Ali Boukhlef El Watan : » Des changements qui n'ont toujours pas livré leurs secrets. Et en l'absence d'une communication officielle, il est aujourd'hui difficile – voire impossible – de comprendre le sens réel de ces chamboulements ». Il est sans doute le seul à ignorer le sens réel de ces « chamboulements » » Pour comprendre un tant soit peu cette volonté qu'on prête au président Abdelaziz Bouteflika de reconfigurer les Services secrets, un petit rappel des faits s'impose. Nous sommes à l'été 2013. Le chef de l'Etat rentre d'un long séjour médical à Paris ». Faux. Le projet de restructuration du DRS devait commencer juste après le licenciement du général Mediène qui, lui, devait avoir lieu en 2008. Les américains s'y sont opposés et Bouteflika a reculé. » Des informations contradictoires circulent sur son état de santé. Puis, soudain, des décisions importantes sont annoncées. Le puissant colonel Faouzi, directeur de l'information auprès du DRS, est limogé. Les raisons ? On n'en saura jamais rien » . Il n'en sait rien, c'est possible. Ce qu'il y a de sûr à présent, c'est que tout le monde connait les raisons. Elles se sont produites entre le 13 et le 16 janvier 2013 dans une installation industrielle qui produisait 18% du gaz algérien. Pour leur malheur, à Tiguentourine, l'entreprise qui exploitait le champ gazier ne s'appelle pas l'Enasucre mais BP-Amoco. Et pour s'attaquer aux intérêts de BP-Amoco, c'est autant déclarer la guerre à la Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Une faute lourde. Maintenant, on voit bien qu'avec Tiguentourine les américains changent d'avis et autorisent enfin la pacification du DRS, un appareil dont l'identité est la barbarie. Ce n'est pas nouveau qu'un « service de renseignement » passe à la caisse avant de finir à la casse. Les mêmes faits et les mêmes conséquences se sont produits au Pérou, un pays ami du DRS et de Sonatrach. Après une grosse bourde, Vladimiro Montesinos (photo), le Mediène péruvien, a échoué en prison. En vendant secrètement aux FARC Colombiennes des armes achetées à la Jordanie, le chef du Servicio de Inteligencia Nacional (SIN), le DRS péruvien a dépassé les limites tolérées par la CIA et devait de ce fait solder les comptes pour tous les crimes commis. En somme, payer l'addition. Mais Montesinos n'était pas le seul à passer à la trappe. Santiago Martin Rivas, le chef opérationnel du groupe Colina, un escadron de la mort, placé sous l'autorité du SIN, est lui aussi en taule. Pour rappel, le groupe Colina et Santiago Martin Rivas, le général Ait Ouarab péruvien, étaient les frères siamois du SCORAT et de son chef aujourd'hui dans la prison de Blida occupé à tuer des rats qu'il confond avec les taupes. Pour comprendre un peu ce qui se passe dans le Diwan d'Alger, les péruviens donnent de bonnes clefs. Toutefois, dans ces histoires de restructuration des « services de sécurité », en particulier, et de l'appareil militaire en général, les crimes commis par les chefs militaires ne sont que des alibis. Lorsque les américains décident de clore un cycle et de commencer un autre, ils se servent des fautes comme celles du général Manuel Contreras dans l'assassinat d'Orlando Letelier et de sa secrétaire américaine à Washington même. Pourtant, Michael Townley, le tueur, vit aux Etats-Unis toujours protégé malgré les nombreux crimes commis en Italie et en argentine. Mieux que ça, les membres de la junte argentine et les barbouzes de leur « service de renseignement » croupissent en prison alors qu'ils n'ont attenté à aucun des intérêts US. Les officiers du DRS n'ont pas compris que leur temps était révolu et qu'ils devaient partir sans faire de bruits. Ils paient leur entêtement.