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Collectif Contre l'usage politicien de la Peur de l'Islam : Lettre ouverte à Monsieur Alain Juppé
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 30 - 01 - 2016


Monsieur le Ministre,
Comme d'habitude, à l'émission « C Politique » d'hier sur la 5°, vous avez été sans faute. Ou presque. Car en révélant qu'à 19h20, vous allez être « au lit, en train de lire le livre de Gilles Kepel… », vous avez pris le risque de perdre une partie de vos sympathisants. Certes, en province, et particulièrement à Bordeaux en hiver, on dîne tôt. Mais en révélant que juste après 19h vous êtes au lit, vous fournissez un argument de poids à Sarkozy qui ne trouve toujours pas à vous opposer une objection autre que l'âge. Comme si lui avait la garantie de rester jeune pour une durée indéterminée…
Par ailleurs, en révélant qu'une fois au lit, vous lisez, bon nombre de femmes, jeunes et moins jeunes, se sentiront solidaires de votre jeune et charmante Isabelle.
Enfin, en accordant de l'importance à la prose de Gilles Kepel , jugée soporifique par ses ex-fidèles lecteurs, vous décevez tous ceux qui qui finirent par l'assimiler à un faux spécialiste derrière lequel se dissimule un vrai charlatan. Savez-vous qu'il exigeait de parler seul à la tribune de l'auditorium de l'Institut du Monde Arabe dont il avait voulu être le président, juste avant l'ébruitement de la candidature de Ségolène Royal, puis la nomination de Jack Lang ? Grâce à la complaisance de certains responsables de l'IMA, Kepel a pu imposer une sorte de néo-jdanovisme à l'intention des seuls Arabes (qui restent, sans doute, des bougnoules pour cet invité de marque de l'université de Tel-Aviv), et des Français intéressés par le monde arabe. Il a pu transformer cette institution en une tribune où il vient exposer ses lieux communs en refusant toute discussion. Mais la semaine dernière, il a accepté un discutant qu'il a lui-même choisi parmi ses anciens doctorants de Sciences-Po. A propos de cet Institut, pourquoi a-t-il fait l'objet d'un licenciement sec décidé en 2010 par l'ancien directeur de ce prestigieux établissement, où l'on considère encore que tout n'est pas permis? Les plus attentifs parmi les cadres de l'IMA savent, via un peu discret directeur de revue égyptienne, que le politiste lui avait demandé d'intercéder auprès de ses bailleurs de fonds saoudiens, dont il condamne par ailleurs le wahabisme à chacune de ses nombreuses, trop nombreuses interventions télévisées. Cet intermédiaire, parmi d'autres qui restent discrets, dit avoir été sollicités pour lui débrouiller des financements qu'il voulait sans doute destiner à remédier aux inconvénients d'une mauvaise gestion de budgets de colloques, qui marquent plus par leurs dépenses somptuaires que par leur valeur scientifique.
Kepel n'était pas du tout content la semaine dernière quand son ex-doctorant s'est permis une lecture critique de « Terreur sur l'Hexagone ». Le discutant s'est pourtant contenté de se conformer à ce qui lui avait été appris à la rue St Guillaume. Mais cela a suffi à mettre Kepel hors de lui. D'autant plus que le courage du discutant a aidé de nombreux intervenants anonymes de la salle à interpeller le susceptible conférencier en passe de devenir un idéologue dogmatique qui a été accusé d'apporter régulièrement des cautions pseudo-savantes à l'islamophobie ambiante, de n'écrire que sur les courants radicaux tout en se faisant passer pour un spécialiste de tout l'Islam, afin de poursuivre son unique objectif: rentabiliser la peur à pour squatter l'espace médiatique en permanence et, surtout, pour revendiquer la part du lion dans la répartition des crédits de recherche. Ce que Kepel a pris pour de l'impertinence chez le courageux discutant a aidé les auditeurs de l'IMA à vaincre la peur pour poser des questions directes à celui qu'ils prenaient pour omniscient, et qui a révélé sa grande susceptibilité en même temps que son incapacité à s'expliquer sur les plus hasardeuses parmi ses hypothèses.
Quel intérêt aviez-vous à faire de la publicité à une heure de grande écoute au profit d'un opportuniste qui se dit à présent « socialiste », après avoir conseillé, en 2012, Sarkozy, en même temps, et dans le même sens que Patrick Buisson, quand le président-candidat s'est avisé d'attaquer tout l'Islam (l'islamisme n'étant qu'un prétexte), après avoir découvert que les discours musclés contre les immigrés ne rapportaient pas un seul point dans les sondages?
Certes « Terreur dans l'hexagone » vous fournit quelques "éléments de langage" qu'un ex-normalien comme vous peut trouver tout seul. Mais si vous compariez ses contenus à ceux de « Djihad », vous verriez que l'auteur n'a pas peur du ridicule: en 2001, il annonçait doctement et à la face du monde la fin de l'islamisme, après avoir combattu la thèse, plus nuancée d'Olivier Roy, et avant d'être durement démenti par le succès historique du Hezbollah au Sud-Liban et, surtout, par les attaques contre les Tours jumelles de New-York. Vous qui veillez à vos bonnes relations avec l'Algérie -à un colloque à Alger, un des profs de Bordeaux était fier de transmettre au président Boutéflika votre message de sympathie, qui honore le gaulliste que vous êtes resté-, savez-vous que Kepel a eu des difficultés à retourner dans ce pays en raison de ses incivilités, voire de son racisme? Sentant que les généraux qui l'avaient reçu à la parution de "Djihad" n'était plus aussi puissant à la fin du deuxième mandat de Boutéflika, il avait en effet demandé à être reçu par le regretté Abdelhamid Mehri aux propositions duquel la Présidence manifestait un intérêt certain. Mais l'ex-ministre du GPRA, qui avait reçu au Caire les émissaires du Général De Gaulle, préféra le voir dans le hall de son hôtel plutôt que dans le salon de sa résidence, réservé aux hôtes dignes de confiance. En sortant de l'entretien, Kepel osa dire à son accompagnateur (qui rapporta le propos, ce qui valut une recommandation de ne plus accorder de visa à ce drôle d'invité): « tant qu'il y a cette racaille du FLN, il n'y aura pas de bonnes relations entre la France et l'Algérie! » C'est du Kouchner, avec les écarts de langage en sus…
Ce triste Sire a trouvé le moyen d'aggraver son cas en faisant circuler le bruit (un bruit qui arrange les affaires de l'université de Tel-Aviv, dont il est le visitor, alors qu'aucun des 50 établissements algériens d'enseignement supérieur ne veut de sa phraséologie qu'il se contente de servir aux journalistes de Liberté), que le regretté Mohamed Arkoun aurait une origine …juive!!!
Enfin, dans le livre que vous lisez quand vous vous mettez au lit juste après 19h, et qui mériterait d'être feuilleté dans le train (lecture de gare…), Kepel consacre un chapitre au syrien naturalisé français et retiré dans une fermette de l'Ariège. Il se prétend plus compétent que l'anti-terrorisme qui a interpellé ce suspect, mais l'a libéré à la fin d ela garde à vue, faute de preuves justifiant une inculpation. Ce faisant, Kepel s'arrange pour salir le professeur Hamidullah par des insinuations héritées des méthodes suspectes du V° Bureau chargé de l'Action psychologique pendant la guerre d'Algérie. Comme beaucoup d'étudiants pratiquants, le syrien en question priait dans les années 70 avec les animateurs de la section de l'AEIF de Montpellier- et non de Toulouse. Kepel prétend que l'AEIF avait été créée en 1963 par Hamidullah qui, à 55 ans, n'était plus étudiant depuis plus de 30 ans. Par de douteuses associations d'idées, Kepel veut rendre Hamidullah co-responsable, à titre posthume des tueries dont la principale cause demeurera la rupture de Hollande-Le drian avec la politique de paix en Orient qui continuera d'honorer la France de Chirac-D. De Villepin, jusqu'à la fin des temps, aux yeux des Arabes anamnésiques en la matière. Mais on est sûr que ce syrien n'a jamais rencontré Hamidullah dont la traduction du Coran est qualifiée de « salafiste »par Kepel. Cette qualification est tout simplement idiote: un salafiste qui se respecte considère comme canoniquement illicite toute traduction du Coran…Kepel est ridicule aux yeux de tout lecteur des « banlieues de l'Islam » où, dès les premières pages, l'auteur avertit que tout au long de sa prose, les citations coraniques proviennent de la traduction d'un musulman pratiquant, le professeur…Hamidullah! Lequel se trouvait classé au sein de « la mouvance de pensée des frères Musulmans » (sic), dans « les Banlieues de l'Islam » qui reste , pour les spécialistes honnêtes, un grand moment dans l'histoire de la désinformation sur l'islam, et a préparé les esprits à l'actuelle islamophobie. Hamidullah vivait en France depuis 1932. En tant que gandhiste musulman, lié aux grands arabisants comme ses maîtres Maurice Gaudefroy-Demonbynes et Louis Massignon, il n'avait jamais eu affaire à la police. Mais peu de temps après la sortie des « banlieus de l'Islam », Hamidullah a été interpellé à Roissy par un service de police qui l'a interrogé pendant plus de 4 heures, après l'avoir fouillé, déshabillé…Quand j'ai raconté cela au regretté Jacques Berque, il eut honte de la dérive de la « politique musulmane », d'essence sécuritaire, de la France et répondit en arabe égyptien: « yakhrab baythoum » (que Dieu démolisse leur maison). Vous qui lisez attentivement en début de soirée, interrogez-vous, avant d'interpeller l'auteur, sur les raisons pour lesquelles Kepel fait passer Hamidullah, à titre posthume de « la mouvance de pensée des Frères Musulmans » à l'appartenance au "salafisme". Ce concept demeure fumeux aux yeux des spécialistes auquel il n'a jamais répondu au motif qu'il n'a pas de temps à perdre avec « les cénacles universitaires », auxquels il préfère nettement les journalistes complaisants , les laïcistes qui héritent d'un blocage/ l'islam et les autres politiques désireux de rentabiliser la peur des musulmans.
Tout historien impartial qui se donnerait la peine de consulter le dossier de Hamidullah au CNRS décourirait le ridicule des suppositions-insinuations de Kepel. On trouve dans ces archives les très élogieuse lettres de recommandation de Gaudefroy-demonbynes et de Massignon. Ce grand arabisant décrivait Hamidullah, qui appartenait à une autre génération, comme « notre maître et notre guide, nous autres islamologues non-musulmans, en matière de recherche de documents de première main sur les débuts de l'Islam ». Avant le recrutement de Hamidullah au CNRS, Massignon avait proposé la création, pour lui, d'une chaire sur la Sira (biographie) du Prophète à La Sorbonne. Mais Régis Blachère s'y était opposé. C'est en souvenir de ce refus que Massignon a pu convaincre le « Club Français du Livre » de l'utilité d'une traduction du Coran par un musulman qui assume sa sensibilité religieuse. C'est ainsi que fut publiée en 1959, avec une belle et élogieuse préface de Massignon, la traduction du Coran par Hamidullah que Kepel qualifie de « salafiste » pour les besoins de sa désinformation permanente qui rend furieux les spécialistes avec lesquels il refuse de débattre, mais qui comble de satisfaction les journalistes bons à tout faire. L'orgeuil de kepel lui fait-il croire qu'il serait mieux avisé que Massignon, en matière de détection des « salafistes »?
A noter qu'en encourageant la publication de la traduction de Hamidullah, Massignon réussit à détrôner celle de Blachère qui était considérée comme « la Loi et les Prophètes », depuis sa parution en 1947. Massignon prononçait « Blakhir » (celui qui est dénué de Bien) pour marquer son hostilité à celui qu'il traitait de « franc-maçon, athée et SFIO », donc mal placé pour rendre compte correctement des problèmes de l'Islam.
Blachère avait soutenu une bonne thèse littéraire sur le poète Moutanabbi (en arabe, le faux prophète). mais il lui était reproché d'avoir raté l'étude du vrai Prophète. Et cela n'avait rien à voir avec le Salafisme, ni les Frères Musulmans qui n'étaient pas au centre des préoccupations de l'époque.
La très grande érudition de Hamidullah fit de lui le seul musulman dont Blachère, malgré ses options idéologiques, acceptaient de publier les articles savants dans « Arabica », où jusqu'à nos jours, il est très difficile de se faire publier. La prose journalistique Kepel y a toujours été refusée.
Hamidullah a publié aussi un ouvrage co-signé par Charles Pellat dont les exigences sont connues de tous les arabisants. Pourquoi Kepel passe-t-il sous silence l'appartenance de Hamidullah au CNRS, ainsi que ses liens privilégiés avec l'élite des arabisants avec lesquels il ne pourra jamais rivaliser?
Est-ce par manque d'intérêt pour l'histoire du temps présent » et, spécialement, de ce type de relations entre cette catégorie d'orientalistes et de grands érudits musulmans comme Hamidullah, qui relativise une partie des thèses d'Edward Saïd ? Cela paraît possible. Ou est ce que le vibrionnant politiste pousse l'outrecuidance jusqu'à manquer d'humilité au point de se croire plus perspicace que Gaudefroy-Demonbynes, Massignon, Blachère, Laoust et Pellat réunis? Cela paraît encore plus probable. Cette occultation de la stature scientifique et intellectuelle de Hamidullah est tout simplement indigne parce qu'en la mentionnant, il aurait rendu encore moins convaincantes ses laborieuses démonstrations tendant à faire de ce grand savant l'inspirateur lointain d'un « complice » du terrorisme qui, pour avoir accueilli dans sa fermette des jeunes devenus des radicaux, n'a même pas été mis en examen. Sans doute parce que ces derniers sont plus nuancés que leurs aînés de la fin des années 80, et ne apprécient à leur juste mesure les élucubrations comme celles qui valurent à Hamidullah un interminable interrogatoire et une fouille au corps sur la base des suppositions hasardeuses des « banlieues de l'islam ».
A la même période, un ancien président de l'AEIF, se trouvait condamné à 5 ans de prison en Tunisie. Ce commandant affecté aux services technique de l'armée tunisienne était un musulman pratiquant, autorisé par sa héirarchie à diriger la prière dans une salle ouverte avec le consentement de ses supérieurs, qui étaient au courant de son passage à l'AEIF quand il faisait ses études à Paris. Mais cela ne lui rapportait aucun ennui, l'AEIF étant considérée comme une association piétiste et apolitique, et dont les animateurs étaient en conflit ouvert avec les tenants de l'islam politique, qu'ils soient chiites ou Frères Musulmans radicaux. Mais dès la sortie du livre de Kepel, les services tunisiens emboîtant le pas à la DST reprochèrent aux officiers de l'armée tunisienne leur « naïveté » et reprirent à leur compte le jugement lapidaire du vibrionnant islamo-politiste: selon lui, et selon lui seul, l'AEIF n'aurait été qu'une association crypto-intégriste qui aurait préparé toute une génération « d'activistes radicaux »!!!
On le voit bien, cet essaysite complaisant qui n'hésite pas à mettre en danger la sécurité des personnes, généralement innocentes, mais à qui il refuse d'appliquer la présemption d'innocence. Acharné à avoir des chiffres ronds, il s'arrange pour truquer les échantillons d'enquêtes comme l'a révélé, pour le dénoncer, le démographe Emmanuel Todd. Chez lui, la fin justifie les moyens.Pour avoir répudié, à des fins de carrière, l'éthique la plus élémentaire du chercheur, il ne s'embarrasse d'aucun scrupule, surtout quand il s'agit d'accabler des musulmans dont il fait des suspects permanents.
Ses dernières cibles, il les a trouvées parmi ceux qui célèbrent des dates de la mémoire coloniale. Au moment de l'affaire Merah, il a fait la courte échelle à J. M. Le Pen (qui le prend encore au sérieux comme le font Zemmour, Guéant, Hortefeux et Malika Soral) qui a traité le jeune terroriste de « fellagha ». Notre médiatique islamo-politiste avait déclaré le matin même, sur la station de Lagardère que Merah aurait choisi la date du 19 mars, à cause du cinquantenaire du cessez-le-feu en Algérie. Merah devait être enterré en Algérie. Mais à cause de la déclaration inspirée à Le Pen par Kepel, le gouvernement algérien est revenu sur son autorisation. Puisque c'est « un fellagha », la France, où Merah était né, où il fut mal éduqué et mal intégré, devrait lui permettre de faire valoir le droit au « sous-sol », argumentait-on à Alger.
En faisant croire que la célébration des dates de la mémoire coloniale serait à l'origine de la nouvelle vague de terrorisme, Kepel entendait pouvoir remédier à la sérieuse perte de crédibilité causée en 2001, quand en voulant s'ériger en islamo-futurologues, il fit de très mauvaises prédictions sur la fin de l'islamisme. Mais sa démonstration est dénuée de preuves, et même du moindre indice. La corrélation avec la mémoire coloniale est totalement improbable si l'on se souvient que Merah a été éjecté du collège en classe de 5°, et que même les plus brillants bâcheliers ne savent pas ce qui s'est passé le 19 mars 1962, compte tenu de la crise chronique de l'enseignement de l'histoire dont se plaint le collège des inspecteurs de cette matière. Et puis, à supposer que Merah ait eu ce genre de mobile, pour exaler sa haine et exprimer son désir de revanche, il aurait choisi la date d'un drame, comme le 8 mai 1945, ou le 17 octobre 1961. Le 19 mars 1962 n'est pas la date la plus indiquée, puisqu'il s'agit d'un soulagement généralisé suivi par des explosions de joie chez les Algériens. En fait, Kepel ne fait que révéler les blocages sur l'Algérie qu'il traîne encore en s'acharnant à prouver vainement, et contre l'évidence des chiffres de l'Union Européenne, que la proportion de djihadistes d'origine algérienne serait la plus forte.
On sait que Kepel est fâché avec l'histoire depuis la publication de sa première prose, « le Prophète et le Pharaon ». En 2001, il a montré qu'il est un piètre prophète; et il a échoué à devenir le Pharaon des études islamiques en enchaînant les échecs: de ses candidatures à la direction du CEDEJ du Caire, à celle de l'IRMC de Rabat, au Collège de France, à la présidence de l'IMA et, tout récemment, à prendre la tête d'un établissement dont il proposa la création en reprenant à son compte les projets d'ouverture d'un « espace d'expression scientifique et intellectuelle de l'Islam » proposés par le regretté M. Arkoun. A noter que ces projets furent sabotés à plusieurs reprises par des ministres socialistes, notamment Jospin et Allègre (quand l'un était chef de cabinet de l'autre à l'Education nationale, puis minsitre du même ministère quand l'autre était premier ministre); sans parler du refus arbitraire du projet (fondé en droit, et approuvé par Mitterrand) de Faculté de Théologie Musulmane en zone concordataire par la place Beauvau où l'on entendait mettre en échec tout ce qui avait le soutien de l'Elysée juste pour venger l'humiliation infligée au ministre de l'Intérieur de l'époque lors de la première « affaire Haddam »(Mitterrand a autorisé en 1989 l'arrivée du nouveau recteur de la mosquée de Paris, nommé par le général Belkheir, quand l'Intérieur voulait la « franciser »…). Kepel participait activement aux campagnes insidieuse de dénigrement de ces projets, qui auraient évité aux jeunes Français musulmans de se rendre au Yémen, ou au Pakistan pour y étudier l'Islam avant de se trouver embarqués dans de sanglantes aventures…Il était aidé par les « catholaïques » dont le recrutement à la chronique religieuse du Monde avait été négocié avec le cardinal Lustiger en personne. On sait maintenant que le cardinal-archevêque de Paris était foncièrement hostile à tout financement public de l'enseignement de l'Islam. Il craignait sans doute une diminution subséquente des subventions publiques accordées à l'enseignement catholique. Il voulait aussi voir l'Islam, perçue comme une religion concurrente, maintenue dans un état de délabrement intellectuel pour une durée indterminée. Le cléricalisme des chroniqueurs religieux du Monde (venus de la JEC), que l'on surnommait, dans certains mileux catholiques de gauche, « attachés de presse de Lustiger » se faisait l'allié du corporatisme laïciste de Kepel qui a été pris en flagrant délit de désinformation. En Janvier 1997, le saint chroniqueur du Monde lui a actroyé une demi-page dans sa feuille où l'islamo-politiste en passe de se muer en islamo-futurologue (vite désavoué par les événements imprévisibles de « l'Orient compliqué ») s'est aventuré de décrié le projet d'André Trocmé, alors président de l'université M. Bloch de Strasbourg qui s'est trouvé accusé de contrevenir à la « neutralité axiologique » de l'université publique, en voulant y former des imams. Mais un membre de la rédaction du Monde s'est donné la peine de se faire faxer le projet Trocmé où il n'est, à aucun endroit, question de formation d ecadres religieux musulmans. Interrogé sur cette bévue, dont s'accomodait cet ex-« journal de référence », le catholaïque chroniqueur a justifié cette désinformation par le fait que l'interview avait été recueillie au téléphone, quand l'interviewé était au bord d'une …piscine…loin de ses documents!!!
Vous voyez avec quelle « rigueur » le journal le Monde et Kepel traitaient les graves questions de l'Islam durant leur temps de loisirs avec une complaisance inchangée hors des RTT…
Sur l'affaire Merah, en jouant à l'apprenti-historien, inventeur de causes inattendues et hasardeuses d' »auto-radicalisation », Kepel entendait voler au secours des officines soupçonnées de manipulation. A l'appui de ces soupçons: la fiche présentant Merah comme dangereux, communiquée par les efficaces services pakistanais à leurs homologues français, qui trouvèrent le moyen de faciliter les séjours du suspects en Israël, puis en Algérie. A Alger, ce RMIste a pu loger un mois durant dans un palace, l'ex-hôtel Saint George où la nuit coûte au minimum 250 euros…Au lieu de chercher du côté des officines qui n'acceptent sûrement pas de débourser de si importantes sommes par compassion pour les pauvres, Kepel se charge de la manipulation de l'opinion grâce à la complaisance de la nouvelle et médiocre rédaction du Monde et de celle d'Europe 1.
Voilà ce que m'inspire, Monsieur le Ministre, votre publicité, qui n'est même pas clandestine pour ce mauvais livre signé (et rédigé avec un autre) par un peu rigoureux essayiste dont les quelques précédents en matière d'intoxication, de désinformation et de déductions hâtives se trouvent rappelés dans ce qui précède. Vous prenez le risque de vous aliéner la sympathie des spécialistes restés attachés à l'éthique du chercheur, comme ceux qui refusent de transformer « l'Observatoire du religieux » en un haut du flicage des seuls musulmans. J'espère vous avoir convaincu que la seule citation de ce triste sire vous fait perdre des électeurs plus qu'elle lui rapporte de lecteurs.
Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de mes sentiments les meilleurs.
Le Collectif Contre l'usage politicien de la Peur de l'Islam
PS- Kepel a fait rire les députés de la commission sur la radicalisation des djihadistes(présidée par le camarade Menucci qui à cause de ses présupposés idéologiques, n'invite pas François Burgat,lequel a dû attendre d'être convié par un président de commission de droite) en leur signalant que ce n'est pas pour rien si le journal du FLN s'appelait « El Moudjahid ». Car certains parmi ses auditeurs moins fâchés que lui avec l'histoire, se souvenaient que Habib Bourguiba se faisaient appeler aussi « El Moudjahid el Akbar »( le Combattant Suprême de la Guerre Sainte »). Si Kepel avait eu une meilleure connaissance de l'histoire contemporaine de la Tunisie-et moins de comptes à régler avec l'Algérie- il n'aurait sans doute pas hésité à faire du laïciste Bourguiba (qui, en voulant obliger les Tunisiens à renoncer au jeûne du Ramadan fut accusé de collusion avec la maçonnerie), le grand père spirituel des Djihadistes actuels.
On sait maintenant que l'intitulé du journal du FLN avait été choisi par Abane Ramdane, le plus laïciste parmi les dirigeants de la Révolution algérienne.
Ainsi, en suivant les singuliers raisonnements que sert Kepel aux journalistes et aux députés, dont il sous-estime l'intelligence, le djihadisme actuel aurait pour lointains inspirateurs les deux plus grands laïcistes de toute l'histoire des nationalismes maghrébins!C'est lamentable…


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