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Tout va bien, Monsieur le Marquis Rachid !
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 04 - 12 - 2014

France/Algérie. Rachid Nekkaz : « L'Algérie va bien. Elle a juste besoin d'un changement doux et pacifiste »
jeudi 4 décembre 2014
www.lecourrierdelatlas.com
Rachid Nekkaz, homme d'affaires originaire du Val-de-Marne (France), militant politique algérien, qui aurait fait fortune grâce à la « bulle internet » en montant une start-up informatique en 1998. Crédit photo / Site officiel : Rachid Nekkaz
Adulé par certains, détesté par d'autres, Rachid Nekkaz ne laisse pas indifférent. En France, le pays où il est né et où il a vécu une bonne partie de sa vie, il est perçu, soit comme un personnage rocambolesque, quelqu'un à ne pas prendre au sérieux, soit comme quelqu'un de courageux, qui n'hésite pas à s'engager au risque de se mettre à dos des tas de gens. Il est aussi connu pour être « l'homme qui paie les amendes des femmes en niqab ».
Rachid Nekkaz, lors d'une halte de sa longue marche à travers le pays, entamée le 1er novembre 2014, pour revendiquer un « changement pacifiste en Algérie ». Crédit photo / Site officiel : Rachid Nekkaz
En deux ans, entre 2011 et 2013, Nekkaz, promoteur immobilier qui semble disposer d'une petite fortune, affirme en avoir payé plus de 600. « Je suis un musulman laïc, opposé au niqab. Ce que je défends, c'est la liberté pour les femmes de le porter ou non », déclarait-t-il alors.
Toujours en France, il avait essayé en 2007 de se présenter aux élections présidentielles. En vain, n'obtenant pas le nombre de parrainages nécessaires. Aujourd'hui, Rachid Nekkaz vit en Algérie : il a renoncé à sa nationalité française en 2013 pour pouvoir se présenter à l'élection présidentielle algérienne du 17 avril dernier. Comme pour l'élection française de 2007, il n'a pas pu participer à celle organisée par l'Algérie.
Selon les autorités algériennes, il n'aurait pas obtenu assez de parrainages pour se présenter. Lui, se dit victime de censure. Rachid Nekkaz n'a pas abandonné pour autant ses rêves, et à l'entendre, il se verrait même devenir un jour Président de l'Algérie !
Pour arriver à ses fins, il a créé un parti, le MJC (Mouvement pour la Jeunesse et le Changement) et le 1er novembre dernier, pour commémorer le 60ème anniversaire du début de l'insurrection algérienne, Nekkaz et six de ses compagnons ont commencé une longue marche à travers le pays. Un parcours long de 675 kilomètres, de Khenchela, leur point de départ, à l'est de l'Algérie, en passant par Khenchela, Oum El Bouaghi, Constantine, Mila, Setif, Beni Ourtilane, Seddouk, Ouzellaguen, Akbou, Bouira Kadiria et Rouiba, les 7 comptent finir leur marche à Alger devant la Grande Poste le 9 janvier 2015. Nekkaz et ses acolytes souhaitent, par cette action, demander un « changement pacifiste en Algérie ». Interview avec l'atypique Rachid Nekkaz.
LCDL : Comment vous est venue l'idée de cette marche ?
A l'occasion du 60ème anniversaire du début de l'insurrection algérienne (NDLR, le 1er novembre 1954) et en hommage aux 1 million et demi de martyrs, je me suis dit qu'il fallait marquer le coup. Et puis, je voulais aussi montrer, par cette marche que l'Algérie est sécurisée. Envoyer un message aux touristes et leur dire qu'ils peuvent et doivent venir en Algérie : ce pays est extraordinaire et ils ne risquent rien. La mort d'Hervé Goudrel (NDLR, un guide de haute montagne français mort le 24 septembre dernier, décapité par un « groupe djihadiste algérien »), bien qu'effroyable, n'est pas un phénomène majoritaire. Par cette action aussi, je voulais envoyer un message à la jeunesse. Leur dire qu'il ne faut pas renoncer et que vous êtes l'avenir de ce pays.
Justement, comment vous sentez-vous après toutes ces journées de marche ?
Je vais bien. Je suis un peu fatigué mais les nombreux soutiens que j'ai reçu sur le parcours, m'aident à tenir bon. Vous savez, je ne suis pas un marcheur alors d'avoir fait tous ses kilomètres a été un peu éprouvant physiquement. Surtout au début, mais je dois avouer qu'après quelques jours, je me suis habitué. Mes compagnons et moi-même apprécions beaucoup notre ballade à travers l'Algérie. Comme c'est pour la bonne cause, nous gardons le moral et je le répète l'Algérie est tellement belle.
Racontez-nous une journée type...
Nous marchons de l'aube jusqu'au coucher de soleil. Il nous arrive parfois de faire 50 kilomètres en une journée. Nous dormons dans des tentes, au bord de la route et en un mois, il ne nous ait jamais rien arrivés. Nous ne nous sommes jamais sentis en danger. Il y a eu juste quelques désagréments avec la police...
C'est-à-dire ?
Nous avons été arrêtés à quatre reprises. Nous avons toujours eu affaire à une police bienveillante et chaleureuse. Les gardes à vue ont duré entre 24 et 48 h. La Justice dont je salue le professionnalisme et l'objectivité (procureurs et juges), constatant à chaque fois l'absurdité du chef d'accusation (attroupement illicite) nous a remis en liberté.
Vous qui avez parcouru bon nombre de kilomètres à travers le pays, comment va donc l'Algérie ?
L'Algérie va bien. Très bien même. Elle est fragile, certes, et c'est normal avec ce qu'elle a vécu ces dernières années, mais elle est en pleine transition. Ca se voit, ça se sent... Elle a juste besoin d'un changement doux et pacifiste. Ceux qui nous gouvernent ont entre 75 et 80 ans. Ils ont bien travaillé mais maintenant, ils doivent partir ! Et je n'évoque même pas le cas du M. Bouteflika : un président en fauteuil qui ne dirige plus l'Algérie depuis longtemps. Les vieux au pouvoir doivent laisser la place aux jeunes. Nous demandons la mise en place d'élections anticipées. Et je promets que si je l'emporte, de ne poursuivre aucun des responsables politiques actuels !
La suite pour Rachid Nekkaz, c'est quoi ?
Le vendredi 9 janvier 2015 à 15h, à l'occasion de mon 43ème anniversaire, je finirai cette marche pour enfin arriver à la Grande Poste d'Alger. Si l'objectif du changement pacifique nécessite une 5ème arrestation arbitraire, j'en assumerai les conséquences. Rien, ni personne ne m'empêchera de finir cette marche pacifique pour la jeunesse algérienne. J'ai vécu plus de vingt ans dans une cité parisienne et je n'ai peur de personne. A cette occasion, j'annoncerai le lancement d'une nouvelle opération citoyenne et pacifique pour le printemps prochain.
Propos recueillis par Nadir Dendoune
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