11 AVRIL 2014 À 20:06 FRANÇOIS SERGENT EDITORIAL L'Algérie invente l'ultime mascarade. L'élection d'un mort-vivant, invisible et inconscient, trop malade pour apparaître en public ou a fortiori faire campagne. Une poignée d'opposants bidon, compères de la farce, signent le tableau de cette comédie orchestrée par les vrais patrons du pays, les généraux, leurs enfants et leurs amis. Pour filouter tranquille, le pouvoir a contrôlé et limité les visas des journalistes et des observateurs internationaux. Cette élection est finalement à l'image d'un pays Potemkine où tous les pouvoirs et toutes les richesses sont accaparés par une oligarchie clientéliste corrompue et corruptrice. «Le système», comme le disent les Algériens qui ne sont pas dupes de cette farce ubuesque. Ou comment détruire un grand pays riche de ses hydrocarbures mais plus encore de ses élites et d'une jeunesse qui aspire à une Algérie meilleure. L'histoire tourmentée de ce pays et la responsabilité de la France de la colonie et de la guerre d'indépendance n'expliquent pas tout et n'excusent pas tout. Pas plus que la guerre civile qui aurait rendu les Algériens à tout jamais rebelles aux changements et aux révolutions qui ont éclairé tous les autres pays de la région. Pourquoi les Algériens seraient-ils le seul peuple arabe à tout jamais interdit d'Etat de droit et de démocratie ? La France de François Hollande sera sans doute le premier pays à féliciter au soir de son «élection» Bouteflika. A cautionner cette fiction. Et à désespérer les Algériens. François SERGENT