Nous allons célébrer dans quelques jours le 53eme anniversaire du Congrès de la Soummam au cours duquel Larbi Ben M'hidi et Abbane Ramdane ainsi que d'autres dirigeants ont structuré politiquement et militairement la révolution. De grandes résolutions pour tracer loin de toutes les influences étrangères, le destin de la jeune future nation algérienne, ont été adoptées. De même des instances politiques pour gérer, internationaliser et donner un large écho « au combat légitime du peuple algérien », ont été mises sur pied lors de ce Congrès, historique à bien des égards. Mais au delà des généralités, comment peut-on évaluer aujourd'hui le Congrès de la Soummam, à la lumière des événements tragiques et douloureux que vit le pays et qui risquent à tout instant de mettre en faillite l'Etat algérien ? Par quels étranges détours est passé le pays pour que une poignée de mercenaires prenne en otage, au nom de la légitimité révolutionnaire, la souveraineté du peuple depuis près d'un demi siècle ? Si pour certains le Congrès de la Soummam a été un événement majeur au succès retentissant, prélude à l'indépendance du pays, en revanche pour d'autres qui ne sont pas tous forcement des adversaires politiques de Ben M'hidi et d'Abbane, la réunion du 20 août 1956 à Ifri, à été un véritable coup d'état scientifique qui a mis en minorité les militants armés du CRUA. A ce jour encore, les rares survivants de cette époque et non moins compagnons de Ben M'hidi et d'Abbane, s'interrogent sur les raisons qui ont motivé le choix de ces deux « architectes » , d'intégrer et d'associer pleinement les Oulémas, l'UDMA et les membres du CC à la décision politique de la révolution et d'exclure de tout processus de réconciliation,sans la moindre raison apparente, le MNA de Messali Hadj et le parti communiste algérien. Etait-ce une décision collégiale ou bien une décision inspirée d'ailleurs par l'une des forces sociales en présence comme condition préalable à son ralliement à la révolution ? Pour l'histoire et les hommes, Messali Hadj est le précurseur des idées indépendantistes, alors que les membres du CC ont combattu férocement l'idée du 1er novembre en réussissant à débaucher quelques membres du CRUA.. L'envoi du Docteur Med Lamine Debaghine dés l'été 1955 pour coiffer les quatre du Caire, considérés par tout le monde comme étant les principaux architectes du 1er novembre, n'a pas manqué de soulever des interrogations. Les quatre du Caire qui ont préparé, organisé et déclenché la guerre de libération, auraient-ils fait preuve d'incompétence pour qu'ils soient subordonnés au Docteur Debaghine lui-même subordonné d'Alger ? La primauté du politique sur le militaire à sans doute été la goûte qui a fait déborder le vase et tarauder bien des esprits. En vertu de quoi a-t-on décidé que Zighout, Mellah, Ouamrane, Bouguera, Laghrour, Chihani,Ben Boulaid,Krim, Ben M'hidi et Didouche etaient des militaires et seulement des militaires et que Fernane El Hanafi, Ahmed Francis, Abbane, Lahouel, Dahleb, BenKhedda, Ferhat Abbas étaient des politiques ? Nul doute que cette résolution prise sans préjugés et sans arrière pensée par les membres du CCE au moment ou tous les militants armés du CRUA n'étaient animés que par l'idée généreuse de se sacrifier pour la liberté du peuple algérien, a fini par faire ressurgir les soupçons les plus insoupçonnés dans les rangs de la révolution. D'autant plus vrai que certains qui ne pensaient qu'à la conquête du pouvoir, ont tout fait pour exacerber les tensions et les rivalités parmi les dirigeants de la révolution.