L'Autriche, reine des Alpes est un pays dont on parle peu sur le plan touristique. Même en haute saison, elle reste une des destinations les moins chères du monde en avion. Et pourtant ce petit pays de 83900 km2 et un peu plus de 8 millions d'habitants concentre une incroyable richesse culturelle, mais aussi scientifique. L'Autriche est considérée comme un des pays les plus « conservateurs » d'Europe. Les églises, très bien entretenues, sont relativement bien remplies les dimanches. L'impôt, imposé par Hitler en 1939, obligeant chaque citoyen catholique à verser l'équivalent de 1% de son revenu à l'Eglise serait toujours en vigueur. Vienne la capitale, berceau de la psychanalyse et de la musique classique, est aussi connue pour ses édifices baroques et classiques, sa valse, ses très nombreux cafés, son folklore, ses très nombreux musées, ses opéras, ses maisons de compositeurs et son incroyable propreté, du moins dans les quartiers chics de la ville. Parce que que Vienne est aussi une ville de contrastes où se côtoient les quartiers chics avec des quartiers populaires à forte concentration d'étrangers. Les transports urbains sont très développés et on est quelque peu surpris par la vétusté des tramways et l'absence de barrières de contrôle dans toutes les stations de métro. Mais ce qui est – peut-être – moins connu, c'est le cimetière « central » de Vienne. En réalité, il n'est pas si central que ne laisse supposer son appellation qui prête à confusion. Il est vraiment excentré à la ville et n'est desservi que par un vieux tramway qui emprunte les quartiers les plus pauvres de Vienne et dont le terminus se situe justement à une des entrées de Zentralfriedhof. Cet immense cimetière est une ville dans la ville. D'ailleurs, il est si vaste qu'il est desservi par un bus toutes les demi heures pour aller d'un groupe à l'autre de ces dédales d'allées entre les pierres tombales. En effet, Zentralfriedhof est divisé en carrés ou groupes numérotés(catholiques, protestants, juifs, musulmans, musiciens, ceux qui ont fait don de leurs corps à la Science…) de taille et d'entretiens très différents. Les carrés juif et musulman sont quasiment à l'abandon. A l'entrée du cimetière, des kiosques, des marchands de casse-croute, et des vendeurs de fleurs sont assez sollicités par les nombreux viennois qui viennent se recueillir sur les tombes de leurs proches. Mais, malgré sa beauté et son calme, on ne peut pas dire qu'il attire la grande foule de touristes parce que justement, assez excentré du centre ville. Inauguré en 1874, ce cimetière s'étend sur une superficie de 2,4 km2 avec près de 330 000 tombes accueillant plus de trois millions de morts, soit le double des habitants vivants de Vienne. La visite du cimetière est gratuite mais des ballades en calèche sont proposées au visiteurs qui leur permet de découvrir les tombes les plus célèbres. De même qu'un audio-guide est proposé à un tarif raisonnable. Juste après l'entrée principale qui mène à l'église du cimetière, un carré est réservé uniquement aux musiciens célèbres. Schubert, Beethoven, Strauss, Brahms… et un monument dédié à Mozart qui, à sa mort prématurée a été enterré « pauvre » dans une fosse commune en décembre 1791 et dont on n'a jamais retrouvé le corps malgré les incessantes recherches. Et c'est parce qu'on n'a jamais retrouvé le corps de Mozart que les Autrichiens, peut être pour se racheter, lui ont dédié, le plus grand nombres de statues à Vienne et Salsbourg mais aussi dans d'autres villes. De nombreux films et téléfilms, profitant de la beauté des paysages du cimetière, ont été tournés dans cet espace très riche en faune comme en flore. De même que ce cimetière fut l'objet de nombreuses illustrations de pochettes de disques et CD de chanteurs renommés. « À Vienne, tu dois d'abord mourir pour qu'on te lance des vivats. Mais après, c'est longue vie à toi. » disait un auteur autrichien peu connu. Le rapport des Autrichiens avec la mort a été évoqué par de très nombreux écrivains et autres psychanalystes dont FREUD. Il existe même des cimetières pour des animaux de compagnie. En plus du carré musulman abandonné de Zentralfriedhof, les musulmans de Vienne disposent d'un autre cimetière au Sud Ouest de la ville disposant d'une capacité de 4000 places et financé en partie par l'OPEP dont le siège est à Vienne. Et comme à chaque fois, on ne peut éviter de faire un parallèle avec notre pays où de très nombreux cimetières sont dans un indéfinissable état de délabrement. Et pas que chrétiens ou juifs : nos propres cimetières ! Un ami algérien qui a visité récemment l'Andalousie est revenu subjugué par l'héritage culturel et scientifique arabo-musulman de cette région occupée pendant huit siècles et s'est demandé pourquoi ce qui a été fait à Séville ou Cordoue n'a pas été réalisé en Algérie par ces mêmes conquérants. Je n ‘ai pas de réponse à cette question quasi existentielle. Mais je me souviens que la dernière parole du défunt Boudiaf , évoquant le développement des pays occidentaux, était « Bache fatouna had edouwal ? Fatouna bel 3ilm…. ». Bel 3ilm wa ethakafa ya Sid Raïs !!!! PS.Très ému dès l'entrée du cimetière et ne disposant pas de plan, je voulais situer le carré des musiciens. Je demande alors à un agent d'entretien où sont enterrés les musiciens. Comme je ne me souvenais plus du mot « enterrés » en anglais et avec un petit sourire je pose quand même ma question avec une grande hésitation: « Please where are…. where are… heuuu were are…. medfouning… the musicians. Et il a compris !!!