêt des Algériens, de faire acte de présence dans la scène politique et tenir tête aux partisans du pouvoir qui clament haut et fort qu'elle n'existe pas. Alors quoi de mieux qu'un rapport de force entre tous les partisans du changement démocratique pour sortir le pays de l'impasse d'une élection stérile qui fera capoter tout espoir d'une transition pacifique. Car il s'agit bien de cela ; une transition pacifique vers un état de droit ou la prolongation d'un régime rompu au despotisme et franchement allergique aux principes démocratiques. Si le projet d'élection se déroule selon la feuille de route du régime, autant dire que l'Algérie sera à nouveau cadenassée pour des années et donc confisquée à nos enfants comme elle l'a été pour les générations de l'indépendance. Tous les peuples sont mûrs pour la démocratie pour peu qu'ils aient des leaders intègres, visionnaires et compétents. Il n'y aura pas de : « après moi le déluge! » cette prémonition factice dont usent tous les dictateurs quand leur règne est menacé. Il faut croire que le pouvoir arbitraire de vie et de mort, qu'ils exercent sur les gens, leur donne l'impression d'être de petits dieux. Indétrônables. Ils ont fini par y croire et surtout y prendre goût. Heureusement que la chute de Ben Ali leur apporté un fulgurant démenti, et ébranlé d'autant leur invincibilité. Mais seront-ils plus respectueux de leur peuple pour autant? Manifestement pas en ce qui nous concerne. Le régime fait table rase de tout ce qui ne sert pas ses intérêts, et poursuit sa logique de déni en organisant des élections pour sa propre survie au mépris des aspirations du peuple. C'est dans sa nature de ne pas considérer les droits du citoyen. A-t-il jamais rendu compte de ces actions au peuple? L'a-t-il jamais consulté pour quoi que ce soit d'autre sinon pour ravir ses voix? Il n'est pas vrai qu'après ce régime, l'Algérie est bonne pour le chaos. C'est lui le chaos qui empêche les Algériens de s'épanouir et de réaliser leur pays. Nous sommes tous convaincus que ce régime a desservi l'Algérie et son peuple quand bien même ses représentants osent le défendre en parlant de ses réalisations en termes de « miracles ». Or les réalisations dont se targue ce régime sont des projets essentiellement faits par des partenaires étrangers (nos cadres son exilés) avec des fonds puisés dans les recettes pétrolières. Et même ça, ce n'est jamais fait dans les règles de l'art, le peuple est souvent floué et ne reçoit jamais ce que vaut son argent. Résultat : les ouvrages sont frappés d'incohérences et d'imperfections, auxquelles s'ajoutent des surcoûts faramineux. Nous sommes un grand pays et nous avons des hommes et des femmes qui pourraient aisément prendre la relève, faire bien mieux que ce régime, et juguler tout risque d'implosion éventuel, s'ils ont la confiance du peuple. L'Algérie mérite d'être mieux gouvernée, mieux représentée, mieux défendue et mieux développée. Et c'est pour toutes ces raisons que les partisans des valeurs démocratiques doivent s'unir en coalition ad hoc d'opposition pour imposer une transition vers la démocratie. Ils ne peuvent pas faire pire que le régime d'autant que les expériences des pays voisins leur offrent un baromètre pour les aider dans la recherche de consensus capables de mener à une transition démocratique pacifique. Nous avons besoin de vivre cette expérience pour nous réconcilier en tant que peuple et avec son histoire qui a tissé les fils de notre fierté.