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Syndicat National des Médecins Résidents Algériens. Lettre Ouverte à Monsieur le Ministre de la Santé
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 15 - 08 - 2015

Nous assistons depuis bientôt un mois à une campagne ignominieuse de dénigrement et de diabolisation systématique des praticiens de santé, les livrant dans les médias à travers vos prises de positions populistes et votre formulation à la sémantique démagogique à une opinion publique désinformée et trompée. Celle-ci ne manquera pas de venir manifester son courroux dans les différentes structures de santé, en accroissant davantage le niveau de violence physique et verbale qu'elles connaissent déjà, sans pour autant ne rien régler aux problèmes de fond qui gangrènent le système dans son ensemble.
En effet, vos interventions médiatisées à desseins pour flatter l'aigreur de certains et conforter l'ignorance de certains autres tout en dédouanant vos services de toute responsabilité et faisant du seul Médecin le promoteur désigné de tous les manquements et de toutes les défaillances, sont une manœuvre politicienne de piètre acabit. Elle ne réussira certainement pas à faire diversion quant à l'état de déliquescence avancée que connait ce secteur important ni à dissimuler la compromission des véritables responsables. Elle ne parviendra pas également à masquer l'inefficience et l'inanité criardes des mesures avancées qui relèvent davantage de l'effet d'annonce et de la gestion de l'image que d'une réelle volonté d'organiser et de moderniser l'accès au soin du citoyen algérien.
Vous avez livré, Monsieur le Ministre, l'honneur d'une corporation entière, sans distinction aucune entre le « bon grain et l'ivraie » et sans la modération de ton ni la justesse et la précision du propos que l'on est en droit d'attendre d'un haut responsable de l'Etat, à la vindicte d'une population légitimement excédée par les conditions désastreuses que connaissent les hôpitaux dont vous avez la charge, préférant ainsi user de la menace, de l'invective et de l'insulte plutôt que de mettre en place les leviers performants d'une politique de santé volontariste.
Nous avons de tout temps dénoncé avec force et sens du devoir la formation obsolète que nous recevons, les conditions d'exercice indignes dans lesquelles nous pratiquons, les dépassements et l'incurie de nombreux responsables médicaux et administratifs, la complicité criminelle des uns et des autres dans l'organisation des pénuries, dans la perpétuation du manque de matériels et de moyens, dans l'entretien des pannes répétées, le népotisme dans la passation des marchés, le recrutement familial, la désorganisations des services, l'insalubrité érigée en norme, le manque de lits d'hospitalisation, l'insécurité généralisée, l'anarchie mortifère régnant dans les pavillons des urgences. Nous avons, sans ménagement aucun, voué à l'opprobre et à l'indignité, ces médecins qui poussés par la désespérance, le manque de considération, de reconnaissance sociale et économique, ou par simple et honteuse avidité du gain, ont sali la réputation du plus grand nombre et bafoué toutes les exigences de l'éthique, en détourant des patients vers le privé, en délaissant leurs responsabilités de soins et de formation dans le service public, en bénéficiant de complicités au sein des structures de santé pour profiter des moyens et du personnel de l'hôpital dans leur activité privée. Tout cela et davantage, nous le voyons, nous le vivons, nous en souffrons quotidiennement aux cotés de nos patients et nous le rejetons avec intransigeance et fermeté.
Mais si nous soutenons toute mesure visant à éradiquer les dépassements, les archaïsmes et ce fléau de la médiocrité couvée et sacralisée à tous les niveaux, nous n'accepterons jamais que l'honneur et l'intégrité du plus grand nombre, -ceux qui font face à la demande de soins de leurs concitoyens au quotidien, nuit et jour, dans des conditions difficiles, servent de « cache misère » et de « bouc émissaire » à la défaillance et à l'échec de ceux qui ont la charge d'organiser et de gérer le système de santé.
Ces Médecins que vous méprisez, que vous escomptez livrer aux coups du tout-venant dans l'exercice de leurs fonctions, que vous souhaitez mener à la « baguette » et dont vous faites croire à grand renfort de liturgie populiste qu'ils sont bien rémunérés alors qu'ils se situent au plus bas de l'échelle maghrébine, sont la cheville ouvrière du système de santé et continuent malgré tous les écueils et toutes les violences qui leur sont faites au quotidien à le porter à bras-le-corps avec courage, conscience et abnégation. Ceux que vous offensez sans ménagement à longueur de reportages, empruntant des élans sémantiques imagés dont se délectent goulûment certains médias de caniveau au projet de société identifiable et identifié, sont ceux qui n'ont pas rejoint pour l'heure du moins la cohorte des milliers de médecins et de praticiens spécialistes qui font le bonheur des hôpitaux de l'Occident et chez qui les membres de la nomenklatura et leurs familles vont se soigner à la moindre rage de dent.
La désinformation et l'agitation médiatique font certes de belles images destinées à duper le quidam mais ne suffisent pas à réformer le secteur de la santé et encore moins à draper ceux qui en usent de crédibilité. Car pourquoi alors ne pas vous en prendre au personnel para-médical, aux chefs de services, aux directeurs, aux gestionnaires et aux administrateurs ? Peut-être simplement parce que -contrairement aux pauvres médecins « du front », des « premières lignes », qui ne font jamais grève même lorsqu'ils font grève parce qu'ils assurent la continuité des soins-, les premiers disposent d'un syndicat puissant capable de véritablement paralyser les hôpitaux, les seconds ont des relais politiques et des réseaux d'influence qui dépassent le cadre de votre autorité. Quant aux derniers, depuis la pléthore de directions aux bureaux feutrés de votre ministère en passant par les directions émérites de la santé publique et jusqu'aux intendances climatisées des plus petites structures de santé, ils sont vos subordonnés, serviteurs zélés de vos recommandations et directives, miroir fidèle des différentes politiques de structuration, de déstructuration puis de restructuration que connait le secteur depuis des décades, et ne peuvent à ce titre être mis en cause sans que la culpabilité ne soit directement imputée à leur premier responsable.
Monsieur le Ministre, si l'Etat n'a pas réussi durant ces années d'embellie financière à édifier de nouveaux hôpitaux ni à moderniser ou du moins à seulement rendre salubres- les anciennes structures ce n'est certainement pas de la faute des médecins. Si vous n'avez pas réussi à organiser l'accueil, le tri et la sécurité au sein des pavillons des urgences du pays ce n'est pas de la faute des médecins. Si des milliers de malades n'ont pas accès à la chimiothérapie ni à la radiothérapie et continuent à mourir dans l'indifférence générale ce n'est pas de la faute des médecins. Si les pénuries répétées de médicaments et de consommables viennent rogner chaque fois un peu plus l'espérance de vie des patients ce n'est pas de la faute des médecins. Si les plateaux techniques et les équipements sont vétustes et mal entretenus ce n'est pas de la faute des médecins. Si des chirurgiens sont contraints de modifier leurs indications opératoires par défaut de matériel adéquat ce n'est pas de la faute des médecins. Si les lits d'hospitalisation ne suffisent pas à répondre à la demande sans cesse croissante ce n'est pas de la faute des médecins. Si le service civil échoue à garantir un accès aux soins équitable aux quatre coins de l'Algérie et contraint les patients à être constamment évacués d'un centre vers un autre ce n'est pas de la faute des médecins. Si la carte sanitaire demeure inadaptée aux besoins de santé de la population ce n'est pas de la faute des médecins. Si les médecins sont économiquement fragilisés, socialement dépréciés, administrativement opprimés, officiellement dénigrés et poussés à l'exil, ce n'est pas de la faute des médecins.
Si vous étiez réellement dans un langage de vérité avec le citoyen algérien, vous ne vous serviriez pas, Monsieur le Ministre, du praticien comme paravent pour éluder les vrais défis qui se posent à notre système de santé notamment avec les exigences colossales en termes de besoins médicaux qu'impose la transition épidémiologique. Vous lui diriez qu'il ne suffit pas de repeindre un hôpital ou de refaire le carrelage en dévalorisant et fragilisant matériellement et moralement la ressource humaine pour améliorer la qualité de prise en charge d'une population en expansion permanente. Vous seriez réellement réformateur en mettant en place les conditions d'une décentralisation de la gestion sanitaire et de son financement permettant aux administrateurs et aux soignants d'avoir les coudées franches afin de répondre précisément et efficacement aux besoins réels de leurs activités.
Vous seriez révolutionnaire, Monsieur le Ministre, en évoquant ce tabou dogmatique et démagogique de la gratuité des soins qui n'étant financée que du bout de l'intention politique n'est en réalité ni véritablement réalisée ni économiquement viable et assurément loin d'être médicalement efficiente. Osez avouer le désengagement progressif de l'Etat, déjà en marche puisque bon nombre d'examens et de gestes médicaux et chirurgicaux sont réalisés dans le privé- et débattez avec sérieux et responsabilité avec tous les acteurs du secteur des nouveaux modes de financement possibles autour de la pierre angulaire que doit demeurer la sécurité sociale. Faites participer financièrement les uns, mutualisez les autres et protégez les plus démunis pour garantir un investissement financé et toujours renouvelé dans les équipements et les infrastructures publiques afin d'éviter l'effondrement du système par épuisement des ressources ou par sa marchandisation libérale. Et puis enfin, Monsieur le Ministre, demandez à ceux qui à longueur de discours paternalistes et de déclarations moralisatrices ainsi qu'à ceux qui nous demandent de craindre Dieu et de mériter notre salaire lorsque nous réalisons plus de 40 heures hebdomadaires sans compter les gardes et astreintes, demandez-leur de grâce de venir partager notre pain rassis, notre quotidien accablant et de demeurer parmi nous pour se soigner. C'est précisément parce que le plus grand nombre des praticiens ont une haute idée de la morale et un sens aiguisé des responsabilités et du patriotisme qu'ils continuent en dépit de toutes les difficultés qui les minent à soigner, à opérer, à soulager, à se tenir debout aux côtés de leurs patients et qu'ils continueront à le faire, fiers d'être ce qu'ils sont après tant d'années d'études et de labeur.
La réforme de la santé en Algérie, Monsieur le Ministre, si réellement une volonté de réforme sérieuse existe, ne passera certainement pas en piétinant l'honneur et la dignité des soignants. C'est là l'engagement que prennent de simples médecins en formation, bien décidés à ne pas céder à l'anomie et à redonner à travers leur mobilisation et leur abnégation ses lettres de noblesse à ce métier sacerdotal qui est le nôtre. Un métier que nous avons choisis, que nous aimons et que nous ne déserterons pas, ni sous les coups, ni sous l'insulte.
Syndicat National des Médecins Résidents
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