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Algérie : quel bilan depuis l'indépendance ?
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 04 - 04 - 2015

« Le projet du régime algérien, de 1962 à nos jours, a consisté à s'opposer à la société. Si l'Algérie a échoué dans sa farouche volonté de se moderniser, c'est parce que toutes les politiques de développement ont été conçues pour satisfaire les aspirations du peuple imaginé et non pour répondre aux demandes de la société réelle jugée trop matérialiste par le mysticisme du pouvoir », Lahouari Addi, dans « l'Algérie d'hier à aujourd'hui ».
Ce qu'il faut rajouter à ceci, c'est que ce modèle a été choisi arbitrairement par une infime minorité de dirigeants vers la fin de la guerre. Bien que l'action révolutionnaire de novembre 1954 ait pour but de se débarrasser de la sujétion coloniale, les idéologues du FLN, dont le chef de file est Houari Boumediene, réservent au peuple algérien un avenir sombre. En effet, en voulant construire « un peuple imaginaire », pour reprendre l'expression de Lahouari Addi, le régime algérien, issu du coup de force de l'été 1962, instaure un système où le citoyen est tout bonnement exclu de la gestion de ses affaires. Et pourtant, si les Algériens avaient pris les armes en 1954 pour se libérer de la domination coloniale, ils n'auraient pas souhaité troquer une domination par une autre. Bien que certains populistes puissent tenter de justifier celle des nationaux comme étant un mal nécessaire, dans le fond, le déni de la liberté conduit au même effet : le citoyen devient sujet.
Or, bien qu'il écrase son peuple, le régime se dit agir dans l'intérêt de la patrie. Dans la réalité, et notamment dans les pays qui respectent la souveraineté du peuple, c'est ce dernier qui détermine ce qui lui convient. Pour ce faire, il délègue ses pouvoirs aux dirigeants issus des urnes. Faut-il pour autant que les dirigeants jouent le jeu de la légalité ? Le meilleur exemple en la matière est la défaite de Churchill aux élections législatives britanniques après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Comme quoi même un libérateur n'est pas forcément un éternel chef. Hélas, entre Churchill et les dirigeants algériens, la conception du pouvoir est aux antipodes.
Par conséquent, après une sortie au forceps de la « longue nuit coloniale », pour reprendre Ferhat Abbas, le peuple algérien se voit confisquer sa liberté. Le régime algérien construit alors un modèle, à en croire Lahoauri Addi, qui ne répond à aucune norme internationale, notamment sur le plan économique. « Le marché suppose des pouvoirs autonomes du pouvoir exécutif, notamment celui des syndicats et du patronat, ce qui conduirait à institutionnaliser les libertés publiques auxquelles le régime algérien est hostile », écrit le sociologue. De la même manière, cet exemple peut s'extrapoler à tous les domaines. Car, pour lui, la liberté des citoyens signifie sa remise en question. En tout cas, ce système est maintenu, contre vents et marées, de 1962 à 1988, et ce, avec toutes les catastrophes qu'il a occasionnées. Cependant, bien que l'échec soit exclusivement celui du régime, sa mainmise sur les mass-médias lui donne une tribune en vue de se disculper. Dans le domaine économique, « la bureaucratie fait porter la responsabilité aux travailleurs qu'elle accuse de ne pas être productifs, alors que ces derniers ne font que s'adapter à un système politiquement rentable à la bureaucratie d'Etats et aux couches rentières », note-t-il.
En s'emparant de la rente pétrolière, le régime génère les plus graves inégalités. À tel point que certains parlent de deux Algérie (s). L'une opulente, composée des dirigeants et de leurs proches –quand la rente est importante, le régime élargit naturellement sa clientèle –, et l'autre pauvre, représentée par le reste des Algériens. Dans ce cas, quel bilan peut-on dresser des 53 ans d'indépendance ? Malgré l'aisance financière des quinze dernières années, le pays est assis sur un volcan. Et pour cause ! Le pays dépend exclusivement de sa rente pétrolière. « Depuis 1967, l'Algérie a un des taux d'investissement les plus élevés du monde par rapport au PIB. Et pourtant, il y a un échec patent dans la construction d'une économie productive satisfaisant les besoins du marché national. Les exportations sont assurées aujourd'hui à 97% par les hydrocarbures ! L'Algérie n'exporte pas de produits manufacturés parce que les politiques économiques suivies à ce jour n'ont jamais eu pour objectif stratégique de construire un marché national régulé par les lois de l'économie politique pour affronter la concurrence internationale », résume-t-il le bilan postindépendance.
Enfin, bien que dans les années 2000 la conjoncture financière soit favorable, les investissements –qui sont certes colossaux –profitent, selon Lahouari Addi, en majorité aux entreprises étrangères. À cela s'ajoute une corruption touchant toutes les strates de la société. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que celle-ci handicape le pays. Pour donner un ordre d'idée, celle-ci est estimée à des dizaines de milliards de dollars. D'ailleurs, en Algérie, quiconque veut s'enrichir, en période d'aisance financière, doit impérativement s'approcher des gens du pouvoir. « En effet, la source principale des richesses n'est pas le travail, mais les relations avec le personnel de l'Etat qui est aux commandes de la répartition de la rente pétrolière à travers les autorisations d'importations de biens, l'accès aux devises et la distribution de terres foncières urbaines et périurbaines », conclut le sociologue.
En guise de conclusion, il va de soi que la libération nationale concerne uniquement le territoire. Quant à la population, celle-ci est prise en otage depuis 1962 par le clan régnant. De coup de force en coup de force, le régime se maintient par la violence. En effet, 53 ans après l'indépendance, les Algériens ne peuvent pas manifester dans la capitale. Aujourd'hui encore, le régime fait la sourde oreille à tous les appels pour changer la façon de gouverner. Mais, cette stratégie à ses propres risques. Lahouari Addi ls décrit comme suit : « comme il n'y a pas d'espace protégé juridiquement pour l'expression des divergences politiques, les dirigeants ne sauraient pas où aller s'ils venaient à quitter le pouvoir. L'Etat est devenu leur refuge pour échapper au sort de Kadhafi qui lui aussi avait cultivé le mythe des masses populaires tout en empêchant la Libye de donner naissance à une société où il aurait pu vivre en tant que citoyen et ancien dirigeant. » En Algérie, cela se vérifie d'ailleurs lors de la moindre sortie des commis de l'Etat, accompagnés par des escortes de police impressionnantes.


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