De son vrai nom Louiza Aouzellague, Dihya Lwiz, est décédée, vendredi 30 juin, à Ighzer Amokrane, Béjaïa. L'écrivaine avait 32 ans. Ses amis et proches ont organisé un rassemblement mardi à sa mémoire. Ils tiennent à témoigner de sa bonté… - Bachir Mefti. Editeur J'ai connu Dihia Luiz il y a quelques années au Salon international du livre d'Alger. Elle est venue de Béjaïa afin d'acheter des livre et découvrir la scène littéraire. Elle m'a alors offert son premier roman intitulé Jasad Yaskononi et est reparti avec quelques-uns de mes livres. A ce moment, j'ai compris qu'elle était fan de lecture. Avant de quitter les lieux, elle m'a laissé son numéro, ce qui m'a permis, après avoir lu son roman, de l'appeler pour la féliciter. Par la suite, nous sommes devenus amis. J'ai alors découvert une femme sincère, franche et qui n'a pas peur de donner son avis. Peu importe si ce dernier plaise ou pas ! Ce qui la caractérise aussi est son amour pour la littérature. Dihia n'a jamais cherché la gloire. Via ses écrits, elle a toujours cherché à répondre à ses interrogations et arriver à la vérité. Le succès lui importait peu. Tout ce qu'elle cherchait était d'écrire de la meilleure des manières et se dépasser. Son souhait avant sa mort était de finir son roman intitulé Erotomania, dont elle m'avait envoyé quelques chapitres. Ce livre raconte l'histoire d'un héros atteint d'un cancer, qui repense à sa vie, sa maladie, ses exploits, sa mort… Et enfin, une de ses principales qualités était le fait que malgré le fait qu'elle croyait corps et âme en la cause amazighe, elle incarnait le multilinguisme en Algérie, car elle aimait aussi la langue arabe et écrivait superbement bien dans cette langue. Elle était un véritable symbole de la diversité culturelle. Sa mort est une réelle perte pour nous ses amis, mais encore plus pour l'Algérie qui a besoin de jeunes écrivains et talentueux comme elle. Des intellectuels qui ne prétendent pas aimer l'Algérie juste pour réaliser leurs intérêts mais plutôt, car ils espèrent apporter un changement bénéfique pour le pays afin qu'il aille de l'avant. - Sami Talhi. Un ami Un ami. Je suis terriblement bouleversé par le départ précipité de Dihya l'amie, la poète et l'écrivaine qui écrivait en utilisant plusieurs langues, arabe, berbère et français. Dihya, l'éternelle engagée, qui a su traiter le sujet du Printemps berbère en utilisant la langue arabe à travers son texte Je me jetterai devant toi. Elle utilisait souvent la littérature arabe pour défendre la question berbère. Elle rêvait d'une Algérie belle et plurielle, arabe et berbère, propre et prospère. J'attendais avec impatience pour lire ton nouveau texte sur Hocine Aït Ahmed, tu voulais traiter toute une période de l'histoire de l'Algérie sous un nouveau angle, mais malheureusement ce projet ne verra pas le jour, car tu nous as quittés trop tôt. Dihya, rien dans ce monde ne peut me faire oublier ton sourire, ta force, ton énergie et ta joie de vivre et l'espoir que tu représentais pour moi. Paix à ton âme, chère amie. - Hakima Sabaihi. Enseignante et écrivaine Depuis que j'ai admirablement lu son premier roman, Jassad Yaskononi (Un corps qui m'habite) mon intuition était forte. J'avais en effet la certitude que Dihia est douée et passionnée. Elle ne distingue pas entre les différentes langues, ni région encore moins la culture et les traditions. A travers ses écrits, elle dégage une belle âme. Que dois-je dire d'une écrivaine très jeune qui a su adopter une Algérie sous toutes ses dimensions culturelles et linguistiques. Que dois- je dire d'une bougie qui se brûle pour allumer les esprits. Elle qui était une combattante des idées nobles. Elle aime écouter et surtout combattait la haine, le régionalisme, le racisme… Très jeune, elle se baladait dans un champ linguistique et de profondes idées…sans aucun complexe et surtout avec une facilité rare. Dihia, la souriante, frappe à toutes les portes de la culture, celles ayant une connaissance culturelle. Après sa mort, elle devient un symbole culturel dans cette Algérie handicapée. Le travail chez elle ? Très présente dans le café littéraire, l'amour de la littérature est inné aussi chez elle alors qu'elle est en préparation de son doctorat pour les sciences en économie. Elle voulait une lutte universitaire à travers l'écriture. Elle donne espoir aux nations qui vivent en difficulté. En trois langues, elle redonne espoir… En 2012 elle édite son premier roman Jassad Yaskonouni en arabe, puis en 2013 son deuxième Saqdifofou nafssi amamak et en 2016, elle décroche le prix Mohamed Dib pour un roman en tamazigh. Peu avant sa mort, elle entame une traduction en tamazigh des poèmes de Mahmoud Darouich.