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L'ECRIVAIN ET LE SALAFISTE
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 20 - 12 - 2014


http://braniya.blogspot.fr/
Publié par messaoud benyoucef
Un prédicateur salafiste algérien a appelé, sur une chaîne de télévision privée, l'Etat à punir de mort le journaliste et écrivain Kamal Daoud. Ce dernier est l'auteur d'un roman, « Meursault, contre-enquête », favorablement accueilli et récompensé par les instances de la francophonie. Le prédicateur aurait argué que K.D. est un apostat qui ne cesse de critiquer l'islam et qu'en tant que tel, il mérite la mort. L'affaire fait grand bruit en Algérie où l'on s'émeut qu'une « fetwa de mort » puisse être prononcée publiquement sans que les autorités réagissent.
Si les mots ont un sens, il ne s'agit pas ici de fetwa, stricto sensu, mais d'adresse au pouvoir afin de faire appliquer la chari'a. C'est pourquoi les plaintes déposées contre le prédicateur n'ont aucune chance -légalement parlant- de prospérer. En effet, il est facile de prévoir que ce dernier sera en position de force dans la mesure où il pourra faire valoir que l'islam étant religion d'Etat en Algérie, un citoyen a le droit inaliénable de demander l'application du droit musulman. Et si les autorités sont restées le bec dans l'eau, c'est bien qu'elles ont été prises à leur propre jeu hypocrite qui consiste à être plus musulmanes que les musulmans, plus démocrates que les démocrates, comme hier elles étaient plus socialistes que les socialistes. La surenchère qui permet à ce pouvoir d'absorber toutes les formes de contestation.
Cela dit, que font ceux qu'émeut cet appel à l'application de la chari'a ? La même chose que le prédicateur salafiste : ils en appellent à l'Etat pour le réprimer. Pain bénit pour le pouvoir ! Ainsi, il se trouve à la place et dans le rôle rêvés de l'arbitre paternel, incarnant le « juste milieu » entre les extrémistes des deux bords : laïcs et salafistes. Cette partition, le pouvoir d'Etat algérien l'a jouée sur tous les modes et mieux que quiconque, y compris jusqu'à ses limites extrêmes : la guerre civile contrôlée, lorsqu'il a poussé à la constitution de milices dans les années 90. De la sorte, il a détourné sur la société la violence qui le visait, lui.
L'ensauvagement de la société est l'arme ultime de ce pouvoir : de l'appel de la « Cour révolutionnaire » demandant à n'importe quel Algérien de « se faire l'auxiliaire de la Justice de son pays en exécutant le traître Krim Belkacem » à l'allocution télévisée du Premier ministre Bélaïd Abdeslam désignant aux tueurs les « laïco-assimilationnistes », en passant par l'interrogation perfide de son ministre des Affaires religieuses, Sassi Lamouri, « Pourquoi tuer des policiers ? Ce ne sont pas des communistes, pourtant », le cynisme et la lâcheté -lâche parce qu'il n'assume pas ses actes- de ce pouvoir sont effrayants.
Une autre constante de ce pouvoir, celle qui fait partie de son ADN, est l'anti-intellectualisme. Messali contre Benkhedda, les 3 B contre ‘Abane, ‘Amirouche contre les étudiants et lycéens venus rejoindre les maquis, Benbella contre F. ‘Abbas (à propos de la première constitution),... toutes les grandes séquences de l'histoire proche de ce pays peuvent être lues à travers ce prisme (certes, non exclusivement). La tête qui pense, qui introduit des éléments de doute raisonnable, qui produit de la distance, qui essaie de tenir compte du tout, est, en effet, incompatible avec l'unanimisme et la militarisation. C'est pour cela que ce type de pouvoir lui préférera toujours la religion, instrument beaucoup plus maniable pour tenir le peuple et l'ensauvager, si nécessaire.
Les religions -quelles qu'elles soient- n'ont jamais fait bon ménage avec l'art et la pensée : Spinoza frappé de « Herem » par le Mahamad juif d'Amsterdam, Giordano Bruno brûlé vif sur ordre de l'Eglise catholique, la poétesse Asma Bent Marwan assassinée sur ordre du prophète (comme le rapporte Maxime Rodinson dans sa biographie de « Mahomet »), parce qu'elle ridiculisait son message dans les lieux publics. Le malheur de l'Algérie est d'avoir été coupée depuis 50 ans du monde extérieur et d'avoir été abreuvée à la vulgate simpliste de « l'action directe », c'est-à-dire de la violence primaire. Et ce, par la volonté de ceux -le pouvoir- qui se la sont accaparée comme une propriété privée, une « mazra'a » comme dit ‘Azmi Bichara, une hacienda qu'ils gèrent à leur guise. Pesons nos mots : même le colonialisme n'était pas arrivé à ce degré de mépris envers les indigènes -qui sont restés des indigènes, c'est-à-dire des sujets sans droits.
Pour en revenir à l'affaire qui nous occupe, disons qu'attendre du pouvoir des despotes asiatiques qui règnent sur le pays depuis 1962 qu'ils promeuvent l'état de droit et la laïcité, c'est comme attendre qu'il neige au Sahara au mois d'août. Ce pouvoir a, au contraire, tout intérêt à aggraver la fracture entre laïcs et salafistes afin de tenir la société en respect. Mais alors, que faire ? Alors, il faut, à la verticalité (de la supplique adressée à celui du haut), substituer l'horizontalité des démarches solidaires dans la société civile ; en un mot, s'abstenir de solliciter le pouvoir et travailler à dépasser la contradiction entre laïcs et salafistes. Dépasser la contradiction ne veut nullement dire en supprimer l'un des termes. La contradiction est le mode d'existence normal des choses. La dépasser veut dire tenir les deux bouts ensemble et avancer. À ceux qui jugent la chose irréaliste, rappelons que les religieux algériens avaient fait alliance avec les communistes et les démocrates bourgeois (tel Ferhat ‘Abbas) dans le Congrès musulman algérien, en 1936.
Bien sûr, le dépassement de la contradiction suppose que chacun fasse des concessions. Les laïcs devront accepter l'identité religieuse de leur société et les salafistes devront accepter la pluralité des normes de vie sociale. Ce serait assurément la base raisonnable pour avancer vers le vouloir-vivre ensemble. Et il n'y a pas d'autre possibilité pacifique. Le méconnaître serait risquer de précipiter le pays vers l'apocalypse.
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