La révolte du FFS en 1963 était une réponse à ceux qui ont confisqué l'indépendance de l'Algérie aux Algériens, ont déclaré, ce jeudi, les anciens militants du parti d'Aït-Ahmed, lors d'une soirée-témoignage, organisée par le conseil national du parti à Alger. Lyès Menacer – Alger (Le Soir) – Le Front des forces socialistes a invité, jeudi soir, ses anciens militants dits de 1963, pour recueillir leurs témoignages sur la révolte qu'a menée Hocine Aït-Ahmed dans les maquis de Kabylie jusqu'à 1965, date de son arrestation. Ancien commandant de la Wilaya IV et membre fondateur du FFS, Si Lakhdar Bouregâa se souvient de ces événements avec force précisions. Il dira que la révolte de 1963 n'était que la continuité du combat mené par les moudjahiddine qui ont cru en la libération de l'Algérie du joug colonial. A travers son long témoignage, il tenta de réhabiliter les acteurs du congrès de la Soummam qu'il a qualifiés de bouffée d'oxygène pour avoir fait sortir la guerre de Libération d'une situation de flou qui a failli l'étouffer. «Ceux qui accusent Abane Ramdane de trahison ne font que servir les intérêts de la France coloniale qui a cherché à l'assassiner historiquement et ensuite physiquement. Que ceux qui profitent des richesses que leur procure le pouvoir sachent que ce peuple a résisté et continuera de leur résister. Il continuera sa lutte contre leur dictature et leur injustice», indiquera-t-il en substance. Le conférencier a appelé les présents à la sauvegarde de la mémoire collective. «L'histoire est comme une carte géographique. Elle est le repère des peuples. L'histoire est un vaccin qui protège les générations futures contre l'oubli », ajoutera-t-il, estimant que «les algériens ont un grand problème avec l'histoire que certains utilisent à des fins politiques. L'histoire est la propriété exclusive des peuples. L'utiliser en politique conduit à sa falsification. » Par ailleurs, Bouregâa regrettera de voir «la lâcheté et l'hypocrisie érigées en valeurs sociales.» Selon lui, la responsabilité incombe à l'élite qui fabrique l'opinion publique. «L'élite doit assumer son statut et contribuer à l'épanouissement de son pays au lieu de chercher à servir les intérêts d'un clan qui a pris le pouvoir depuis 1962.» Continuant sur sa lancée, l'orateur dira qu'il n'y a pas de multipartisme en Algérie : «Les partis politiques sont devenus des associations de soutien au régime.» «Le FFS n'est pas comme certains partis, né après 1988», note-t-il, ponctuant son récit de quelques anecdotes qui ont leur poids lors de la Révolution algérienne. Pour sa part, l'ancien représentant de la Zone 5 au niveau de la Wilaya III, Si Mohand Chérif, dira : «Nous avons toujours été dans l'opposition. En 1963, Ben-Bella est rentré du Maroc avec son armée pour prendre le pouvoir de force. Il a envoyé 5 000 soldats pour combattre la Wilaya IV. J'ai été emprisonné par Ben-Bella, Boumediène et Chadli, mais je n'ai jamais accepté de travailler pour eux.» Si Mohand Chérif a tenu à apporter sa vérité sur les circonstances ayant présidé à l'arrestation du leader du FFS, Hocine Aït- Ahmed. «Il faut que vous sachiez qu'Aït-Ahmed ne s'est jamais rendu. J'étais avec lui jusqu'à la dernière minute où il a été arrêté dans la maison qui nous servait de refuge à Aït- Zellal, dans la daïra de Mekla», a-t-il insisté. Et de conclure : «L'avenir est pour vous, les générations à venir. C'est à vous que revient la charge de perpétuer notre combat, de sauvegarder notre mémoire et notre histoire. » Les conférenciers n'ont pas manqué d'inviter les présents et les responsables du FFS à encourager la culture du dialogue au sein du parti et de la société. A noter que la direction du FFS compte organiser d'autres rencontres à travers le pays pour permettre aux anciens de 63 d'enrichir l'histoire du parti d'Aït-Ahmed avec leurs témoignages. Ali Laskri, ex-premier secrétaire national du FFS, a été présent à cette rencontre qui s'est poursuivi tard dans la nuit. L. M. DES CONGRÈS REGIONAUX AURONT LIEU Le FFS se réorganise La crise qui a secoué le parti de Hocine Aït-Ahmed, avant la tenue de son quatrième congrès, le mois de septembre 2007, semble dépassée. C'est ce que tente de démontrer Karim Tabbou, le premier secrétaire national du Front des forces socialistes, qui a annoncé que des congrès régionaux auront lieu dans les prochains jours à travers l'ensemble du territoire national. Ces congrès permettront de réorganiser les fédérations de wilaya et les sections locales du parti qui ont éclaté suite à un large mouvement de dissidences que les opposants à Tabbou ont déclenchés. Annaba a été choisie comme ville pilote pour tenir le premier congrès dont la date n'a encore été rendue publique. Le bras droit d'Aït-Ahmed a appelé les anciens de 63 à s'organiser pour mieux participer à la vie de leur parti. Karim Tabbou a profité de la présence de certains d'entre eux pour s'attaquer aux frondeurs, réitérant la position de son parti à continuer sa lutte «pour un pays libre, un Etat de droit et une société plus humaine», comme cela était écrit sur la banderole accrochée au mur où trônait le portrait d'Aït-Ahmed.