par Notre Bureau De Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med Contrairement à ce qui est dit et écrit, les Etat occidentaux ne sont pas en train de nationaliser des banques; mais c'est le système financier international qui est en train d'avaler les dernières résistances du secteur public. Le capitalisme fait sa mue du siècle. Avec les premiers effets de la crise financière internationale sur l'économie réelle des pays occidentaux, les adeptes du capitalisme ultra libéral répètent à qui voudrait les entendre, qu'il ne s'agit que d'une crise passagère qui sera vite dépassée, grâce à des correctifs de régulation comptable qui rétabliront les équilibres dans les marchés financiers. Autrement dit, le système est bon, il faut juste le réadapter aux exigences de la globalisation de l'économie mondiale. Dans ce sens, l'intervention des Etats pour garantir les actifs n'est que ponctuelle. A contrario, les nouveaux « théoriciens » du socialisme voient dans l'intervention financière des Etats, une nouvelle forme de nationalisation du système bancaire. Et pour ajouter à la confusion, voilà que le président en exercice de l'Union européenne (UE), l'ultra libéral Nicolas Sarkozy, qui appelle à une plus grande intervention des Etats pour une plus grande transparence et un meilleur contrôle du système financier mondial. Il n'est pas le seul, puisque, jusqu'au charismatique prophète du libre marché, l'américain Alan Greespan, qui fût durant 18 années le patron incontesté de la Réserve fédérale (la Banque centrale américaine) qui avoue s'être trompé sur les vertus du capitalisme. « Je me suis trompé… j'ai trouvé une faille dans l'idéologie capitaliste », a-t-il affirmé samedi, à l'occasion d'une interview à un journal économique américain. Vous aurez remarqué par ailleurs, que le président de l'UE, comme celui des USA, parlent de revoir le fonctionnement du marché financier international, chacun à sa manière, sans remettre en cause les fondements du capitalisme : la liberté, la totale liberté d'entreprendre. Quel scénario se joue-t-il derrière toutes ces déclarations, ces rencontres internationales qui se multiplient, ses appels à la solidarité internationale lancés par les plus… riches entre eux ? Sauver l'économie mondiale du désastre qui la guette dit tout le monde. Oui, mais quel type d'économie sauver ? La même, mais en plus sophistiqué bien sûr. Des indices ? Depuis le début de cette crise internationale, aucun institut, groupe de spécialistes ou autre institution telle le FMI par exemple, n'a donné le moindre indice sur le niveau des pertes réelles ou supposées que cette crise a engendrées. Quelques esprits indépendants et initiés ont chiffré dernièrement ces pertes à près de 500.000 milliards de dollars. Chiffre jamais confirmé, ni infirmé par aucun organisme officiel. Peu importe, la question qui se pose est de savoir qui a récupéré ces pertes gigantesques ? Lorsque les banques censées être les détentrices du capital et que ce sont elles qui crient à la faillite, il y a de quoi perdre la boussole. L'approche de cette crise se complique encore plus avec les réactions des Etats occidentaux. Ils injectent des liquidités, de l'argent à tour de bras au profit des circuits bancaires. Pour des besoins très, très largement inférieurs pour revaloriser le travail par exemple, ces mêmes Etats proclamaient leur incapacité, affirmaient que les temps étaient difficiles et les caisses vides. Mais alors, dans quel trésor caché ont-il, immédiatement, puisé pour répondre à l'appel des banques ? Partout en Occident, les pouvoirs politiques parlent de souscriptions, de prêts publics, de participations et même de… nationalisations. Quelles chimères ! Comment peut-on parler de nationalisations lorsque l'Etat ne dispose pas de la majorité du capital ? C'est-à-dire plus de 50 % pour avoir la majorité de décision dans les Conseils d'administrations ? Dans les faits, l'argent promis par les Etats s'apparente plus à des opérations de portage, comme pour n'importe quel autre actionnaire minoritaire. Avec cette particularité qu'il faut bien que l'Etat se fasse rembourser l'argent qu'il aura avancé. Là, est le noeud gordien du système financier capitaliste que les Etats ne peuvent et ne veulent remettre en cause. Pour la simple raison, que l'Etat compte sur les taux d'intérêts sur le capital que les banques vont avancer à l'économie réelle (les entreprises, les ménages…) pour se faire rembourser. Les banques à leur tour, visant toujours plus de bénéfices, relanceront le jeu sur la table des places boursières. Et la boucle et bouclée, puisqu'on retourne aux mêmes règles du jeu. Au final, ce ne sont pas les Etats qui sont en train de « nationaliser » les banques, mais c'est le système bancaire capitaliste qui est en train de « privatiser » des pans entiers de la souveraineté de décision des gouvernements et Etats occidentaux. Le système financier capitalistique mondial est en train d'user jusqu'aux dernières résistances de la puissance publique. La preuve, malgré les garanties financières des Américains, Européens, Japonais et jusqu'aux Chinois (80 milliards de dollars), samedi, à la suite de la rencontre UE-ASEM, les bourses ne réagissent pas et les usines annoncent leurs premiers licenciement. Il faut plus d'argent pour le capitalisme, c'est sa logique. Pour combien de temps encore ?