Les déclarations du député du RCD à l'APN, Noureddine Aït Hammouda, sur la vieille question des faux moudjahidine, suscitent une levée de boucliers sans précédent. L'intervention de l'élu du parti de Saïd Sadi est, une semaine après – les déclarations ont été faites le 11 octobre lors d'une séance plénière de l'APN consacrée au débat sur la loi de finances 2009 – au cœur d'une véritable polémique. Emboîtant le pas au ministre chargé des Relations avec le Parlement, Mahmoud Khoudri, qui s'en est pris violemment aux députés du RCD, des organisations dites de « la famille révolutionnaire » et des partis de l'Alliance présidentielle montent au créneau pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme « un péché suprême ». En multipliant des déclarations, largement diffusées par l'ENTV, la Coordination nationale des enfants des chouhada (CNEC), l'Organisation des enfants des moudjahidine (ONEM) et les partis de l'Alliance présidentielle s'indignent contre ce qu'ils appellent une « atteinte à la famille révolutionnaire ». Ces derniers ont, deux jours de suite (jeudi et vendredi derniers), descendu en flammes les députés du RCD. Ils se sont adonné à un véritable lynchage des députés « fautifs » et demandent même la déchéance de leur mandat. Est-ce le début d'une campagne de dénigrement contre le RCD ? A quoi rime-t-elle ? Veut-on étouffer définitivement l'affaire des faux moudjahidine qui a fait couler beaucoup d'encre ? Rien n'est moins sûr. La simultanéité de ces réactions et la large diffusion dont elles ont bénéficié démontrent qu'elles ne sont pas innocentes. L'on se demande, dans ce sens, pourquoi ces organisations ne se sont pas manifestées durant toutes ces années où la question des faux moudjahidine était posée avec acuité. Contacté par nos soins pour avoir sa réaction par rapport à cette campagne, le député Noureddine Aït Hammouda se montre serein. Pour lui, ces organisations n'ont pas agi de leur propre chef. « Jamais je ne répondrai à ces organisations satellitaires nostalgiques de l'ère du parti unique, mais je préfère répondre à ceux qui les ont actionnées », déclare-t-il. Le député appelle le ministre des Moudjahidine à communiquer « le véritable chiffre des chouhada (martyrs) et des moudjahidine ». « Les gens qui ont séquestré les corps de Amirouche et de Si Lhouès pendant 24 ans, les responsables des assassinats politiques et ceux qui manipulent les résultats des élections ne doivent pas parler au nom de nos valeureux martyrs », lance-t-il. En stigmatisant ces organisations qui, dit-il, ne connaissent pas les lois, notre interlocuteur défie « ceux qui plaident pour la déchéance des mandats des députés du RCD d'aller au bout de leur tentative ». Le député ne compte pas se taire sur cette affaire. Il exige d'abord un droit de réponse. « J'ai appelé le directeur général de l'ENTV et j'ai exigé un droit de réponse. Le combat ne fait que commencer », conclut-il. Les responsables du RCD affirment aussi que seule la population, qui a mandaté ces députés, peut procéder au retrait de leur mandat. Le mandat d'un député ne peut être révoqué que dans deux cas, comme le stipule le règlement intérieur de l'Assemblée populaire dans ses articles 73 et 74 qui se réfèrent aux articles 106 et 107 de la Constitution : « Suite à une saisine du bureau de l'APN par le ministre de la Justice ou lorsque le député est condamné définitivement par la justice pour avoir commis un acte indigne de sa mission. » Madjid Makedhi 19 octobre 2008