« Meskine ! ». C'est le seul mot prononcé par un ami en voyant ce matin la prestation de serment de notre Président. Et il est loin d'être un pro-Bouteflika. L'Algérien est émotionnel. On le sait. Encore une douloureuse image de ce Président livré aux médias dans un triste état. Le calvaire continue pour cet homme qui donne l'impression de subir un vrai « Jihad fi sabile El watan » ! La cérémonie de la prestation de serment a été retransmise en direct sur les chaînes nationales dans un Palais des Nations plein à craquer. Ils étaient tous là. Enfin presque tous ! Ils sont venus ! La lecture du serment était interminable pour cet homme affaibli. Il fallait qu'il répète mot pour mot ce que dictait un magistrat debout à un homme assis. En voyant notre Président dans cet état, je me suis rappelé de ce livre des deux Pierre (Accoce et Rentchnick ) « Ces malades qui nous gouvernent » et du témoignage de ce médecin qui soignait les grands de ce monde « Lorsque j'ai soigné des hommes politiques de haut rang, j'ai souvent été surpris de la crédulité que manifestaient ces dirigeants vis-à-vis des médecines parallèles…. Il faut tenir compte de la mentalité très particulière de ces malades qui nous gouvernent et qui refusent d'une part, de considérer leur état de santé comme incompatible avec la direction d'un pays ou d'une armée, et d'autre part, d'admettre que les conséquences de leur maladie peuvent être graves pour leurs concitoyens…. Presque rassurant de constater que nous ne sommes pas les seuls à être gouvernés par un Président malade et affaibli. Sauf que je ne sais pas si le maintien au pouvoir de Bouteflika relève de sa propre volonté ou celle du « système ». Comme je n'ai pas souvenance que ces « grands pays » aient exposé aux médias leurs dirigeants aussi affaiblis ! Bien au contraire, ils faisaient tout pour respecter le malade et sa maladie ! Et on ne peut qu'en vouloir à ceux qui sont derrière ce triste spectacle. « La visite d'un ennemi chez un malade est pire que la maladie » dit un proverbe arabe. Rien, absolument rien ne pourrait justifier qu'on ait pu exposer aux médias avides de « sensations fortes » l'honneur d'un homme, sa dignité et sa liberté. Pas même cette Constitution que l'on nous brandit chaque fois que nous nous interrogeons légitimement sur le fonctionnement de notre Etat. On peut toujours radoter sur les élections présidentielles et leurs résultats. Le fait est là : plus de la moitié des électeurs n'ont pas été voté. Las et presque résignés. Mais le pouvoir en place n'a pas besoin d'une adhésion « massive » à son « programme ». Une minorité puissante apte à « contrôler » la population et à l'orienter devrait suffire. Malgré toute son impopularité, le Président américain Bush a régné pendant 8 ans sur sa population et même sur le monde ! Il en avait que faire des sondages et de sa popularité. Nous vivons presque la même situation. Mais ce décalage entre la population et le pouvoir ne peut être durable. L'Histoire l'a déjà montré !