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Le dialogue, oui, mais pour quel objectif ?نعم للحوار …و لكن لأية غاية؟
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 04 - 06 - 2019

Parlant au nom de l'Etat-Major, le général Gaid Salah a appelé à l'ouverture d'un dialogue pour sortir de « la crise » qui dure depuis le 22 février. Pour l'EM, appeler au dialogue est déjà une concession majeure car jusqu'au 21 février, il se considérait comme le seul représentant légitime du peuple et que, de ce fait, il ne reconnaît aucune entité politique autre que lui-même. Le peuple ne dialogue pas avec lui-même.
Il y a un seul représentant du peuple et c'est l'EM qui le représente et qui désigne des civils, à travers des élections truquées, pour diriger l'administration gouvernementale. Dans ce schéma de pensée, l'idée de dialogue n'a pas de sens. Elle a désormais un sens depuis quelques semaines et l'EM reconnaît implicitement, à demi-mots, qu'il y a autre chose que lui-même dans le champ politique. L'EM veut désormais un dialogue. Et Gaid Salah ne menace plus ceux qui s'opposent à ses discours. Il dit seulement qu'ils rendront compte un jour à Allah, au peuple et à l'histoire. Mais Allah ne fait pas de politique et il ne prend pas partie pour les uns contre les autres dans des conflits qui opposent les croyants.
Si Allah faisait de la politique, Ali n'aurait pas perdu la bataille de Siffin contre Mo'awiya l'usurpateur, et Kamel Eddine Fekhar serait aujourd'hui vivant. Allah ne fait pas de politique mais il nous a donné une raison et une conscience pour trancher nos différends sur des bases justes. Quant au peuple, il manifeste tous les vendredis pour réclamer un changement de régime et non un changement dans le régime. Et l'histoire a déjà prononcé son jugement sur le régime né de l'indépendance qui n'a pas réalisé les aspirations du peuple relatives à l'Etat de droit.
Au-delà des effets de langage et de la ruse, le discours de Gaid Salah révèle les intentions de l'EM et permet de comprendre ce qu'il veut et ce qu'il ne veut pas. L'EM reconnaît la légitimité des revendications du Hirak et affirme qu'il veut accompagner celui-ci pour les réaliser.
Il reconnaît que le personnel civil désigné n'a pas été à la hauteur de la mission qu'il lui a confiée. Il a ordonné, en sa qualité de Souverain, l'ouverture d'enquêtes judiciaires contre d'anciens premiers ministres et ministres, et a mis en prison « la bande » qui a détourné l'autorité de l'Etat à son profit. Pour l'EM, les demandes légitimes du Hirak ont été satisfaites et le moment est venu pour « dialoguer » pour désigner un nouveau personnel civil qui dirigera l'administration gouvernementale. Gaid Salah dit aux manifestants : Jabtalkoum el jah, enouakal ‘alikoum rabi oua nbi, donnez-nous une seconde chance et tout rentrera dans l'ordre. La population refuse de donner à l'EM cette seconde chance qui vise à reconduire le même régime avec des têtes différentes, et répond par le slogan yatnahaw ga3, ce qui signifie la fin du mécanisme qui permet à l'EM de désigner les civils pour diriger l'administration gouvernementale et les institutions.
La question qui se pose est de savoir pourquoi l'EM refuse cette revendication légitime de la société.
Je pense que la réponse est à rechercher dans la culture politique des généraux de la vieille génération. Beaucoup d'entre eux ne savent pas qu'ils sont des hauts fonctionnaires d'une institution de l'Etat qui est l'émanation politique de la société. Ils croient que le peuple appartient à l'Etat alors que c'est l'inverse. Ils ne savent pas que l'armée est juste une institution comme les douanes, l'école, la mairie… Son personnel remplit des fonctions dans le cadre de la division sociale du travail où l'un produit des pommes de terre et l'autre défend les frontières. Entre le producteur de pommes de terre et le général, il n'y a pas différence politique. Il n'y a aucune raison pour que le général désigne le député et le maire qui représentent le producteur de pommes de terre. En demeurant dans cet état d'esprit et dans cette culture politique, le général reproduit la mentalité du colon de l'Algérie française qui choisissait des beni-oui-oui pour représenter « les indigènes ».
Le hirak veut faire sortir les Algériens de l'indigénat politique, et veut aussi désacraliser le grade de général. L'expression Rab Dzair est un manque de respect au Coran et aux martyrs. Le général doit redevenir ce qu'il est dans la hiérarchie de l'autorité de l'Etat et dans la division sociale du travail : il est un soldat chargé de défendre les frontières et l'ordre public en cas de menaces extérieures ou intérieures. De mon point de vue, il y a des officiers supérieurs imprégnés de cette culture moderne.
Il suffit de les laisser émerger dans le respect des textes règlementaires qui régissent le passage aux grades supérieurs. L'EM doit saisir cette occasion historique pour se renouveler et passer la main à de jeunes officiers supérieurs. Il lui appartient de mettre à la retraite tous les officiers âgés de plus de 65 ans. Un général âgé de 50 ans est mieux à même de comprendre les mutations que la société a connues depuis l'indépendance et de comprendre le sens de la notion de souveraineté. Un nouveau regard sur l'armée apparaîtra, surtout que le général de 50 ans n'a rien à voir avec le lourd héritage des années 1990 où la hiérarchie militaire n'a pas été perspicace pour éviter au pays une tragédie qui continue de torturer la mémoire nationale.
نعم للحوار …و لكن لأية غاية؟
دعا الفريق قايد صالح ، بصفته متحدثا باسم قيادة الأركان، إلى ضرورة فتح حوار يمكّن من الخروج من « الأزمة » المتواصلة منذ 22 فيفري. وتعدّ هذه الدعوة بالنسبة لقيادة الأركان، بمثابة تنازل كبير، لأنها وإلى غاية يوم 21 فيفري كانت تعتبر نفسها ( قيادة الأركان) الممثل الشرعي الوحيد للشعب، لم تكن تعترف بوجود كيان سياسي آخر سواها هي؛ فهي الشعب، والشعب لا يتحاور مع نفسه. هناك ممثل وحيد للشعب وقيادة الأركان هي من تمثله وهي من يُعيّن المسؤولين المدنيين عن طريق انتخابات مزورة لتسيير شؤون الإدارة الحكومية. ووفق نموذج التفكير هذا، لا معنى لفكرة الحوار.
غير أنه وخلال الأسابيع الأخيرة صار لهذه الفكرة معنى، إذ اعترفت قيادة الأركان ضمنيا – وعلى استحياء – بوجود طرف آخر غيرها في الحقل السياسي. إذا، قيادة الأركان تريد الحوار، وقايد صالح لم يعد يهدد المعارضين لخطاباته؛ بل يكتفي بالقول أنهم سيتحملون -يوما ما- تبعات أفعالهم أمام الله، و أمام الشعب والتاريخ.
لكن الله لا يمارس السياسة، ولا يساند طرفا ضد آخر في صراعات كلا طرفيها من المؤمنين. إذا كان الله يمارس السياسة، ما كان عليّ ليخسر حربه ضد معاوية في معركة صفين، ولكان كمال الدين فخار اليوم حيا. الله لا يمارس السياسة، لكنه وهبنا عقلا وضميرا لحلّ خلافاتنا استنادا على قواعد عادلة.
أما بخصوص الشعب، فهو يتظاهر كل يوم جمعة، للمطالبة بتغيير النظام وليس بتغيير داخل النظام.
كذلك، فلقد صرح التاريخ بحُكمه على نظام الحكم الذي ولد مع الاستقلال ولم ينجح في تحقيق آمال الشعب الجزائري في بناء دولة القانون.
بعيدا عن الأثر الخطابي والحيلة، يكشف خطاب قايد صالح عن نوايا قيادة الأركان، ويتيح فهم ما تريده وما لا تريده. فهي تعترف بشرعية مطالب الحراك وتؤكد على رغبتها في مرافقته إلى حين تحقيقها. كما تعترف بأن المستخدمين المدنيين الذي تم تعيينهم في الماضي، لم يكونو في مستوى المهمة التي كلفوا بها، وعليه أمرت قيادة الأركان بصفتها هي الجهة السيّدة، بفتح تحقيقات قضائية ضد وزراء أولين ووزراء سابقين، ووضعت « العصابة » ، التي استولت على سلطة الدولة ووضعتها في خدمة مصالحها الخاصة، في السجن.
تبعا لهذا، تعتقد قيادة الأركان أن المطالب الشرعية للحراك قد تمّ فعلا تحقيقها، وأن الوقت قد حان « للتحاور »، قصد تعيين مستخدمين مدنيين جدد، توكل إليهم مهمة تسيير شؤون الإدارة الحكومية. قايد صالح يقول للمتظاهرين: « جبتلكم الجاه، نوكّل عليكم ربي والنبي »، أعطونا فرصة ثانية وستكون الأمور على أحسن ما يرام ويستقيم الوضع من جديد. في حين يرفض الشعب إعطاء قيادة الأركان هذه الفرصة الثانية، لأنها ستؤدي إلى استمرار نظام الحكم بوجوه جديدة، ويعبر عن جوابه بشعار « يتنحاو قاع »، الأمر الذي يعني إنتهاء الآليات التي تتيح لقيادة الأركان تعيين المدنيين لتسيير الإدارة الحكومية والمؤسسات.
السؤال الذي يُطرح هو لماذا تصرّ قيادة الأركان على رفض هذا المطلب الشرعي للمجتمع؟
أعتقد أن الجواب يوجد في الثقافة السياسية لجنرالات الجيل الأكبر سنا. يجهل الكثير منهم أنهم موظفون سامون لمؤسسة تابعة للدولة، التي هي في الواقع التعبير السياسي للمجتمع. هم يعتقدون أن الشعب تابع للدولة في حين أن العكس هو الصحيح. وهم لا يدركون أن الجيش هو مجرد مؤسسة مثل باقي المؤسسات: الجمارك، المدرسة، البلدية …الخ، وأن موظفيه يؤدون مهامهم في إطار التقسيم الاجتماعي للعمل حيث يقوم البعض بإنتاج البطاطا والبعض الآخر بتأمين الحدود.
لا يوجد بين من يُنتج البطاطا والجنرال أي فرق سياسي. لا وجود لأي سبب يعطي للجنرال الحق في تعيين النائب أو رئيس البلدية الذي يمثل مُنتج البطاطا. تمسك الجنرال بهذه الذهنية وبهذه الثقافة السياسية يدفعه لإعادة إنتاج عقلية كولون »الجزائر الفرنسية » ، الذي كان يختار من بين « بني وي-وي Beni oui oui » من يمثل « الأهالي ».
إن الحراك يهدف إلى إخراج الجزائريين من وضعية الأنديجان السياسية، ونزع القداسة عن رتبة الجنرال. فتعبير « رب دزاير » يعكس في الحقيقة قلة احترام للقرآن وللشهداء. يتوجب على الجنرال أن يعود إلى ما هو أصلا، ضمن تراتبية سلطة الدولة وفي إطار التقسيم الاجتماعي للعمل: مجرد جندي مهمته حماية الحدود والنظام العام في حالة حدوث تهديد خارجي أو داخلي.
من وجهة نظري، هناك ضباط سامون متشبعون بهذه الثقافة الحديثة. يكفي فقط، السماح لهم بالبروز من خلال احترام النصوص القانونية التي تنظم عملية الترقية إلى الرتب العليا. على قيادة الأركان أن تنتهز هذه الفرصة التاريخية، لتجدد نفسها وتمرّر المشعل إلى ضباط سامون شباب. وفي هذا الإطار، فهي ملزمة بإحالة كل الضباط الذين تجاوزت أعمارهم ال 65 سنة على التقاعد.
جنرال في ال 50 من عمره هو مهيأ أكثر، لفهم التحولات التي عرفها المجتمع الجزائري منذ الاستقلال، ولفهم معنى فكرة السيادة. سيسمح هذا أيضا بظهور نظرة جديدة نحو الجيش، خاصة وأن الجنرال البالغ من العمر 50 سنة لا علاقة له بالموروث الثقيل لسنوات التسعينيات التي لم تكن فيها القيادة العسكرية العليا متبصرة، وورطت البلد في مأساة ستستمر في تعذيب الذاكرة الوطنية.


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