Août 2018 Mon cher et adoré pays souffre depuis 56 ans d'une maladie contagieuse et inguérissable. Il est le foyer de tous les maux. Il est en même temps étrange, mystérieux, déroutant, attirant, mystique et paradoxal. C'est le seul pays anarchique au monde où tout va de travers mais où tout fonctionne. Un pays qui a bravé toutes les conquêtes et toutes les abominables injustices. Un pays qui ne meurt jamais car son peuple en est tellement amoureux qu'il saura toujours le ressusciter. Un pays qui sait se relever plus fort et plus décidé pour en découdre avec son avenir. Ce pays aux milles et un facies a toujours sacrifié les plus vaillants de ses enfants pour renaitre. Aujourd'hui, mon pays traverse une zone de turbulence assez grave car cette fois-ci la maladie est purement psychique. Des séquelles persistent encore dans le subconscient de chacun. Nous n'avons plus affaire à un ennemi étranger visible mais à nous-mêmes, à notre raison d'être et à notre raison de vivre. Nous sommes devenus les ennemis de nous-mêmes. Nous nous entretuons pour une idéologie, pour un espace sur la plage, pour un parking de voitures, pour une obsession, pour un rien. Nous apprenons tous les jours, à travers les médias, des choses nouvelles, inusitées, qui se déroulent sous nos yeux. Nous assistons impuissants et indignés à des crimes, des viols et des kidnappings insensés. La semaine dernière, une petite fille de 9 ans a été violée et assassinée à Oran. Il y a de cela un mois, une joggeuse a subit le même sort à Alger à 6h30 du matin. A Bougie des jeunes ont lâchement lynché un jeune pour une place de parking de voiture. A Oran, encore une fois, un père de famille de cinq enfants s'est vu ôter la vie par des jeunes au bord de la mer pour une place au soleil. Personne n'en parle ni ne dénonce, à part les médias qui leur permet de remplir leur journal. Les espaces publics et privés ne sont plus libres. Ni l'état, ni les imams n'en parlent dans les mosquées. On parle beaucoup plus d'un cinquième mandat pour un président qu'on voudrait ressusciter. Nous avons franchement atteint le paroxysme de l'insanité, de la démence, de la déraison. Ce phénomène devenu maintenant courant, échappe à l'état qui ne veut pas légiférer et aux pieux de nos mosquées qui préfèrent tourner la tête vers la Mecque. La mort sous toutes ses formes est ainsi devenue banale. Alors mourons tous. Sous d'autres cieux où le soleil ne brille pas assez comme chez nous, des psychologues, des psychiatres, tous les psys se mettront autour d'une table pour expliquer ce phénomène et lui donner un sens. Les gens de culte appelleront à la raison et l'état à travers ses canaux de justice et ses lois se prononcera à travers une personnalité politique. Tout le monde sera concerné et tout le monde en parlera pendant longtemps jusqu'à ce qu'un verdict, une sentence, une résolution ou une loi viennent mettre fin à ce fléau. Chez nous, c'est toujours, ça se passe ailleurs, pourvu que ça ne me touche pas. Mais cette fois, ailleurs c'est l'Algérie. L'ennemi d'aujourd'hui est Algérien. Ce qui se passe devant nos yeux ne sont pas des faits divers mais le reflet de notre quotidien. La frustration, le chômage, la drogue, la mal vie, l'injustice, la hogra, la corruption, la saleté, l'incivisme, le m'enfoutisme, la fatalité, le mensonge, la tricherie, l'incompétence, la méchanceté et autant encore, nous ramène à une réalité et à une explication de ces actes. Malheureusement, ceci n'est pas l'héritage que nous ont laissé nos parents mais c'est celui que nous laisserons aux futures générations. Et ainsi mourra un pays qui ne saura pas, cette fois-ci, renaitre de ses cendres.