Terrible est la nouvelle de la mort du militant des Droits de la personne humaine, Dr Kamal Eddine Fekhar, survenu aujourd'hui, à l'hôpital Frantz Fanon de Blida, suite à la détérioration de son état de santé, alors qu'il était incarcéré depuis le 31 mars dernier à la prison de Ghardaïa. Sa famille, ses camarades parmi les militants des Droits de l'Homme et son avocat, Maître Salah Dabouz, n'ont eu de cesse d'alerter les autorités publiques sur les conditions de sa détention qui ne répondaient même pas au souci de respecter le plus élémentaire de ses droits : le droit à la vie ! En grève de la faim depuis une cinquantaine de jours, Dr Kamel Eddine Fekhar recevait des injections quotidiennes qui l'aidait à tenir. Récemment, Me Dabouz, avait tiré la sonnette d'alarme sur le danger de mort qui guettait ce militant et détenu d'opinion. Sur sa page Facebook, il a écrit : » L'épouse de Fekhar m'a appelé m'annonçant, dans une panique totale que son mari ne s'est même pas réveillé pendant toute la durée de sa visite, au pavillon carcéral de l'hôpital de Ghardaïa. » Auparavant, le 16 mai dernier, Me Dabouz avait déclaré que » Kamel Fekhar a reçu l'injection et ne s'est pas réveillé avant le lendemain. Il a ressenti des maux de tête, ils lui ont ramené un médecin. ce dernier lui a dit « Ne me parlez pas », ce qui l'a tellement énervé qu'il a perdu conscience et a perdu la mémoire ». Arrêté avec son ami Aoun Hadj-Brahim pour » atteinte à la sûreté de l'Etat » et « incitation à la haine raciale », Dr Kamel Eddine Fekhar avait accordé une interview vidéo à Mohamed Ali-Allalou, ancien animateur de radio. Dans cette vidéo diffusée sur la page Facebook de Mohamed-Ali Allalou depuis, environ, deux mois, Kamel Eddine Fekhar déclarait, entre autres : » J'ai fait de la prison pour mes écrits. » Il y déplorait la situation politique de l'Algérie. Pour lui » La place de celui qui ose dire la vérité n'est pas en prison ». Tout en espérant que « le Hirak » puisse faire naître « une nouvelle Algérie », Dr Fekhar déplorait « la justice du téléphone ». L'assassinat programmé de Dr Kamel Eddine Fekhar est un avertissement envoyé aux autres détenus d'opinion en Algérie, aux militants politiques, aux militants des Droits de la personne humaine, à toutes les Algériennes et à tous les Algériens qui se sont mis en un formidable mouvement populaire pour l' instauration de l'Etat de Droit en Algérie. En ces jours où le peuple algérien est entrain de réhabiliter le politique, le régime montre son incapacité à accepter la réalité du mouvement révolutionnaire pacifique en cours dans le pays. Pire encore, l'effondrement de sa façade « civile » n'a rien changé à sa nature criminelle ! LIBERONS-NOUS VITE D'UN REGIME CRIMINEL ET D'UN SYSTÈME MORTIFÈRE ! L'assassinat de Dr Fekhar n'est pas sans rappeler celui du journaliste Mohamed Tamalt Décédé le 11 décembre 2016, ce dernier avait été incarcéré pour « outrage à corps constitué » et « atteinte à la personne du président ». Il avait observé plus de trois mois de grève de la faim. L'Algérie d'aujourd'hui n'est, certes', plus celle d'avant le 22 février 2019. Mais, le régime est toujours le même ! La promotion médiatique du feuilleton des arrestations que connait actuellement l'Algérie ne trompe que celles et ceux qui veulent croire à une justice « libérée de toutes les chaines et de toutes les pressions et les injonctions », qui revient comme un leitmotiv dans les discours lus par le chef d'Etat-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, notamment depuis le 30 avril. Depuis le 22 février, le peuple algérien a clairement affiché sa volonté de libérer l'Algérie d'un régime criminel et d'un système de l'exercice du pouvoir mortifère. Seulement, le souci de la vérité et l'impératif d'établir la justice doivent être au cœur de ce combat libérateur.Car, ces deux leviers sont à même de réhabiliter l'éthique et d'en faire l'âme du nouveau rêve algérien. L'affaire Kamel Eddine Fekhar rappelle la nécessité d'une libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus d'opinion en Algérie. Elle met aussi à l'évidence, l'impératif des mesures d'apaisement à prendre pour l' ouverture réelle d'une période de transition. Face à un régime hermétique à la moindre velléité de changement, il appartient aux Algériennes et aux Algériens d'œuvrer à la définition d'un nouveau projet national pour l'Algérie et de constituer des pôles de convergence autour de ce projet. Aussi, leur appartient-il de rendre interactifs ces pôles pour instaurer des mécanismes de médiation nationale qui puissent faire de ce projet l'objet d' un consensus national. Le changement démocratique en Algérie ne peut faire l'économie d'une transition politique, juridique et économique. Il ne peut, non plus, éluder la question de la légitimité dont la prise en charge passe par un processus constituant offrant à l'Algérie un texte fondamental définissant l'Etat, la Nation et le Citoyen. C'est seulement dans ces conditions que sera garantie l'édification d'un Etat national reposant sur une identité citoyenne transcendante et garantissant les libertés démocratiques,l'égalité entre les citoyens et la justice sociale. Un Etat articulé autour de la séparation des pouvoirs. Repose en paix, mon frère Kamel Eddine. L'Algérie du peuple ne t'oubliera pas. Hacène LOUCIF.