Est-il possible à nos historiens d'écrire un jour l'histoire de notre pays sans falsification idéologique, sans passion et sans mensonge? Depuis l'indépendance, des politiciens qui se sont faussement construits un passé révolutionnaire mythique pour puiser une légitimité indue, ne cessent d'inciter à l'écriture de l'histoire, une histoire à dormir debout, à laquelle plus personne ne croit car son viol a eu lieu précocement. Depuis lors, c'est dans un bouillon de culture frelatée qu'a évolué le citoyen Algérien pour devenir l'être névrosé au caractère reptilien, arrogant, dictatorial et intraitable dans ses certitudes. La certitude est la maladie des cons, dit-on. Le sait-il au moins? Même s'il a une ignorance galactique du sujet, il s'implique dans des débats qui dépassent ses compétences cognitives et son degré de connaissances. Ainsi, il a un avis sur tout, connait presque tout en étant partout. La politique, l'économie, le social, la religion, l'enfer, le paradis, les mystères du monde invisible sont autant de sujets sur lesquels il déblatère frénétiquement, étalant des arguments inconsistants et décousus dans une ambiance souvent violente et agressive pour faire taire son interlocuteur. Crier plus fort ne veut pas dire avoir raison. Notre débatteur, »déblateur » n'est pas de cet avis. Aucune discussion ne se fait dans le calme et l'apaisement. La nervosité et l'émotion sont toujours de mise. Le caractère reptilien prêt à vous foudroyer pour un mot, une phrase, une opinion, une idée qui ne cadre pas avec sa vision fusse-t- elle désastreusement fausse et dangereuse, vous fustige. Ainsi, on vous écoute ou on vous lit, non pas pour comprendre, mais pour vous répondre, vous contredire et vous humilier. Sous d'autres cieux, les enjeux » sociétaux » de grandes importances sont débattus par des think- tanks, des académiciens, des penseurs et autres personnes reconnues comme étant les plus qualifiées. Dernièrement, sans aucune prétention, j'ai publié un article sur le quotidien d'Algérie à propos de la langue Amazigh. Cela a fait un tollé sur les réseaux sociaux et sur les forums. Le titre de l'article était pourtant très significatif. Malheureusement le débat que je voulais initier a pris une tournure inadmissible ou l'insulte et l'invective ont été au hit-parade des arguments arguties. Ceci me donne l'opportunité, en guise de réponse, pour aborder le problème de l'altérité chez l'Algérien, dont a été l'objet de mon article, qui pense être le détenteur unique de la science infuse et de la vérité absolue. L'altérité est la reconnaissance de l'autre dans sa différence. Il est insensé de vouloir faire reconnaitre ses différences en ignorant celles des autres. Il y a tout un débat autour de cette thématique. Je voulais que mes compatriotes se focalisent sur ce sujet pour arriver à la conclusion que le mépris et la haine que nous éprouvons l'un pour l'autre vient justement de là. En ce qui concerne la langue Amazigh, je ne suis pas ferré en la matière pour donner un avis prompt. Je laisse cela aux spécialistes des langues. J'ai par contre des doutes quant à sa faisabilité et sa généralisation immédiate. Les érudits en la matière pourront faire face aux défis et trouver les bonnes réponses. Le système éducatif est le premier à s'impliquer lourdement dans ce sujet. Il existe des pays où plusieurs langues sont utilisées. Être servi dans une des langues officielles, est une obligation constitutionnelle et un droit citoyen et pas un privilège, une aumône ou une offrande de petite ou grande importance. Notre blocage est dans ce déni de droit et ce mépris que nous avons les uns pour les autres. Il faut lutter de toutes nos forces pour bannir la haine, le régionalisme, la « hogra », l'avanie et toutes formes de déconsidération. La beauté de notre pays est dans sa diversité et non pas dans son uniformité. Un pays ne peut prospérer que dans la diversité. Le conformisme dans lequel nous avons toujours vécu nous a menés au désastre en tout point de vue. Dieu nous a créé dans la diversité pour nous rencontrer, nous connaitre, nous apprécier, nous aimer et apprendre les uns des autres. En ces moments précis, les pieds noirs revendiquent une ayala, une hidjra, un retour sur nos terres, 55 ans après leur départ, pour créer un état qui restera éternellement rattaché à la France. Sommes-nous si sourds, si aveugles, si bornés, si bêtes et si stupides pour ne pas comprendre que le feu est en train de prendre dans notre pays? Divisons nous, entretuons nous, pendant que de nouveaux maîtres préparent le menu de notre nouvelle servitude et domination qui fera de nous, encore une fois, les esclaves des temps modernes. Sommes-nous condamnés à être un pays de conquêtes et de colonisations. Cela suffit. Construisons ce pays une fois pour toute dans sa diversité.