17 Janvier 2015 http://www.algerieinfos-saoudi.com/ Le mouvement citoyen s'élargit et s'approfondit dans le sud du pays. La mobilisation populaire vise à imposer un moratoire, c'est à dire la suspension officielle du plan d'exploitation du gaz de schiste et sa mise en débat. Historiquement, c'est la première remise en cause massive de l'exclusion du peuple algérien du processus de décision. Ce qui est mis à l'ordre du jour à travers l'exigence de moratoire, c'est la recherche d'une autre manière de décider sur des sujets vitaux. C'est ce que pressentent les Algériens par delà les opinions sur le sujet. La classe politico-médiatique s'efforce de neutraliser le mouvement ou de le récupérer, selon la place des uns et des autres dans l'échiquier du système. Avec un objectif commun: phagocyter les possibilités d'imposer un changement venant du peuple. Le pouvoir « brouille » le calendrier Hier, le Premier ministre a fait passer un message sur Facebook pour « rassurer » les Algériens sur le calendrier de l'exploitation du gaz de schiste. Il affirme d'emblée : « Le gouvernement n'a jamais délivré aucune autorisation d'exploitation du gaz de schiste en Algérie ».Il conclut: « L'exploitation du gaz de schiste n'est pas du tout à l'ordre du jour du gouvernement« , alors que son ministre de l'energie et le Pdg de Sonatrach annonce des dizaines de millards d'investissement par an à partir de 2015! En décembre 2012, je notais dans le blog : « Les annonces du chef du gouvernement sont-elles crédibles ? La question est posé après qu'un ministre vient d'abaisser, hier, l'échéance d'exploitation du gaz de schiste : la date butoir 2040 devient ainsi 2022 ou 2027 dans le meilleur des cas, au lieu de 2040 comme annoncé par Sellal, il y a deux semaines. 15 ans de moins ! » Le Premier ministre brouille encore une fois les pages du calendrier. Et de toute façon, sur Facebook, rien n'est officiel. Le Pdg de Halliburton s'en fout pas mal. Est-ce une question de communication? Après avoir noté poétiquement que « L'émergence d'un mouvement citoyen contre le gaz de schiste au sud de l'Algérie est sans doute l'événement le plus rafraichissant de ces dernières années« , le journaliste et patron de presse El Kadi Ihsane en conteste radicalement le bien-fondé. Selon lui, l'exploitation du gaz de schiste est nécessaire. Selon lui, le seul tort du pouvoir est de pas avoir trouvé les bons arguments pour vendre cette décision. « La plus grande erreur de ce point de vue vient encore une fois du ministère de la Communication » précise-t-il. Le directeur de Maghreb Emergent explique : « La nécessité d'exploiter le gaz de schiste n'a jamais été présentée, et donc perçue comme essentielle ». Le directeur du site économique Maghreb-Emergent et co-fondateur de l'édition algérienne du Huffington-post (qui tallonne TSA-Algérie) propose donc un synopsis pour l'établissement d'un plan de communication efficace. Mais, il pense qu'il ne sera pas appliqué. « Problème, les ressources les plus compétentes sont dans l'opposition.Il y a, au gouvernement, des profils d'exécutants zélés qui font, peut-être, beaucoup moins l'affaire lorsqu'il faut devenir inventif et audacieux ». Quelle opposition? Dans quelle « opposition », El Kadi Ihsane trouvera-t-il ces gens « audacieux » capables de faire passer la pilule du gaz de schiste? Apparemment, « l'audace » en faveur du gaz de schiste n'est pas à l'ordre du jour des communicants de la CLTD qui ont pour tâche prioritaire le changement immédiat d'équipe au sommet de l'Etat. Après avoir ignorer la question du gaz de schiste, Ils ont jugé qu'il était urgent de soutenir médiatiquement les contestataires. La CLTD, regroupant les partis FJD (Aadala), Jil Djadid, RCD, MSP et Ennahda, en plus d'Ahmed Benbitour, affirme donc dans un communiqué son soutien aux populations du sud. Sofiane Djilali, le fringuant président de Jil Djadid se déplace même dans le sud pour « dénoncer l'exploitation du gaz de schiste ». Réveil tardif de l'opposition-maison que s'est fabriqué le système. Que fera-t-elle une fois au pouvoir? Rompra-t-elle avec les mécanismes du système. L'évolution politique en de début d'année confirme bien qu'en Algérie le changement ne viendra que d'en bas. Mais, qu'en est-il de Mouloud Hamrouche? Pour l'instant les membres de l'establishment médiatique supposés appartenir au « courant réformateur » de l'ancien premier ministre- comme El Kadi Ihsan ou Abed Charef-, sont favorables à l'exploitation résolue du gaz de schiste et ne reproche au pouvoir que sa gestion calamiteuse. * facebook * twitter