Il commet une offense à l'égard des chaouis Sellal, le dérapage de trop ُEl Watan le 16.03.14 L'ex-Premier ministre, désormais directeur de campagne de Bouteflika, s'est fendu d'une énième plaisanterie déplacée, cette fois sur les Chaouis, qui suscite de vives réactions. Abdelmalek Sellal fait à nouveau parler de lui. Alors qu'il vient d'être nommé directeur de campagne de Abdelaziz Bouteflika, l'ancien Premier ministre, adepte de petites phrases et d'un humour approximatif et parfois de mauvais goût, vient de commettre une nouvelle bourde. Pendant la cérémonie d'installation des directeurs de campagne des 48 wilayas, Abdelmalek Sellal adresse une remarque aux relents régionalistes, voire racistes, à un représentant de la wilaya de Batna. «A Constantine, on dit Chaoui hacha rezk (Chaoui sauf ton respect)», ose-t-il sous les rires de l'assistance. Mais contrairement aux autres blagues, celle de l'hôtel Riadh, à Sidi Fredj, ne passe pas. Surtout que, pour une fois, cette image est passée sur une chaîne de télévision privée. Si les autres déclarations de Sellal ont suscité beaucoup plus de réactions sur les réseaux sociaux, ce nouveau dérapage verbal n'a pas laissé de marbre la classe politique. Le parti Jil Jadid, dont le candidat Soufiane Djilali s'est retiré de la course à la présidentielle, qualifie ces propos de «blessants» et traite l'ancien Premier ministre de «délinquant de la République» au même titre que Amara Benyounès et Amar Saadani. Le parti Jil Jadid qualifie ces comportements de signes de «l'effondrement moral final» de l'Etat. Sur les réseaux sociaux, les réactions s'enchaînent. La majeure partie des commentaires convergent vers des propos «régionalistes» et annonciateurs d'une campagne sale, émanant d'un homme qui venait de faire la promesse de conduire une «campagne propre». «Je suis Chaoui et fier de l'être, autant que tous mes frères algériens sans distinction aucune et de quelque région qu'ils soient, mais cette fierté vient d'être écorchée par les propos méprisants d'un Premier ministre, manifestement inconscient de leur gravité», écrit à titre d'exemple le journaliste Zoubir Khelaïfia, dans une lettre rendue publique hier. A Batna, des manifestants qui s'opposent au quatrième mandat de Bouteflika ont brandi des banderoles dénonçant les propos de Sellal. Ce n'est pas la première fois que Sellal utilise des propos déplacés. Au cours d'une visite de chantier, alors qu'il était encore Premier ministre, il avait qualifié une dame chinoise de «batata» (pomme de terre). La blogosphère s'est limitée de rire. «j'aime plaisanter avec les algériens» La polémique a tellement enflé que le directeur de campagne a été obligé de répondre lui-même. «Moi, je suis connu. J'aime les Algériens, j'aime plaisanter avec eux et j'ai de très bons amis dans les Aurès et à l'est du pays. Je ne fais pas de différence entre les Algériens, au contraire, je suis très fier de la région des Aurès et n'oubliez pas que la première balle (de la guerre de Libération) a été tirée dans cette région», a-t-il tenté d'expliquer sur la chaîne Ennahar TV. Avant Sellal, Amara Benyounès, un des soutiens les plus en vue de Abdelaziz Bouteflika, avait suscité, lui aussi, la polémique en déclarant : «Inaâl bou li mayhebnache» (Maudit celui qui ne nous aime pas). Le président du MPA a beau tenté d'expliquer que son propos concerne les ennemis des Algériens… Mais comme une balle, une parole prononcée est insaisissable. Cette déclaration a provoqué des réactions très violentes de la part de certains partis politiques et des citoyens. Ce langage, à la limite de l'insulte, a été inauguré par Abdelaziz Bouteflika lui-même. En déplacement à Béjaïa en 1999, il avait qualifié les Kabyles de «nains». «De loin, je vous voyais comme des géants. En arrivant ici, je vois que vous n'êtes que des nains», avait-il dit. En 2005, Abdelaziz Bouteflika avait accusé les habitants de Chlef de collaboration avec des éléments du Mouvement national algérien (MNA, de Messali Hadj) pendant la guerre de Libération nationale. Au début de son premier mandat, le chef de l'Etat avait également qualifié les journalistes de «masseuses de bain maure». Quelques années plus tard, en déplacement à Batna, lors d'une précédente campagne électorale, le chef de l'Etat avait glissé une autre phrase qui avait fait polémique. «Chaoui tah f lmekrout» (Chaoui amoureux de mekrout (gâteau traditionnel), avait-il ironisé. Autant dire que Sellal a de qui tenir.