MM. Abderrachid Boukerzaza et Hamraoui Habib Chawki l'ont fait savoir hier Evoquant la nécessité de diversifier le contenu de la télévision algérienne, M. Hamraoui Habib Chawki s'est déclaré «pour l'ouverture du champ médiatique audiovisuel algérien». Dans ce cadre, a-t-il fait savoir à lors d'une table ronde consacrée à la Télévision numérique terrestre, «le gouvernement se prépare dans le calme car il n'a pas besoin d'étaler en vitrine ce qu'il prépare en laboratoire». Selon lui, s'il devait y avoir de nouvelles chaînes, il «faudrait qu'elles soient innovantes et créatives et non pas des ENTV bis». Une déclaration importante même si elle reste peu détaillée puisque, et selon le directeur général de l'ENTV, le gouvernement tient à opérer ses «expériences» dans la quiétude, loin des projecteurs. Le gouvernement se prépare dans le calme, pour reprendre les propos du directeur général de l'ENTV, ce qui pourrait signifier que des textes de loi encadrant la création éventuelle de nouvelles chaînes de télévision, privées, celles-là, ainsi que la préparation d'un cahier de charges seraient prévus. Selon le ministre de la Communication, Abderrachid Boukerzaza, le dispositif législatif doit être complété dans «la perspective de l'ouverture de l'espace audiovisuel» et des nouvelles exigences qui se poseront en matière de régulation. Le ministre a pris en exemple le cas de certains pays qui ont ouvert le champ de la TNT au secteur privé, nécessitant la mise en place d'un dispositif législatif complémentaire. Même si le gouvernement prendrait le temps qu'il estime nécessaire pour une telle ouverture, il ne serait pas farfelu d'écrire qu'une étape serait sur le point d'être franchie dans ce domaine puisqu'on évoque, aujourd'hui, des préparatifs dans ce sens. Ce qui éloigne du niet catégorique affiché, dans un passé récent, par quelques hauts responsables. Les pouvoirs publics avaient, à maintes reprises, évoqué des considérations liées à la «sécurité nationale et à la moralité», quand telle ouverture était évoquée. La hantise de voir un «FIS-bis» disposer d'une chaîne de télévision préoccupe les pouvoirs publics. L'appel de l'ex-Khalifa TV, au lendemain des élections présidentielles de 2004, invitant la population à «descendre dans la rue» pour dénoncer ce que cette chaîne de télévision privée, aujourd'hui disparue, qualifiait de «fraude électorale» pourrait avoir influé sur les craintes des pouvoirs publics de voir se répéter de tels comportements. D'où le besoin ressenti par le gouvernement de prendre le maximum de précautions par le biais de textes de loi lui assurant d'éviter de telles dérives, selon des observateurs. En janvier 2007, Hachemi Djiar, ancien ministre de la Communication, avait déclaré que «l'Algérie n'est pas encore disposée à ouvrir son champ audiovisuel». Il avait reconnu, d'autre part, que l'Algérie a «accumulé un retard dans ce domaine, compte tenu des crises qu'elle a traversées» et d'ajouter que «pour le moment, la priorité est de former et de mettre à niveau nos compétences afin de préparer notre pays à faire face à une concurrence de plus en plus rude». L'Algérie, il faut le souligner, a, par ailleurs, adopté des années durant, une position défensive plutôt qu'offensive face à des attaqués répétées de la part de chaînes de télévision étrangères versant dans la manipulation politicienne. L'ouverture du champ audiovisuel en Algérie ne pourrait que renforcer les moyens de défense en matière de communication de ce pays face à cette agressivité. Cela n'empêcherait pas que des balises soient définies pour parer à d'éventuelles dérives. S. B. et M. A.