Au lendemain de la marche violemment «empêchée» par les forces de l'ordre, le FFS a organisé, hier, au siège de son parti à la rue Souidani-Boudjemaâ, une conférence de presse au cours de laquelle Ahmed Djeddaï est longuement revenu sur les circonstances de cette marche et sur l'avenir politique du parti aux prochaines législatives. Dans une déclaration liminaire, le premier secrétaire du FFS, a condamné avec la plus grande fermeté, la «répression», qui a visé spécialement les responsables des structures du parti de manière à provoquer la colère et les débordements, rappelant étrangement les opérations «ratonnade» d'une certaine époque. M.Djeddaï a précisé que plus de 150 militants et cadres du parti on été interpellés par les services de sécurité, dont la plupart avaient été arrêtés très tôt vers 9h, avant même d'arriver sur le lieu de la manifestation, devant le domicile ou en route pour le siège où il était prévu de se rassembler. Le premier secrétaire du parti d'Aït Ahmed a ajouté que visiblement le pouvoir, qui a décapité le mouvement en interpellant les responsables locaux et nationaux du parti, voulait pousser les militants, livrés à eux-mêmes, à verser dans la violence et justifier, de ce fait, «une répression légale». Il a ajouté que c'était une véritable chasse à l'homme qui était organisée dans la capitale, procédant à des interpellations de militants aussi bien à Alger-Centre qu'à Bab El-Oued, Aïn Benian ou Bab Ezzouar. Le responsable national du parti d'Ait Ahmed a dénoncé plus particulièrement le traitement infligé aux mères de disparus qui, outre les insultes et les agressions, ont vu les portraits de leurs enfants disparus déchirés et jetés par terre. M.Ahmed Djeddaï, qui a considéré cette réponse du pouvoir à la marche pacifique de son parti comme une «répression scientifique», a d'ailleurs, déclaré que ce n'étaient pas «les habituelles» forces de l'ordre qui les avaient «dispersés», mais «des forces spéciales déguisées en policiers». Le numéro deux du FFS a rendu un hommage particulier à la presse qui «a été le témoin direct de cette violence grave et qui a ciblé aussi bien les gens du FFS que les journalistes» et surtout les photographes - un appareil a été détruit et cinq films confisqués. Face à cette réponse violente du pouvoir, «le FFS, déclare M.Djeddaï, ne baissera pas les bras et reste déterminé à poursuivre son combat démocratique, à militer pour l'émergence d'une alternative démocratique nationale avec les acteurs sociaux et politiques autonomes épris de paix, de vérité et de justice». Au cours de cette conférence de presse, le responsable du FFS a déclaré que son parti n'a pas encore pris de décision concernant sa participation aux législatives prévues pour le 30 mai. Djeddaï a ajouté que cette importante décision sera prise à l'occasion du prochain conseil national prévu le 21 mars prochain. Interrogé sur les prochaines actions politiques du FFS sur le terrain, le numéro deux du parti a déclaré que le Front réagira au moment opportun sur les questions importantes de l'actualité. Le FFS n'a pas voulu, à cette occasion, commenter la décision de boycott de son rival, le RCD, en Kabylie, mais, en revanche, M.Djeddaï confirme qu'il y a une reconfiguration du paysage politique et qui était nettement perceptible lors de la dernière rencontre avec le Président à l'occasion du discours sur la Kabylie. Interrogé sur l'absence de réaction de la part de la classe politique concernant la marche du FFS, M.Djeddaï a déclaré que certaines personnalités proches du mouvement ont contacté la direction pour exprimer leur solidarité au même titre que certains syndicats autonomes et associations. Le FFS a enregistré avec satisfaction la réaction officielle du PS français qui a dénoncé les violations flagrantes des droits et des libertés des citoyens des militants d'un parti légal et représenté dans les deux Chambres du Parlement. Enfin, le premier secrétaire du FFS a annoncé la coorganisation avec des partenaires privilégiés d'une conférence sur les problèmes sociaux au mois d'avril prochain.